La radiologie interventionnelle à l’Institut Curie

La radiologie interventionnelle à l’Institut Curie
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Qu’est-ce que la radiologie interventionnelle 

Alors qu’elle est utilisée depuis de nombreuses d’années, la radiologie interventionnelle reste encore assez méconnue des patients. Il s’agit d’une surspécialité radiologique incluant l’ensemble des procédures guidées par les techniques d'imagerie médicale et ayant pour but de diagnostiquer ou de traiter des affections très variées. 

Concrètement, elle concerne de multiples actes réalisés à l’aide de dispositifs médicaux introduits dans le corps du patient, soit à travers la peau, soit en passant par les vaisseaux sanguins (artères ou veines), le placement du matériel étant précisément contrôlé grâce à une ou plusieurs techniques d’imagerie. 

Les techniques de guidage employées par les radiologues interventionnels sont variables : il peut s’agir des techniques employant les rayons X (radioscopie, scanner), mais aussi l’échographie voire l’IRM. 

En cancérologie, cette discipline en constante évolution est utilisée dans deux situations : soit à visée diagnostique (prélever des tumeurs), soit à visée thérapeutique (traiter les patients).

La radiologie interventionnelle diagnostique 

En cancérologie, la radiologie interventionnelle diagnostique a pour but de prélever les tumeurs. Ces techniques de prélèvement percutané à l’aiguille, guidés par imagerie, permettent d’éviter un geste chirurgical qui serait plus invasif. Ces prélèvements de tissus cancéreux permettent d’effectuer une analyse histologique et biologique, afin de caractériser précisément la tumeur et dans certains cas d’identifier des anomalies moléculaires pouvant constituer des cibles thérapeutiques. 

Il est ainsi possible d’effectuer des biopsies des tissus mous superficiels, comme dans le sein, ou les muscles, mais aussi dans des organes profonds comme le foie, le poumon, et même dans l’os, avec des matériels adaptés. La technique de guidage est différente selon l’organe à biopsier et selon la visibilité de la lésion avec les différentes techniques. Ainsi, pour un prélèvement dans le sein, l’aiguille sera guidée soit par une échographie, soit par une mammographie, soit par une IRM ; pour le poumon, le guidage nécessite le plus souvent le recours au scanner ; pour les organes abdominaux, l’échographie ou le scanner sont utilisables selon la zone à prélever. La démarche est ainsi adaptée à chaque région anatomique. 

Chaque année, les radiologues de l’Institut Curie effectuent environ 5 000 biopsies, dont plus de 3 000 pour les tumeurs du sein. Cette activité nécessite également une grande expertise des pathologistes et biologistes qui analysent les prélèvements et qui doivent parvenir au diagnostic sur des prélèvements de petite taille.

La radiologie interventionnelle thérapeutique 

Ici, l’objectif est de traiter le patient, en détruisant directement la tumeur à l’aide d’aiguilles placées à travers la peau jusqu’à la lésion. Les techniques les plus utilisées sont les méthodes dites d’ablathermie, la tumeur étant détruite par échauffement (techniques de radiofréquence, micro-ondes), ou par refroidissement (cryothérapie). L’Institut Curie est habilité pour pratiquer ces interventions, sous anesthésie locale ou générale selon les cas. 

La radiologie interventionnelle peut aussi être employée pour traiter les complications liées aux cancers ou aux métastases. Par exemple, les métastases osseuses des cancers peuvent bénéficier de traitements pour consolider l’os, tels que l’injection de ciment (cimentoplasite, vertébroplastie) ou la mise en place de vis par voie percutanée (ostéosynthèse), sans nécessité de chirurgie orthopédique lourde, ou en complément de celle-ci. Ces techniques sont employées soit de façon curative - et atténuent alors grandement les douleurs et améliorent l’autonomie des patients - soit de façon préventive lorsque l’imagerie détecte une lésion « à risque » sur la colonne vertébrale ou un os « porteur » (os du bassin ou de la jambe).

Les différents actes de radiologie interventionnelle à l’Institut Curie 

Les pratiques de radiologie interventionnelle varient en fonction du type de cancer et d’organe concernés. 

Certains gestes sont assez superficiels et très peu invasifs et sont donc réalisés en externe ; les patients repartent après leur ponction, sans hospitalisation. Il s’agit par exemple des prélèvements dans la thyroïde réalisés à l’aide d’aiguilles très fines ou des biopsies dans des tissus mous superficiels (pour le diagnostic d’un sarcome). 

D’autres actes, plus à risque, sont effectués en hôpital de jour, en unité de chirurgie ambulatoire, les patients étant surveillés par les infirmières quelques heures après la procédure. 

Pour des interventions plus lourdes, ou des gestes à plus haut risque comme des biopsies hépatiques ou pulmonaires chez des patients fragiles, une hospitalisation de 24h est souvent requise. C’est également le cas pour les actes de radiologie interventionnelle thérapeutique comme les vertébroplasties. Ces patients sont gardés à l’hôpital pour surveillance durant 24 heures. Cette activité est organisée de façon assez comparable à la chirurgie, les radiologues interventionnels prenant eux-mêmes en charge les patients en consultation en amont, pendant leur hospitalisation, puis en aval des actes pratiqués. 

L’expertise de l’Institut Curie en sénologie interventionnelle 

Deux sites de l’Institut Curie, Paris et Saint-Cloud comportent chacun un plateau spécialisé de sénologie diagnostique et interventionnelle. Chaque site dispose d’un plateau technique permettant la réalisation de biopsies mammaires et de prélèvements ganglionnaires guidées par des équipements de dernière génération : échographie, table de stéréotaxie, tomosynthèse, angiomammographie et IRM. 

La radiologie interventionnelle chez les enfants 

Pour les enfants et adolescents, les actes de radiologie interventionnelle oncologique sont réalisés sur le site de Paris de l’Institut Curie, avec une équipe experte de radiopédiatres, dans un cadre sécurisant et apaisant pour une prise en charge optimale. Ces actes sont effectués sous anesthésie locale ou au bloc opératoire sous anesthésie générale suivant l’âge et la localisation des tumeurs. 

La radiologie interventionnelle sous anesthésie générale 

L’Institut Curie dispose sur son site de Paris d’une salle de radiologie interventionnelle dédiée au sein du bloc opératoire. Cette salle, équipée d’un scanner mobile, d’un amplificateur de brillance et d’un échographe, permet de réaliser des actes sous anesthésie locale, ou sous anesthésie générale lorsqu’ils sont particulièrement douloureux ou longs. Comme en chirurgie, la collaboration des radiologues avec les équipes anesthésie est alors essentielle. C’est une spécificité que l’Institut Curie partage avec quelques autres hôpitaux. 

La possibilité de coupler la radiologie interventionnelle à la chirurgie à l’Institut Curie 

Le bloc opératoire de l’Institut Curie permet de réaliser des actes couplés entre chirurgie et radiologie interventionnelle. Dans la même salle, le chirurgien et le radiologue interventionnel peuvent participer ensemble à la prise en charge d’un patient, par exemple pour traiter des métastases hépatiques, dans le cadre d’une même anesthésie et d’un unique acte opératoire. Le chirurgien se charge de la résection d’une partie du foie et le radiologue de l’élimination des autres métastases par radiofréquence, afin de préserver au maximum l’organe atteint.

Les avantages de la radiologie interventionnelle 

Avant tout, l’intérêt de la radiologie interventionnelle est d’être très peu invasive et d’éviter des actes chirurgicaux plus lourds. Quelques millimètres suffisent en effet pour passer une aiguille à travers la peau et guider l’acte par imagerie jusqu’à la cible. 

La radiologie interventionnelle est particulièrement utile dans le cadre des circuits diagnostiques rapides destinés aux patients dont la maladie n’est pas encore identifiée. Sur le même site en effet, le patient est examiné par un médecin ou un chirurgien, puis passe en imagerie médicale, et le radiologue peut à la fois compléter l’imagerie et décider de réaliser une biopsie, soit immédiatement, soit dans les jours suivants. Les résultats cytologiques, histologiques et biologiques sont ainsi obtenus très rapidement.

La recherche en radiologie interventionnelle 

L’Institut Curie travaille actuellement sur l’utilisation de la cryothérapie pour le traitement de certains cancers du sein, comme une alternative à la chirurgie. Cette technique s’adresse pour l’instant essentiellement aux femmes présentant des petits cancers localisés de faible agressivité et présentant une contre-indication opératoire (ou refusant la chirurgie). Les études récentes montrent une très bonne efficacité de la technique. Elle pourrait à l’avenir être appliquée dans d’autres situations. Elle est également en cours d’évaluation pour d’autres tumeurs comme les tumeurs desmoïdes (tumeurs rares se développant dans les muscles). 

En radiologie interventionnelle diagnostique, l’Institut Curie a également développé une technique de biopsie de l’utérus, permettant aux équipes d’anatomopathologie et de génétique somatique de diagnostiquer certaines tumeurs rares de l’utérus (sarcomes). La technique chirurgicale peut ainsi être optimisée (en cas de sarcome) ou au contraire, lorsque l’analyse est rassurante, la fertilité des femmes peut être préservée.

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