Pour un meilleur usage de la radiothérapie chez les enfants

08/03/2017
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Médecins et chercheurs s’associent pour réduire les effets secondaires de la radiothérapie chez les enfants et développer des approches pour améliorer son efficacité. Tel est l'objectif de ce programme des "PIC 3i" entièrement financés par la générosité publique.

Protontherapie-enfant

Pouvoir offrir aux enfants atteints de cancer l’accès à tous les traitements disponibles, c’est ce qui motive ce nouveau programme où collaborent biologistes, radiothérapeutes et pédiatres. « A ce jour, les médecins ont à leur disposition trois armes pour lutter contre les cancers : la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie », explique Celio Pouponnot, chef d’une équipe de recherche à Orsay (CNRS/Inserm/Institut Curie) et coordinateur de ce programme.  

Chez les enfants atteints de tumeurs cérébrales, la radiothérapie reste un pilier de la prise en charge. "Malheureusement, chez les jeunes enfants dont le cerveau est en cours de développement, elle peut avoir de lourdes conséquences", déplore le pédiatre-oncologue François Doz. En raison de sa toxicité, d’autant plus marquée que l’enfant est jeune au moment du traitement, elle est donc exclue chez les nourrissons et rarement prescrite chez les enfants de moins de 3 ans. En outre, certaines tumeurs cérébrales pédiatriques très agressives rechutent après un traitement par radiothérapie. C’est notamment le cas de l’une des tumeurs cérébrales malignes les plus répandues chez l’enfant, le médulloblastome, dont sont spécialistes les équipes de biologistes de Celio Pouponnot et d’Olivier Ayrault, et des tumeurs rhabdoïdes et tératoïdes atypiques (ATRT) qu’étudie l’équipe de recherche du pédiatre-chercheur Franck Bourdeaut.

"Il est urgent de trouver de nouvelles pistes pour améliorer l’efficacité de la radiothérapie chez les jeunes enfants atteints de ces deux formes de tumeurs cérébrales, déclare Celio Pouponnot. Notre objectif est d’explorer la faisabilité de deux approches actuellement développées par des équipes de l’Institut Curie pour réduire les effets secondaires, voire accroître l’efficacité de la radiothérapie."

Traiter fort et vite semble être un bon moyen de limiter les effets secondaires de la radiothérapie. "Sur des modèles expérimentaux, une irradiation "flash" protège les tissus sains de la survenue d’effets secondaires de manière très sélective alors que l’efficacité anti-tumorale reste la même", explique le radiobiologiste Vincent Favaudon, directeur de recherche émérite Inserm à l’Institut Curie.

L’autre piste concerne les molécules Dbait, découvertes par Marie Dutreix et son équipe à l’Institut Curie. Ces molécules « trompent» les cellules tumorales, ce qui  empêche de réparer les lésions créées par la radiothérapie et augmente ainsi son efficacité. Un essai clinique reposant sur cette approche chez des patients adultes a montré la bonne tolérance et  l’efficacité de l’association  Dbait/radiothérapie.

Autant de pistes que les équipes de recherche de Celio Pouponnot, Olivier Ayrault et Franck Bourdeaut, ont décidé d’évaluer dans les médulloblastomes et les ATRT. "Dans un premier temps, nous allons comparer la toxicité induite par la radiothérapie classique, la radiothérapie administrée en mode "Flash" et la combinaison radiothérapie/Dbait dans des tissus en développement", annonce Olivier Ayrault. Le statut de certains gènes, notamment le fameux gène P53 qui joue vraisemblablement un rôle dans la radiorésistance des tumeurs, sera étudié par les chercheurs. Ce projet médico-scientifique s’inscrit de plain-pied dans la stratégie de l’Institut Curie de développer un axe fort dédié à la biologie des radiations sur le site d’Orsay. Il devrait également bénéficier des développements technologiques, notamment du système de traitement par "Pencil Beam Scanning", actuellement en cours d’installation au Centre de Protonthérapie de l’Institut Curie à Orsay afin de permettre de délivrer des irradiations Flash.

 

 

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