Actualité - Cancers féminins

Cancer du col de l'utérus : l'Institut Curie porte à l'ONU la voix de la solidarité internationale

29/09/2022
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Lors du dernier sommet scientifique de l'assemblée générale des Nations unies, l'Institut Curie a tenu une conférence le 29 septembre consacrée aux inégalités d'accès à la prévention et aux soins du cancer du col de l'utérus dans le monde.

L'Institut Curie présent à l'ONU - 2022

De gauche à droite : Pr Hussein Kidanto, Pr Fabrice Lecuru, Dr Maud Kamal, Pr Christophe Le Tourneau, Pr Aljosa Mandic

Le 29 septembre 2022, pour le 8e sommet scientifique de la 77e assemblée générale des Nations unies à New York, l’Institut Curie a rappelé l'urgence à agir face au cancer du col de l'utérus à travers le monde et que des solutions concrètes existent. Cette session a notamment été l’occasion de présenter des exemples de stratégies de prévention mises en œuvre en Afrique de l’Est, en Colombie et en Serbie, et les recherches cliniques et translationnelles internationales menées sur le cancer du col de l’utérus.

La prise en charge des cancers est un triste exemple des inégalités d’accès à la santé dans le monde et le cancer du col de l’utérus en est un des marqueurs les plus criants. Alors que le cancer du col de l’utérus se détecte précocement et peut être bien soigné, il reste l’une des principales causes de décès par cancer chez les femmes dans les pays en développement. Chaque année la situation s’aggrave et face à cette situation, il y a urgence à intensifier les coopérations avec ces pays.

Faire bénéficier l'expertise de l'Institut Curie aux pays où ce cancer est encore très meurtrier

L'Institut Curie, centre de référence dans la prise en charge des cancers des femmes, participe activement à la recherche dans ce domaine notamment en collaboration avec d'autres centres en Europe et en Amérique Latine. Côté clinique, la mise au point de nouveaux traitements contre les cancers du col de l’utérus avancés et les récidives y est très active (vaccins thérapeutiques contre l'HPV, nouvelles immunothérapies, etc.)

Conscient de l’importance du défi, l’Institut Curie intensifie son aide auprès des pays en voie de développement et des pays les moins avancés. A titre d’exemple, pour soutenir la Tanzanie, pays de 60 millions d’habitants, en situation de grande précarité sur le plan de la prévention, du diagnostic et du traitement des cancers, l’Institut Curie co-pilote un projet visant à développer le diagnostic précoce et à doubler le nombre d’appareils de radiothérapie, indispensables dans le traitement du cancer du col de l’utérus.

Investir sur la recherche est aussi un impératif, pour proposer des traitements les plus personnalisés possibles. Parmi plus de 100 types de HPV, deux sont responsables d’environ 70 % de tous les cas de cancer du col de l’utérus dans le monde. Un des enjeux majeurs est de comprendre l’impact de ces sous-types sur les tumeurs utérines.

Les inégalités face au cancer du col de l’utérus sont un des symboles des inégalités d’accès à la santé dans le monde. Nous devons renverser cette tendance, et faire de ce cancer l’exemple de la coopération et de la solidarité médicale et scientifique internationales. L’enjeu est énorme, puisque nous avons la possibilité d’éviter des centaines de milliers de cancers au cours de la prochaine décennie

Explique le Pr Christophe Le Tourneau, oncologue médical, chef du département des essais cliniques précoces à l’Institut Curie et professeur de médecine à l’Université Paris-Saclay, et chairman de la conférence à l’ONU.

►  Le cancer du col de l’utérus touche plus de 600 000 femmes chaque année dans le monde et en tue 342 000 surtout dans les pays en développement

Cancer du col de l’utérus : la priorité 2022 de l’OMS

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a fait de l’égalité d’accès aux soins l’un de ses principes fondateurs. Quelles que soient son origine sociale et son appartenance territoriale, une femme doit avoir un réel espoir d’être prise en charge à temps, ou de se voir proposer un traitement adapté. 

Or la réalité est toute autre : près de 90% des décès surviennent dans des pays en développement, où la prise en charge du cancer du col de l’utérus est la plus lourde, en raison de l’accès limité aux services de santé publique ainsi que du manque de dépistage et de traitement. Il est même la principale cause de décès par cancer chez les femmes dans 40 pays. En 2020, on estime que plus de 600 000 femmes ont eu un diagnostic de cancer du col de l’utérus dans le monde et 342 000 en sont décédées. L’Afrique est particulièrement touchée. [1]

L’OMS en a fait une priorité en 2022 : le cancer du col de l’utérus serait totalement évitable grâce à deux interventions efficaces et complémentaires : la vaccination anti HPV et le dépistage.  Ces approches de prévention ont permis de réduire le nombre de cancer du col de l’utérus dans les pays à revenu élevé, où la vaccination est proposée dès l’âge de 11 ans et le dépistage régulier par frottis de 25 à 65 ans. Atteindre les objectifs 90-70-90 fixés par l’OMS est un impératif (vaccination anti HPV pour 90 % des filles de 15 ans ; dépistage à l’aide d’un test de haute performance pour 70 % des femmes de 35 ans et de 45 ans ; traitements pour 90 % des femmes diagnostiquées). 

[1] WHO/ICO Information Centre on HPV and Cervical Cancer. HPV and cervical cancer in the 2007 report. Vaccine. 2007 Nov 1;25 Suppl 3:C1-230. - Bruni L, Diaz M, Castellsagué M, Ferrer E, Bosch FX, de Sanjosé S. Cervical Human Papillomavirus Prevalence in 5 Continents: Meta-Analysis of 1 Million Women with Normal Cytological Findings. J Infect Dis. 2010 Dec 15;202(12):1789–99.