Actualité - Cancers du poumon

Cancer du poumon : des traitements personnalisés et innovants pour réduire la mortalité

29/10/2020
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L’Institut Curie fait le point sur les enjeux et les avancées dans la lutte contre ce cancer.

Jeune femme et cancer

Le cancer du poumon est le cancer le plus meurtrier en France : il représente 46 363 nouveaux cas en 2018 en France, soit 15% de tous les nouveaux cas de cancers. Après une augmentation jusqu’à la fin des années 1990, l’incidence du cancer du poumon et sa mortalité tendent à diminuer chez l’homme. A contrario, l’incidence et la mortalité du cancer du poumon continuent de croître côté féminin. Ces variations s’expliquent par le décalage entre l’évolution des pratiques (diminution du tabagisme masculin et augmentation du tabagisme féminin) et l’apparition des cancers liés à ces consommations, 20 à 30 ans plus tard.

Le principal facteur de risque est le tabac. 85% des patients atteints de cancer du poumon sont fumeurs ou l’ont été. Pour les 15% de non-fumeurs, les causes sont plus difficiles à identifier et résident probablement dans des expositions professionnelles (amiante) ou sont liées à des prédispositions génétiques non identifiées à ce jour 

souligne le Pr Nicolas Girard, oncologue pneumologue à l’Institut Curie, responsable de l’Institut du Thorax Curie – Montsouris

Nicolas Girard

Des traitements de plus en plus personnalisés

En 2019, l’Institut Curie a pris en charge 647 nouveaux patients pour un cancer du poumon. Les décisions thérapeutiques sont prises au cours de réunions de concertation multidisciplinaire réunissant pneumologue, chirurgien, biologiste, radiothérapeute, radiologue, médecin nucléaire et anatomopathologiste. L’objectif est d’individualiser la prise en charge, à la fois en prenant en compte les recommandations selon les référentiels internationaux, la possibilité de participer à un protocole d’essai thérapeutique, et l’état général de santé et le souhait du patient.

Deux révolutions ont profondément changé la prise en charge ces 5 dernières années et nous permettent de proposer des traitements réellement personnalisés : les thérapies ciblées et l’immunothérapie, se réjouit le Pr Nicolas Girard. Avec l’immunothérapie, en stimulant le système immunitaire du patient, nous obtenons des réponses thérapeutiques prolongées, avec des toxicités plus faibles que celles de la chimiothérapie

  • Le traitement du cancer bronchique à petites cellules. Deux tiers des carcinomes bronchiques à petites cellules sont diagnostiqués au stade métastatique. La chimiothérapie associée à l’immunothérapie est le traitement de référence du cancer à petites cellules métastatique. Lorsqu’il est localisé au thorax, le traitement repose sur la délivrance d’une chimiothérapie et d’une radiothérapie. Il existe très peu d’indications opératoires dans les cancers à petites cellules. Aucune thérapie ciblée n’a d’indication à ce jour dans ce type de cancer mais certains inhibiteurs de voies de signalisation spécifiques sont en cours d’étude, avec des essais ouverts à l’Institut Curie.
  • Le traitement du carcinome bronchique non à petites cellules. La chirurgie est le traitement de référence du cancer bronchique non à petites cellules, et, selon le stade de la tumeur, en association à la chimiothérapie et la radiothérapie. Si la tumeur exprime les marqueurs cibles de l’immunothérapie, comme PD-L1, elle peut être administrée dès le diagnostic ou après un premier traitement par chimiothérapie. Il existe également des thérapies ciblées pour les tumeurs portant certaines anomalies moléculaires (mutations de EGFR, de MET et de BRAF, et les réarrangements de ALK et de ROS1). La caractérisation de ces anomalies est donc indispensable dès le diagnostic. Avec les techniques de séquençage de nouvelle génération (NGS), il est aujourd’hui possible d’identifier d’autres anomalies moléculaires, pouvant être ciblées par des médicaments dans le cadre de protocoles d’essais thérapeutiques ouvert à l’Institut Curie.

L'Institut du thorax Curie-Montsouris : l'excellence de la recherche aux soins

L’Institut Curie et l’Institut mutualiste Montsouris (IMM), deux centres experts, ont unis leurs forces pour proposer une prise en charge globale des patients atteints de cancers pneumologiques. L’équipe transversale réunissant l’ensemble des spécialistes dispose des techniques diagnostiques et thérapeutiques innovantes et propose selon le parcours personnalisé de chaque patient une prise en charge performante et rapide. L’Institut du thorax Curie-Montsouris permet aux unités d’oncologie thoracique et de radiothérapie de l’Institut Curie et aux unités de chirurgie thoracique et de pneumologie de l’IMM et travailler main dans la main au quotidien pour une réaliser une synthèse multidisciplinaire de chaque dossier patient dans l’objectif de proposer la meilleure stratégie thérapeutique personnalisée.

L’Institut Curie à la pointe pour faire progresser la recherche et la prise en charge

Recherche clinique

A l’Institut Curie, tous les patients atteints de cancer du poumon peuvent être éligibles à des protocoles d’essai clinique. Proposés dès le début de la prise en charge ou au cours de l’évolution de la maladie, ils permettent de donner accès aux patients aux traitements les plus innovants. Actuellement, 18 essais cliniques sont en cours pour les tumeurs pulmonaires, auxquels s’ajoutent 10 essais de phases précoce pouvant inclure des patients atteints de cancers du poumon.

Chasse ouverte aux protéines dans les globules blancs

Notre objectif est de mieux comprendre pourquoi les patients répondent ou non aux traitements, afin d’adapter la thérapeutique à proposer. Car nous disposons désormais de multiples possibilités 

explique le Dr Olivier Lantz, chef de l’Equipe lymphocytes CD4, lymphocytes T Innés et cancer, au Centre de recherche et responsable du Laboratoire d’immunologie clinique à l’Ensemble hospitalier de l'Institut Curie

olivier lantz

Le Projet médico scientifique en oncologie thoracique, qu’il co-pilote avec le Pr Nicolas Girard, entend passer au crible les cellules du système immunitaire à l’intérieur des tumeurs, des ganglions et dans le sang. Des études qui s’appuient sur les dernières techniques disponibles pour explorer les tumeurs et les cellules immunitaires et les cellules tumorales. 

Cette recherche est désormais parfaitement intégrée à toutes les étapes de la prise en charge des patients à l’Institut Curie.

Au moment du diagnostic, d’une chirurgie, d’une biopsie de la tumeur ou à l’occasion des prises de sang, ces explorations nous permettent d’accéder à un certain nombre de mécanismes pour mieux les comprendre et augmenter l’efficacité des thérapeutiques notamment des immunothérapies  

poursuit Olivier Lantz.

Infographie cancer du poumon 2019

Le logiciel de télésurveillance médicale Moovcare® prolonge la vie des patients

Pour la première fois en France, un logiciel de télésurveillance médicale intégrant les données de santé des patients est accessible au remboursement et sera mis à disposition des patients avant la fin de l’année. Fruit d’un partenariat entre l'Institut Curie et l'entreprise SIVAN, qui a développé cette application, MoovCare® va permettre de détecter précocement les risques de rechute et de complications chez les patients atteints d’un cancer du poumon, grâce à un questionnaire en ligne. Les études cliniques ont démontré que les utilisateurs de l’application vivent en moyenne 7,6 mois de plus que les patients bénéficiant du suivi classique comprenant des consultations et scanners réguliers. À 24 mois, la moitié des utilisateurs de l’application sont en vie contre un tiers des patients réalisant un scanner tous les 3 mois.L'Institut Curie entend être moteur pour accompagner l’amélioration du suivi médical grâce aux nouveaux outils numériques. Cette innovation représente une aide précieuse pour les praticiens et les patients, notamment en termes de rapprochement entre la ville et l’hôpital, d’amélioration de la sécurité pour la personne malade, et de la capacité à intervenir rapidement pour l’équipe soignante souligne le Dr Alain Livartowski, directeur adjoint des data et responsable des projets e-santé de l’Ensemble hospitalier de l’Institut Curie. En savoir plus

L’Institut Curie partenaire de Santé publique France pour la campagne Mois Sans Tabac 

Après avoir adopté en 2018 la charte de l’Organisation européenne des instituts du cancer (OECI) pour un établissement sans tabac, l’Institut Curie poursuit son engagement pour soutenir celles et ceux qui souhaitent arrêter de fumer en signant un partenariat avec Santé publique France, organisateur du Mois sans tabac. Avec quelque 3600 collaborateurs, l’Institut Curie est concerné à plus d’un titre par le tabagisme, véritable enjeu de santé publique. L’institut est en effet le 1er centre français de lutte contre le cancer en terme de nombre de patients pris en charge et 1er centre français de recherche sur le cancer. A ce titre, l’Institut Curie a naturellement adopté en 2018 la charte anti-tabac de l’Organisation européenne des instituts du cancer (OECI) à l’occasion de sa labellisation en tant que Comprehensive Cancer Center. Plus d'informations sur le Mois sans Tabac à l'Institut Curie

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