Actualité - Radiothérapie

Les espoirs d’une oncologue radiothérapeute

04/05/2018
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Youlia Kirova travaille sur plusieurs fronts pour faire avancer la recherche clinique en radiothérapie et proposer au plus grand nombre de patients des soins de plus en plus adaptés.

Dr Youlia Kirova

Dr Youlia Kirova, radiothérapeute au département de Radiothérapie de l'Institut Curie.

Quels sont les défis à relever aujourd’hui en radiothérapie oncologique ?

Youlia Kirova : L’association de plusieurs thérapies est généralement nécessaire pour lutter contre une tumeur et la résistance aux traitements. Cependant, cela peut multiplier les effets secondaires. Hier encore nous étions principalement préoccupés par la guérison des patients. Avec l'amélioration du pronostic des cancers, nous devons désormais prendre en compte les séquelles à long terme des traitements pour améliorer encore la qualité de vie des patients. C’est dans cette optique que nous avons récemment publié une étude, faisant l’évaluation rétrospective de la toxicité induite par l’association de la radiothérapie avec des anti-HER2 (trastuzumab, pertuzumab notamment) fréquemment utilisés pour les cancers du sein HER2. Aucun effet délétère majeur n’a été relevé, surtout avec le trastuzumab. Mais d’autres études doivent être menées sur un plus grand nombre de patients pour conclure sur les réelles conséquences d’une telle association, en particulier avec les nouvelles molécules anti HER2 telles que pertuzumab et TDM1.

 

Les associations peuvent aussi être bénéfiques dans certains cas. Lesquelles sont prometteuses ?

YK : Notre priorité doit être tout d'abord de stopper la maladie cancéreuse sans provoquer des complications. Avec les nouvelles techniques d’irradiation associées aux nouvelles molécules ciblées cet objectif est atteint. Par exemple, nous avons déjà démontré que l’association de certaines d’entre elles (comme lenalidomide et bortezomide) avec une radiothérapie hautement sophistiquée telle que la tomothérapie peut augmenter la survie sans progression chez les patients atteint de plasmocytome solitaire, une tumeur rare des os.

Pour le cancer du sein, nous avons beaucoup d’espoir en l’utilisation des inhibiteurs de PARP en association avec la radiothérapie pour des patientes atteintes d’un cancer du sein. L’idée sous-jacente à cette combinaison est d’empêcher la réparation des dommages induits pas les rayons dans les cellules tumorales et ainsi entraîner leur destruction. Des essais cliniques sont en cours. A terme, l’espoir est de pouvoir proposer cette stratégie thérapeutique avant la chirurgie aux patients atteintes de cancer du sein triple-négatif pour augmenter le recours aux chirurgies conservatrices et améliorer le pronostic. Mais il faut rester vigilant et poursuivre la surveillance à court et à long terme.

 

Plus généralement, sur quelles autres innovations majeures travaillez-vous ?

YK : Un large champ de recherche vise également à augmenter le nombre d’indications et de localisations en protonthérapie, une forme de radiothérapie très précise. Limitant au maximum l’irradiation des tissus sains et donc les séquelles, la protonthérapie est parfaitement adaptée au traitement de certaines tumeurs pour lesquelles il est nécessaire de réduire au maximum les effets secondaires. Nos efforts se concentrent, entre autres, sur deux indications : les cancers du sein et la maladie d’Hodgkin. Récemment, une patiente atteinte d’un cancer du sein a été traitée avec succès par protonthérapie. Nous sommes maintenant en attente de financement pour faire un essai clinique phase 3. De même, un patient atteint de la maladie de Hodgkin a été traité, faisant de l’Institut Curie le leader en protonthérapie pour cette indication. Nous espérons pouvoir réaliser un essai clinique de phase 2.

 

Le Docteur Youlia Kirova est oncologue radiothérapeute, chef de la recherche en sénologie et hématologie au sein du Département d’Oncologie Radiothérapie

 

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Crédit photo : Pedro Lombardi / Institut Curie