Thibaut Voisin / Institut Curie
Recherche clinique : cap sur la RCP moléculaire et les essais précoces
Immunothérapie, thérapies ciblées, nouvelles techniques… L’espoir pour les patients atteints de cancers digestifs est bien là. Le point sur les traitements les plus innovants et les avancées de la recherche clinique.
L’"expertise Curie"
- L’Institut Curie pratique la chimio-hyperthermie intra-péritonéale (CHIP), une technique de pointe qui vise à traiter la carcinose péritonéale. En effet, les cancers digestifs peuvent provoquer la formation de nodules tumoraux dans la cavité abdominale. Après la chirurgie pour ôter les tumeurs visibles, le chirurgien « baigne » la cavité abdominale avec de la chimiothérapie à très forte concentration, chauffée à 43°C pour augmenter son effet. Ce "bain" permet d’atteindre des cellules tumorales plus difficilement accessibles par la suite. L’intervention pouvant durer plusieurs heures, la CHIP nécessite un équipement particulier ainsi qu’une formation pointue du personnel médical. L’Institut Curies est un des 4 seuls centres en Île-de-France à proposer ce type de traitement.
- La RCP moléculaire. Cette réunion de concertation pluridisciplinaire a été initiée à l’Institut Curie fin 2014. Elle offre une alternative aux patients dont les tumeurs ont métastasé, qui ne répondent plus aux traitements classiques ou qui souffrent d’une forme de cancer rare. Après examen du profil moléculaire de leur tumeur, les médecins peuvent ainsi proposer au patient une thérapie ciblé adaptée à sa tumeur, même si cette thérapie n’est pas habituellement proposée pour cette localisation.
L’espoir
- Les essais précoces. L’un des objectifs de l’Institut Curie est de développer les essais précoces, qui visent à tester de nouvelles thérapies, notamment sur le plan de leur innocuité. « Nous voulons y inclure davantage de patients atteints de cancers digestifs », explique le Dr Wulfran Cacheux.
- Plusieurs pistes de traitements d’immunothérapie sont à l’étude pour traiter certains cancers digestifs, au premier rang desquels les cancers de l’estomac, du canal anal et colorectal. Ces traitements sont des anti-PD1, anti-PDL1 ou CTLA-4, qui ont déjà changé complètement la donne pour certains patients atteints d’autres types de cancers. « L’immunothérapie est aussi très prometteuse pour les cancers digestifs, surtout lorsque les tumeurs sont des profils génétiques très instables », détaille le Dr Cacheux.
- De nouveaux traitements sont déjà commercialisés, même s’ils ne sont pas encore remboursés en France. L’Abraxane® (Nab-placitaxel) donne des résultats très intéressants dans le cancer du pancréas métastatique, tout comme le Cyramza® (ramucirumab), molécule anti-angiogénique pour les patients souffrant d’un cancer de l’estomac avancé ou métastatique.