Actualité - Cancers pédiatriques

Cancer de l’enfant : mieux caractériser le médulloblastome

10/09/2018
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Olivier Ayrault et son équipe étudient le médulloblastome, une tumeur qui se développe dans le cervelet des jeunes enfants. En recourant aux derniers avancées technologiques, ils améliorent les connaissances moléculaires sur cette tumeur pédiatrique.

Neuroblastomas

« Le médulloblastome est la tumeur cérébrale maligne la plus répandue chez l’enfant. Il se développe dans le cervelet », explique Olivier Ayrault, chef de l’équipe Signalisation, développement et tumeurs cérébrales (CNRS, Inserm, Université Paris-Saclay, PSL) à l’Institut Curie. Aujourd’hui directeur de recherche CNRS, son laboratoire est notamment soutenu par l’association Courir pour la vie, courir pour Curie et son Président Dominique Ancelin pour mener à bien le combat contre cette tumeur pédiatrique dont il a fait le moteur de ses recherches depuis son post-doctorat effectué au Saint-Jude Children’s Research Hospital (Memphis, Etats-Unis).

En effet malgré les progrès des traitements, le taux de guérison du médulloblastome ne dépasse pas 75 % et pour certains sous-type, il est même inférieur. En outre la guérison s’accompagne souvent de séquelles importantes, notamment au niveau des fonctions neurocognitives.

« On sait depuis plusieurs années que le médulloblastome est un groupe de tumeur très hétérogène, précise le chercheur. Quatre sous-groupes ont été identifiés en fonction du pronostic et des gènes exprimés. Toutefois aujourd’hui la prise en charge des patients n’intègre pas systématiquement cette classification et les traitements ciblés sont quasi-inexistants » La mise au point de nouveaux traitements est un enjeu majeur qui ne peut se concevoir qu’à l’aune d’une meilleure compréhension des mécanismes impliqués dans la formation de cette tumeur.

Plus d’informations, une meilleure caractérisation

Les développements technologiques permettent aujourd’hui d’avoir un accès à un grand nombre de données biologiques sur les tumeurs. Toutefois pour mener à bien une étude de cette envergure, Olivier Ayrault a dû mobiliser plusieurs équipes à l’international à Heidelberg et Düsseldorf en Allemagne ou encore Toronto au Canada ainsi que le service de neurochirurgie pédiatrique de l’hôpital Necker avec le Pr. Stéphanie Puget à Paris. Résultat : ils ajoutent une nouvelle dimension à la caractérisation des médulloblastomes : le protéome.

« Le protéome, c’est l’ensemble des protéines et de leurs variations chimiques exprimées dans une cellule », rappelle Antoine Forget, auteur principal de cette étude. Si le gène est le « patron » qui sert à la fabrication des protéines dans une cellule, un seul gène peut produire plusieurs protéines différentes et chacune peut ensuite connaître des modifications chimiques transitoires modifiant son devenir. Le protéome est un univers méconnu, extrêmement dynamique et encore plus complexe que le génome et le transcriptome. « Or les protéines sont les chevilles ouvrières des cellules, ce sont elles qui donnent une identité propre aux cellules, détaille Damarys Loew, responsable de la plateforme de protéomique à l’Institut Curie et qui a largement contribué à cette étude. L’intégration du protéome apporte donc une nouvelle dimension aux études biologiques. »

L’équipe d’Olivier Ayrault a donc intégré génomique, transcriptomique et protéomique à l’étude du médulloblastome. « Ensuite, grâce à une étroite collaboration avec l’équipe de bioinformatique d’Emmanuel Barillot, nous avons pu faire parler ces données, » note Olivier Ayrault. Au final on a trouvé des voies de signalisation activées chez le patient uniquement au niveau du protéome. Ces mêmes voies étaient restées invisibles avec la seule étude du génome et du transcriptome. ».

Parmi les voies découvertes, l’une d’elles est spécifique d’un sous-type de médulloblastome pour lequel aucune signature claire n’existait à ce jour et ouvre la voie à une potentiel piste thérapeutique.  

 

Lire la publication

Aberrant ERBB4-SRC Signaling as a Hallmark of Group 4 Medulloblastoma Revealed by Integrative Phosphoproteomic Profiling

Antoine Forget et coll.

https://doi.org/10.1016/j.ccell.2018.08.002

Cancer Cell vol. 34 issue3 10 September 2018, Pages 379-395.e7