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« La solidarité, notre moteur face à l’épidémie du covid-19 » Pr Pierre Fumoleau

30/03/2020
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Dès le début de l’épidémie de COVID-19, la direction de l’Ensemble hospitalier de l’Institut Curie a pris les dispositions nécessaires pour assurer une continuité dans la prise en charge de ses patients tout en prenant la pleine mesure, chaque jour, du risque. Eclairage avec le Pr Pierre Fumoleau, directeur général de l’Ensemble hospitalier de l’Institut Curie.

Pierre Fumoleau

IMPORTANT 

L'Ensemble hospitalier de l'Institut Curie a été classé niveau 4 par l’Agence Régionale de Santé, signifiant que nos services hospitaliers ne sont pas mobilisés pour assurer les urgences liées à l’infection par le Covid-19, hormis pour les patients atteints de cancer. Nous pouvons être amenés à prendre en charge les patients cancéreux pour lesquels les traitements ne peuvent être initiés ou poursuivis dans les établissements hospitaliers qui sont totalement mobilisés par l’épidémie en cours. Une cellule de crise et une réunion spécifique pour assurer le maintien des fonctions supports sont organisées quotidiennement. 

Quelles ont été les mesures prioritaires prises au sein de l’Ensemble hospitalier de l’Institut Curie lorsque l’épidémie de covid-19 s’est déclarée ?

Depuis le début de l’épidémie COVID, l’Ensemble hospitalier de l’Institut Curie (EH) traverse des semaines éprouvantes physiquement et psychologiquement sans savoir à ce jour de combien d’autres elles seront suivies. Nous avons trois objectifs : prendre en charge les patients atteints de cancer COVID positif ou COVID négatif, participer à l’effort régional en ouvrant nos lits de soins critiques aux patients COVID positif non atteint de cancer, et protéger nos personnels. Ces derniers, il faut les remercier, contribuent à la poursuite de nos activités. Nos personnels sur site, bien qu’inquiets, sont présents et assurent de manière exemplaire et professionnelle leurs missions en ces temps difficiles. Nous remplissons ces trois objectifs grâce à des organisations, des circuits et des pratiques adaptées et décidés en cellule de crise quotidiennement. Dans le cadre de la prise en charge des patients atteints de cancer en Ile-de-France, nous prenons en charge ceux pour lesquels les traitements ne peuvent être initiés ou poursuivis dans les autres établissements hospitaliers, qui sont totalement mobilisés par l’épidémie en cours.

Comment la continuité des soins pour les patients atteints d’un cancer est-elle assurée quotidiennement pendant cette crise ?

En ce qui concerne les soins de support, les prises en charge se poursuivent par téléphone tous les jours avec une psycho-oncologue, une assistante sociale, une diététicienne pour accompagner au mieux les patients qui en ont le plus besoin.

Les prises en charge médicales de soins de support (douleur, effets secondaires, symptômes) se poursuivent également en téléconsultation.

Une consultation dédiée réalisée par des psychologues a par ailleurs été mise en place pour soutenir les proches dont l’accès à l’hôpital est interdit.

L’information est aussi au cœur des préoccupations car les espaces patients sont fermés. Une hot line est ouverte pour répondre aux questions des patients avec des médecins qui sont à l’écoute de leurs préoccupations : Paris : 01 56 24 57 42 - Saint-Cloud : 01 47 11 18 84.

Pour les patients sains 

Chaque médecin oncologue revoit son planning de consultation chaque jour et propose - en fonction du dossier patient – de :

Pour respecter au mieux les mesures de confinement préconisées qui permettront de juguler l’épidémie tout en en conservant une prise en charge adaptée et efficace, la direction a décidé de retarder des consultations de simple surveillance, des interventions chirurgicales non urgentes, par exemple les reconstructions mammaires et la mise en place de certains protocoles de radiothérapie. Pour éviter les consultations sur site de patients ayant des symptômes évoquant une infection par le coronavirus COVID-19, nous leur envoyons des SMS, des mails et utilisons notre application MyCurie pour assurer le lien.

Néanmoins certains patients atteints de cancer nécessitent un séjour à l’hôpital pour leur prise en charge. Ceux-ci font l’objet systématiquement à l’entrée d’une procédure médicale avec entretien, prise de température et de saturation en oxygène et remise de masque. Nous n’acceptons pas les accompagnants, hormis les cas très particuliers comme les enfants et les patients ne pouvant se déplacer seuls. La plupart des malades sans symptomatologie rentrent dans le circuit habituel de l’hôpital : chirurgie, traitement médical ou radiothérapie.

Pour les patients porteurs du Covid-19 

Ces patients sont orientés vers une unité appelée COVID + où un test diagnostic est réalisé. Ceux nécessitant une hospitalisation sont pris en charge dans une unité de médecine individualisée COVID+ avec du personnel et des procédures dédiées. Notre unité de soins intensifs est en capacité de prendre en charge des patients COVID+ nécessitant une réanimation respiratoire avant transfert potentiel vers des hôpitaux dédiés

Quelles sont les mesures prises au sein de l’Ensemble hospitalier pour protéger ses soignants ?

Concernant les personnels, notre objectif est de les protéger. L’hôpital est « masqué » avec utilisation intensive de solutions hydro alcooliques (SHA). Nous avons développé au maximum le télétravail pour les personnels sans contact direct avec nos malades et de nombreux volontaires se sont mis à notre disposition pour l’accueil. Les soignants COVID+ sont en éviction et reviennent au travail, après accord de nos médecins du travail, au minimum 9 jours après la fin de leur symptomatologie.

Enfin, il faut souligner, en ces moments difficiles, la très grande solidarité de l’ensemble du personnel du Centre de Recherche et du Siège avec l’Ensemble Hospitalier, le souhait des chercheurs de contribuer à l’activité diagnostique et à la prise en charge des patients ainsi que l’aide du personnel du siège pour les fonctions supports.