- Les voies aérodigestives supérieures
- Les facteurs de risque
- Les symptômes
- La première consultation d’ORL
- LA REUNION DE CONCERTATION PLURIDISCIPLINAIRE
- La chirurgie des cancers de la tête et du cou
- La radiothérapie dans les cancers ORL
- Les traitements
- La recherche
- Portrait : Dr Olivier Choussy
- Interview du Pr Christophe Le Tourneau

Trois questions à… Christophe Le Tourneau, responsable des essais précoces à l’Institut Curie
Que sait-on des liens entre les infections à papillomavirus humains et cancers ORL ?
Les papillomavirus sont des virus transmis lors des rapports sexuels ou oro-génitaux. Ces virus sont largement présents dans la population et causent des infections qui passent la plupart du temps inaperçues. Deux tiers des personnes infectées éliminent le virus en quelques mois, mais chez certains patients, il reste et cause des modifications des cellules infectées qui font le lit du développement de cancers qui peuvent apparaître 10 à 15 ans après l’infection. Ces infections sont impliquées dans presque 100 % des cancers du col de l’utérus et elles le sont dans des proportions variables des cancers ORL selon les pays. En France, elles seraient en cause dans 50% à 55% des cancers de l’oropharynx.
Les cancers liés aux HPV sont-ils différents des autres cancers ORL ?
Il s’agit de carcinomes épidermoïdes, comme la majorité des cancers ORL, mais ils touchent essentiellement l’oropharynx, en particulier les amygdales et la base de la langue. Et sur le plan biologique, ils sont très différents, les anomalies génétiques en cause ne sont pas les mêmes.
Contrairement aux autres cancers ORL, ils touchent les hommes et les femmes à proportion égale. Et ces cancers surviennent plus tôt, dès 40-45 ans, alors que la moyenne d’âge de survenue des cancers ORL est autour de 60 ans. Enfin, ils sont de meilleur pronostic.
Ces cancers sont-ils pris en charge différemment ?
Pour l’instant, ils sont traités de la même façon. Mais dans de nombreux essais cliniques en cours, on les distingue pour voir s’ils pourraient bénéficier de traitements moins lourds (du fait de leur meilleur pronostic). Par ailleurs, des vaccins thérapeutiques sont à l’étude. Un essai clinique devrait démarrer à l’Institut Curie d’ici la fin de l’année, combinant un de ces vaccins à une immunothérapie pour tout type de cancer lié à l’HPV: du col utérin comme de l’oropharynx. À noter que ces vaccins sont différents des vaccins préventifs, mais ce lien entre HPV et cancer ORL est un argument de plus en faveur de cette vaccination contre le papillomavirus, déjà recommandée pour les jeunes filles. En revanche, on n’a pas assez de recul et d’éléments pour savoir si cette vaccination et éventuellement celle des garçons permettrait de faire baisser significativement le risque de ces cancers, même s’il y a fort à penser que oui.
En attendant, en cas de diagnostic de cancer de l’oropharynx, on recherche systématiquement s’il y a un lien avec une infection HPV, soit en recherchant l’ADN du virus dans les cellules tumorales, soit une protéine, P16, selon les techniques dont disposent les laboratoires, mais il n’existe pas encore de consensus sur ce point.