Allison Bardin, médaillée de bronze du CNRS

"Paris est un endroit unique pour faire de la recherche scientifique", déclare Allison Bardin, lorsqu’on l’interroge sur les raisons de sa venue en France. Viennent ensuite "l’environnement du laboratoire dirigé par Edith Heard et le potentiel offert par l’Institut Curie" pour une jeune chercheuse comme elle, entièrement tournée vers la compréhension des cellules souche. "Je suis arrivée peu de temps après la création du laboratoire de Biologie du développement et cancer en 2010 à l’Institut Curie, se souvient Allison Bardin. Il fallait tout construire, recruter les étudiants, les chercheurs et les techniciens qui allaient rejoindre mon équipe." Un challenge qui n’a pas fait peur à la chercheuse, alors en poste à l’Institut Pasteur. En effet, après un doctorat au MIT (Cambridge, Massachusetts, USA) sur le cycle cellulaire chez la levure, elle avait rejoint en 2003 l’équipe de François Schweisguth à l’Institut Pasteur pour se plonger dans l’univers des drosophiles, cette petite mouche du vinaigre chère aux chercheurs.
De l’intestin de la mouche du vinaigre au cancer
De fil en aiguille, elle développe son propre sujet sur le rôle des cellules souches dans le renouvellement de l’intestin chez cet insecte. Il existe en effet au cœur des organismes vivants des cellules souches dites adultes qui régénèrent et réparent les tissus. Forte de cette première expérience, elle décide de monter sa propre équipe et choisit l’Institut Curie pour y continuer ses recherches sur l’intestin de drosophiles. "C’est un modèle simple, constitué d’environ 10 000 cellules et d’un millier de cellules souches intestinales, décrit-elle. Il nous permet d’étudier relativement facilement les fabuleuses capacités des cellules souches adultes qui peuvent se spécialiser pour donner différents types de cellules."
Les espoirs sont nombreux dans ce domaine. L’évocation des cellules souches fait immédiatement penser à la médecine régénérative. S’il est déjà possible de régénérer la rétine chez les patients souffrant de dégénérescence maculaire à partir de cellules souches adultes, il reste encore bien des étapes avant de produire certains autres organes. Un défi qui, selon Allison Bardin et nombre de spécialistes, passe par la compréhension de la double capacité de renouvellement et de différenciation des cellules souches. En outre, les liens entre cellules souches adultes et cancer se resserrent. La survenue d’altérations dans ces cellules conservées constitue un grand risque. Les dernières découvertes de la chercheuse dans ce domaine ont même surpris la communauté scientifique. L’accumulation d’altérations dans les cellules souches intestinales avec l’âge est sans commune mesure avec ce que les scientifiques imaginaient. Cette détérioration progressive des cellules souches adultes met en péril le bon fonctionnement de l’intestin. L’attente est donc forte autour des nouvelles recherches de l’équipe Cellule souche et homéostasie tissulaire. En plus de creuser ses différentes pistes, la chercheuse envisage désormais de déterminer ce qui provoque ces altérations. Quelle est l’influence du régime alimentaire, des pathogènes, et d’autres composants environnementaux dans l’induction de ces mutations ? Telles sont les nouvelles questions qui viennent alimenter les préoccupations de la demi-douzaine de chercheurs de l’équipe d’Allison Bardin.
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La Médaille de Bronze du CNRS récompense le premier travail d’un chercheur, qui fait de lui un spécialiste de talent dans son domaine.
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