Catherine Daniel

Interview avec le Dr Catherine Daniel

06/05/2020
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Le Dr Catherine Daniel est pneumo-oncologue à l’Institut Curie. Elle fait le point sur les progrès des traitements du cancer du poumon.

Y a-t-il eu des progrès récents ?

Le traitement des cancers bronchiques non à petites cellules métastatiques s’est considérablement modifié durant ces dernières années avec une évolution vers la personnalisation croissante des traitements.

La première étape de cette personnalisation du traitement a été fondée sur l’histologie avec la subdivision entre carcinomes épidermoïdes et carcinome non-épidermoïdes.

Les progrès les plus spectaculaires sont venus de l’identification d’altérations de l’ADN qui permettent de proposer des traitements inhibant de manière spécifique ces anomalies moléculaires. Cependant, cette approche thérapeutique ne concerne en pratique aujourd’hui qu’une minorité de patients souvent peu exposés au tabagisme.

Une fois le diagnostic histologique établi et en cas de CBPNC non épidermoïde, le profil moléculaire de la tumeur sera réalisé sur l’une des plateformes de biologie moléculaire labellisée par l’INCa. L’Institut Curie dispose d’une telle plateforme.  Pour tout cancer bronchique non à petites cellules non épidermoïde localement avancé ou métastatique, du matériel tumoral est envoyé par le pathologiste à la plateforme de génétique moléculaire pour la recherche de mutation au niveau des gènes EGFR, KRAS, BRAF, HER2, MET … et la recherche d’un réarrangement au niveau des gènes ALK, ROS1, RET et NTRK. Si une anomalie moléculaire ciblable est identifiée, le patient se verra proposer un traitement ciblant cette anomalie moléculaire. L’Institut Curie participe à des essais cliniques visant à rechercher d’autres anomalies moléculaires et testant des nouveaux traitements ciblant ces anomalies moléculaires.

La seconde avancée thérapeutique spectaculaire provient de l’immunothérapie, mais cette fois-ci dans le traitement des cancers bronchiques non à petites cellules métastatiques, sans anomalie moléculaire ciblable par une thérapie ciblée, et qui la concerne la grande majorité de nos patients (85% d’entre eux). Le traitement de ces cancers a longtemps reposé principalement sur une chimiothérapie. A l’inverse de la chimiothérapie conventionnelle et des thérapies ciblées qui cherchent à détruire, de façon directe, les cellules tumorales, l’immunothérapie agit tout autrement en aidant le système immunitaire à reconnaître les cellules cancéreuses et à s’en débarrasser. L’immunothérapie seule ou en association à la chimiothérapie par rapport à la chimiothérapie seule a permis chez ces patients, ne présentant pas de contre-indication à l’immunothérapie, de doubler les chiffres de survie globale. L’Institut Curie participe à de nombreux essais cliniques testant de l’immunothérapie seule ou en combinaison avec la chimiothérapie.