Guider le choix thérapeutique grâce aux biomarqueurs

25/01/2018
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Les récentes avancées technologiques permettent désormais de détecter dans le sang des cellules (CTC) et de l’ADN (ctDNA) issus des tumeurs. Leur détection ouvre de nombreuses perspectives, allant de la détermination de la nature du cancer au risque de récidive, en passant par le choix du traitement le plus adapté et le suivi de la réponse à ce traitement.

« Aujourd’hui, l’utilisation la plus aboutie des biomarqueurs circulants s’effectue dans le cadre du traitement du cancer du poumon, indique le Pr Jean-Christophe Sabourin, pathologiste chef du pôle de biologie au CHU de Rouen. Depuis deux ans, en France, dès qu’une biopsie classique est trop difficile à réaliser chez un patient, on effectue la recherche de mutations génétiques spécifiques (EGFR) dans l’ADNtc grâce à une simple prise de sang. » Cela permet de guider le traitement : en cas de présence d’une de ces mutations, le malade peut bénéficier d’une thérapie ciblée.

L’efficacité de cette approche a aussi été démontrée pour les cancers métastatiques du colon (détection des mutations des gènes RAS) et pour les mélanomes (mutations du gène BRAF), toujours en vue d’utiliser ou non une thérapie ciblée. « Mais la recherche d’ADNtc n’est pas utilisée en routine pour ces cancers-là, car on dispose de façon quasi systématique de fragments tissulaires de la tumeur elle-même, sur lesquels le test est réalisé directement, explique le Pr Sabourin. Mais cela peut être intéressant si la réponse est attendue de façon urgente : la recherche d’une mutation sur du tissu tumoral prend en moyenne huit à dix jours contre seulement un à deux pour la même analyse sur l’ADNtc, ou bien si l’on suspecte l’apparition de mutations de résistance aux traitements. »

Infographie Biomarqueurs 2

ADN tumoral circulant vs biopsies : avantage à l’ADN circulant

La recherche des anomalies moléculaires éligibles pour une thérapie ciblée dans le ctDNA obtenu à partir d’un simple prélèvement sanguin pourrait à terme être une alternative aux biopsies. Comme le rappelle le Pr François-Clément Bidard : « Les biomarqueurs nous donnent de précieux renseignements sur certains cancers qui ne sont pas toujours faciles à biopsier. Cela facilite, par exemple, le choix d’une thérapie ciblée. À terme, nous espérons qu‘ils permettront de détecter certains cancers plus rapidement et d’assurer le suivi des patients en cours de traitement. » D’ailleurs dans le cadre de l’essai SHIVA01, un essai clinique innovant, pour la première fois en cancérologie, le choix thérapeutique est entièrement basé sur le profil moléculaire de la tumeur, faisant abstraction de la localisation tumorale, chez 34 patients atteints de cancers différents (soit au total 18 types de cancer) les anomalies moléculaires ont été recherché dans les biopsies, mais aussi dans l’ADN tumoral circulant

Chez 27 patients, 28 des 29 anomalies moléculaires détectées dans les biopsies l’ont été dans l’ADN tumoral circulant. Une anomalie non détectée dans les biopsies a été identifiée dans l’ADN tumoral circulant. Chez les 7 autres patients, la recherche des anomalies n’avait pas pu être effectuée dans les biopsies. En revanche, elle a été possible dans l’ADN tumoral circulant. « Cette étude est la première à montrer la faisabilité de la recherche de plusieurs anomalies moléculaires éligibles pour une thérapie ciblée dans l’ADN tumoral circulant par des techniques utilisées en routine chez des patients métastatiques et atteints de différents types de cancer. » commente Jean-Yves Pierga, chef du département d’oncologie médicale à l’Institut Curie. « En plus d’être moins invasive, peu douloureuse et plus économique, la recherche des anomalies dans l’ADN tumoral circulant est une alternative fiable aux biopsies. »