Essai clinique : des résultats prometteurs pour booster l’effet de la radiothérapie

17/10/2018
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Potentialiser l’action de la radiothérapie grâce à des nanoparticules d’hafnium : tel était le pari de l’essai international de phase III promu par Nanobiotix* et dont le Dr Sylvie Bonvalot était l’investigateur et coordinateur. Défi relevé haut-la-main d’après ce que révèlent les résultats présentés lors du congrès de l’ESMO le 19 octobre.

Dr Sylvie Bonvalot

Potentialiser l’action de la radiothérapie grâce à des nanoparticules d’hafnium : tel était le pari de l’essai international de phase III promu par Nanobiotix* et dont le Dr Sylvie Bonvalot était l’investigateur principal et le coordinateur. Défi relevé haut-la-main d’après ce que révèlent les premiers résultats présentés lors du congrès de l’ESMO à Munich, le 19 octobre.

L’utilisation de nanoparticules d’hafnium en radiothérapie est une nouvelle technologie française développée par Nanobiotix. Elle repose sur l’utilisation de nanoparticules inertes et inorganiques qui ont été spécialement conçues pour être activées par les rayons X utilisés en radiothérapie. Une fois injectées dans la tumeur, les nanoparticules s'accumulent dans les cellules cancéreuses. Grâce à leurs propriétés physiques, elles émettent des quantités très importantes d'énergie lors de l'exposition aux rayons X, amplifiant ainsi de façon considérable la dose d'énergie létale reçue par la tumeur. L'efficacité de la radiothérapie est ainsi démultipliée sans pour autant augmenter la toxicité de la radiothérapie.

L’étude, présentée par le Dr Bonvalot, a été menée sur des patients atteints de sarcome des tissus mous, un type de tumeur rare, souvent diagnostiqué à un stade avancé. Une première étude de phase I/II pilotée par l’Institut Curie avait établi l’innocuité de ce traitement et permis de déterminer la dose recommandée.

Pour  démonter l’efficacité de ces nanoparticules par rapport au traitement habituel standard,  le Dr Bonvalot et son équipe, ainsi que 31 autres  centres répartis dans une dizaine de pays en Europe et en Asie, ont inclus un groupe de 180 patients atteints de sarcome ayant donné leur consentement pour participer à cette étude clinique. La moitié du groupe a reçu, avant la radiothérapie, une injection unique de nanoparticules dans la tumeur, tandis que l’autre moitié a reçu le traitement standard, c’est-à-dire la radiothérapie seule. A la fin des séances de radiothérapie, tous les patients ont été opérés à afin de retirer la tumeur.

 « Il s’agit d’une approche très originale et les résultats montrent que le groupe de patients ayant reçu une injection de nanoparticules avant les séances habituelles de radiothérapie présente un taux de réponses complètes au traitement deux fois supérieur au groupe ayant reçu le traitement standard, c'est-à-dire la radiothérapie seule», se réjouit le Dr Sylvie Bonvalot, chef du service de chirurgie des sarcomes à l’Institut Curie.

Ces résultats offrent des perspectives très intéressantes. « Cette nouvelle technologie, tout en améliorant l’effet de la radiothérapie, n’augmente pas sa toxicité puisque les nanoparticules sont uniquement présentes dans la tumeur. Les tissus sains autour de la tumeur sont préservés de l’effet accru de la radiothérapie », note le Dr Bonvalot. Par ailleurs, la qualité de l’exérèse (le retrait de la tumeur par chirurgie) réalisée après la radiothérapie a été améliorée de manière significative. « A terme, l’injection de ces nanoparticules avant le traitement par radiothérapie pourrait améliorer la survie des patients. Ce traitement sera intéressant en particulier pour les tumeurs pour lesquelles la chirurgie n’est pas possible ou limitée. »

Cette technologie est actuellement à l’étude dans d’autres cancers.  Six autres études  internationales sont actuellement en cours dans les cancers de la tête et du cou, du foie, de la prostate et du rectum. L’essai sur les cancers de la tête et du cou est également piloté par l’institut Curie par le Pr Christophe Le Tourneau.

 

*Le laboratoire pharmaceutique Nanobiotix est le promoteur de cet essai multicentrique, dont l’Institut Curie était l’investigateur principal.