Actualité - Cancers pédiatriques

Cancers de l’enfant : un duo prometteur

12/02/2018
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Plus de 1200 molécules ont été criblées pour tenter d’en isoler au moins une présentant un effet clinique significatif sur les tumeurs rhabdoïdes. L’enjeu est d’identifier de nouvelles stratégies thérapeutiques, et notamment de nouveaux agents de chimiothérapie.

Franck Bourdeaut

Les tumeurs rhabdoïdes sont des tumeurs rares et agressives de l’enfant. Les localisations sont multiples : reins, cerveau, foie, tissus mous. Elles sont caractérisées par une inactivation du gène SMARCB1. Aujourd’hui, les traitements de ces tumeurs sont lourds et les séquelles préoccupantes. Pour identifier de nouveaux traitements, trois axes de recherche sont envisageables :

  • Restaurer la fonction biologique perdue suite à l’inactivation du gène SMARCB1 ;
  • Etudier et optimiser l’effet d’une ou de quelques molécules déjà connues et utilisées dans le domaine, auxquelles on attribue une efficacité a priori ;
  • Découvrir l’efficacité de médicaments connus lors de la mise en place de nouvelles modalités d’administrations ou de nouvelles combinaisons ;

L’équipe de recherche translationnelle en oncologie pédiatrique, dirigée par Franck Bourdeaut et Gudrun Schleiermacher au sein de SIREDO, s’est orientée vers cette troisième piste.

1200 candidats pour une combinaison gagnante

Ces chercheurs sont partis d’une banque de données, la Prestwick Chemical Library, référençant plus de 1200 molécules disponibles en clinique. L’objectif était d’identifier celles qui auraient un effet toxique spécifiquement sur les cellules rhabdoïdes « natives » c’est-à-dire déficientes pour le gène SMARCB1. Les composés d’intérêt devaient, en revanche, épargner les cellules rhabdoïdes ré-exprimant ce gène SMARCB1, et donc par analogie, les cellules normales.

A l’issue de l’étude, le pazopanib s’est révélé ralentir la croissance des tumeurs rhabdoïdes. Son intérêt dans le traitement des tumeurs avait déjà été évoqué lors de récentes études. Toutefois, l’équipe de Franck Bourdeaut a ici identifié une possible optimisation de son effet, en combinaison avec un autre composé, le Clofilium Tosylate (CfT). Ce dernier est un agent anti arythmique, c’est-à-dire utilisé lors des troubles du rythme cardiaque. D’autres études avaient déjà mis en évidence son effet anti tumoral inattendu. Mais en particulier, la combinaison pazopanib – Cft mériterait une évaluation en essai clinique.

Ces travaux, publiés dans la revue Cell Reports, seront mis en avant lors du congrès relatif à la recherche sur les cancers pédiatriques de l’AACR, à Atlanta en décembre prochain.

C’est la première fois que l’équipe consacre un article entier à l’identification d’une molécule candidate parmi un large panel de molécules proposées.

C’est le type d’activités qu’on voudrait développer, avoir un rationnel biologique fort pour amener en clinique de nouvelles molécules

précise Franck Bourdeaut. Et c’est tout l’objectif de SIREDO, pour Soins, Innovation, Recherche, en oncologie de l’Enfant, de l’aDOlescent et de l’adulte jeune. Ce centre, 1er en France entièrement dédié aux cancers des moins de 25 ans, que l’Institut Curie vient de lancer a un seul objectif : guérir plus d’enfants.

 

« High-Throughput Drug Screening identifies Pazopanib and Clofilium tosylate as promising treatments for malignant rhabdoid tumors » Chauvin C, Leruste A, Bourdeaut F & al.
Publié en novembre 2017 dans la revue Cell Reports

 

© Uriel Chantraine / Institut Curie