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Les tumeurs rhabdoïdes déclenchent une réaction immunitaire chez les enfants

28/10/2019
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Les travaux du médecin chercheur Amaury Leruste et de chercheurs de l’Institut Curie montrent que les tumeurs rhabdoïdes engendrent une réaction immunitaire. Cette découverte devrait donner lieu à des essais cliniques d’immunothérapie pour traiter les enfants atteints de ces tumeurs rares.
Amaury Lerustre

Rares et particulièrement agressives, les tumeurs rhabdoïdes prennent naissance dans l’encéphale et la moelle épinière. Elles apparaissent surtout chez les enfants de moins de trois ans. Le taux de survie à cinq ans est bas, de seulement 40 %, contre 80 % en moyenne pour l’ensemble des cancers pédiatriques. Les travaux du Dr Amaury Leruste, sous la direction du Dr Franck Bourdeaut de l’Equipe de recherche translationnelle en oncologie pédiatrique RTOP-Inserm U830 du centre d’oncologie SIREDO* de l’Institut Curie, ouvrent de nouvelles perspectives dans la prise en charge de ces tumeurs cancéreuses. Très peu d’études s’étaient intéressées aux tumeurs rhabdoïdes. Jusqu’alors, l’ensemble des cancers pédiatriques étaient réputés être « silencieux », c’est-à-dire incapables de provoquer une réaction immunitaire chez les jeunes malades. En démontrant leur caractère immunogène, ces travaux viennent chambouler l’ordre établi. Leur article, qui paraîtra prochainement dans la revue scientifique Cancer Cell, remporte le prix Odile-Schweisguth au congrès de la Siop 2019.

Les étapes des travaux de recherche

Au cours de la première phase de leurs travaux, les chercheurs ont étudié un grand nombre d’échantillons de tumeurs rhabdoïdes. Ils ont pu observer qu’une proportion importante de tumeurs présentaient un caractère inflammatoire, ce qui pouvait suggérer une réponse immunitaire.

Dans un deuxième temps, ils ont analysé des échantillons d’infiltrats tumoraux de patients contenant des cellules du système immunitaire (lymphocytes T). Ils se sont aperçus que, pour un même échantillon, une centaine de lymphocytes T avaient la même identité génétique. Cela signifiait qu’ils provenaient tous de la réplication d’un unique lymphocyte T. Or en présence d’un corps immunogène, ces cellules se répliquent : on parle d’expansion clonale. Cette observation confirme donc le caractère immunogène des tumeurs rhabdoïdes.

Vers des essais cliniques

L’équipe a validé sa découverte sur des modèles animaux et a démontré qu’en cas de récidive, le système immunitaire pouvait à nouveau se défendre grâce à la mémoire immunitaire.

Les scientifiques cherchent aujourd’hui à mieux comprendre le mécanisme à l’origine de la réponse immunitaire et comment les tumeurs y échappent. Ils souhaitent enfin pouvoir réaliser rapidement des essais cliniques afin d’explorer une immunothérapie. Selon le Dr Amaury Leruste, « cette méthode, couplée à la chirurgie, pourrait éviter la radiothérapie et donc un certain nombre de séquelles à long terme ».

* Soins, Innovation, Recherche en oncologie de l’Enfant, de l’aDOlescent et du jeune adulte.

Odile

Hommage clin d’œil : Le Dr Odile Schweisguth à l’Institut Curie

Le Dr Odile Schweisguth est considérée comme la fondatrice de l’oncologie pédiatrique en France et dans le monde. Elle a créé en France l’un des premiers services au monde de « cancérologie infantile » et participe à la création de celui de l’Institut Curie qui ouvre ses portes en 1977. La remise du prix Odile-Schweisguth du meilleur article pour des travaux menés à l’Institut Curie prend ainsi une dimension particulière.