Actualité - Recherche clinique

Neoelasto : prédire l’efficacité de la chimiothérapie grâce à une échographie ?

20/06/2016
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Prédire la réponse tumorale à la chimiothérapie, grâce à une "simple" échographie sera peut-être bientôt possible. C’est l’objectif du nouveau projet de recherche clinique piloté par le Dr Delphine Sebbag-Sfez au sein du Département d'imagerie médicale, testant une technique d'échographie récente : l’élastographie par ondes de cisaillement (SWE®).

Pathologie Expérimentale et Numérique PathEx

André Nicolas, ingénieur, et Laetitia Lesage, technicienne de laboratoire. Plateforme de pathologie expérimentale et numérique (PathEx), dédiée aux projets de recherche clinique, translationnelle…

"L’élastographie par ondes de cisaillement associée à l’utilisation d’une sonde échographique 3D nous permet d’évaluer et de quantifier la dureté des tissus", explique le Dr Delphine Sebbag-Sfez, investigateur principal de ce nouvel essai clinique prospectif. Grâce notamment à une étude internationale à laquelle a participé l’Institut Curie ("The BE1 International Study", Berg et al) ainsi qu’aux travaux du Dr Athanasiou menés en 2011 à l’Institut Curie, l’élastographie est devenue un outil d’aide au diagnostic échographique. Ce nouvel essai, baptisé Neoelasto, vise à quantifier avant puis sous chimiothérapie néo-adjuvante (c’est-à-dire recevant  une chimiothérapie avant la chirurgie), l’évolution de la dureté des tissus chez des femmes atteintes de cancer du sein.

A terme, si cette technique s’avère fiable, l’élastographie par ondes de cisaillement pourrait permettre de prédire, après une ou deux séances de chimiothérapie, si le traitement sera ou non efficace. Eventuellement, on pourrait imaginer de réajuster le traitement en fonction des résultats. Autres avantages de la technique : "L’appareil est très simple d’utilisation et c’est inoffensif et indolore pour le patient." Ce marqueur précoce et non invasif pourrait donc être un atout majeur pour l'évaluation future de nouveaux médicaments.

Des études ancillaires seront réalisées en parallèle, à la fois en imagerie (nouveau procédé doppler ultrasensible, en lien avec l'ESCPI) et en anatomopathologie (étude du micro-environnement et du résidu tumoral) grâce à une collaboration avec le Pôle de médecine diagnostique et théranostique dirigé par le Dr Anne Vincent-Salomon et l'équipe Résidu tumoral et réponse au traitement en recherche translationnelle dirigée par Fabien Reyal.

Depuis février 2016, une vingtaine de patientes ont déjà été incluses dans l’essai. L’objectif est d’en recruter 140 dans les deux ans. Cinq échographies 3D avec élastographie 3D seront pratiquées au cours du traitement, soit 20 minutes d’examen à chaque fois, gênant peu la qualité de vie des patientes. Les examens seront pratiqués grâce à un appareil Aixplorer de la société Supersonic Imagine, basée à Aix-en-Provence. Le Dr Jean-Luc Gennisson, physicien à l’ESPCI- Institut Langevin, ainsi qu’un étudiant physicien apportent leur aide dans le cadre du projet afin notamment de traiter les images pour en extraire les données utiles.

"Nous pourrons ainsi visualiser les tumeurs et la dureté des tissus en 3D, à l’aide d’une cartographie en couleurs", explique Delphine Sebbag-Sfez. Ces images seront comparées à l’efficacité de la chimiothérapie à terme. L'hypothèse est que la diminution de la dureté des tissus dès les deux premières cures est un facteur prédictif du succès du traitement.

Au-delà de l’intérêt clinique de cet essai, il illustre également la collaboration permanente entre les différentes équipes de l’Institut Curie: départements d'Imagerie, d'Oncologie médicale, de chirurgie, Pôle de médecine diagnostique et théranostique, Département de Recherche Transalationnelle, en lien avec l'Unité de Gestion des Essais Cliniques (UGEC) et le Service de Biostatistiques au sein de la DRCI. Une belle illustration de continuum recherche-soins, gravé dans l’ADN de l’Institut Curie.

Le projet Neo-Elasto a été initié grâce à un soutien du projet SIRIC (grant INCa-DGOS-Inserm_12554)