Gudrun Schleiermacher

Paroles d'experte : Dr Gudrun Schleiermacher

17/08/2021
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De nouvelles ambitions contre les cancers pédiatriques : rencontre avec le Dr Gudrun Schleiermacher, pédiatre et directrice adjointe à la recherche translationnelle au centre SIREDO (Soins, Innovation, Recherche, en Oncologie de l'Enfant, L'Adolescent et de l'Adulte Jeune).

Votre équipe est particulièrement impliquée dans la recherche translationnelle. De quoi s’agit-il ?

La recherche translationnelle a pour but de trouver des applications à un programme de recherche fondamentale pour que cela soit directement utile aux patients. Il y a une connexion directe entre la paillasse du chercheur et le lit du patient en quelque sorte ! En pratique, nous travaillons très souvent à partir de collections de prélèvements biologiques, de banques de tissus, de tumeurs ou de cellules qui proviennent des patients. Cela nous permet par exemple d’ identifier des biomarqueurs grâce auxquels on peut caractériser et classer les tumeurs selon leurs pronostics. C’est très utile pour ensuite adapter les traitements.


Pouvez-vous nous donner un exemple précis ?

Nous travaillons depuis longtemps sur les neuroblastomes, des tumeurs pédiatriques du système nerveux qui sont très hétérogènes. Certaines régressent spontanément, d’autres sont associées à un pronostic très sombre. Nous avons montré que les altérations d’un gène appelé ALK peuvent jouer un rôle important dans le développement de ces tumeurs et qu’elles sont associées à un pronostic défavorable. La présence de ces mutations oriente désormais vers des essais cliniques pour évaluer l’intérêt d’une thérapie ciblée de type anti-ALK. D’autre part, je coordonne actuellement l’étude MICCHADO, conduite dans trente centres français. L’objectif est de comprendre pourquoi certaines tumeurs pédiatriques à haut risque échappent aux traitements en dressant leur profil moléculaire au moment du diagnostic, puis au cours du traitement et par la suite lors du suivi des enfants guéris ou en rechute. 


Quelles sont les forces de l’Institut Curie en matière de recherche translationnelle en oncopédiatrie ? 

Depuis près de quarante ans, les directeurs successifs du département pédiatrique de l’Institut Curie ont toujours soutenu la recherche translationnelle, en créant des liens forts entre leur service et les chercheurs de l’Institut. Aujourd’hui, sur les six médecins du service, deux ont même la double compétence soignant et chercheur. C’est extrêmement précieux et cela nous permet de nous poser les bonnes questions car nous sommes tous les jours au contact des patients. Le Dr Olivier Delattre, qui dirige aujourd’hui le centre SIREDO, est lui aussi un fervent défenseur des liens entre recherche et clinique.