Cellule anomalies génétiques

Mieux comprendre le risque

21/01/2019
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Le laboratoire de Nadine Andrieu à l’Institut Curie réunit trois groupes qui travaillent sur ces gènes de prédisposition.

L’un prépare des échantillons de tumeurs, de sérums sanguins, d’ADN pour en révéler les caractéristiques génétiques et leurs conséquences. Le second mène des investigations : recruter des participants, élaborer les questionnaires sur leur histoire médicale et familiale, leur style de vie et leurs expositions environnementales, pour comprendre comment les prédispositions se transmettent. Le troisième groupe réalise des analyses statistiques sur ces données, interprète les relations entre telle mutation et tel risque de développer la maladie. L’objectif est de proposer ensuite des modèles de prédiction utilisables en clinique, c’est-à-dire des calculs permettant de dire, pour une personne précise, quel est le risque, à quelle échéance, de développer quel cancer en fonction de toutes ses données : ses gènes, son âge, ses autres facteurs de risque (gynéco-obstétriques, par exemple).

Les connaissances sur les gènes BRCA permettent déjà de faire ce genre de prédiction, mais les chercheurs s’attèlent néanmoins à affiner leurs modèles. En effet, dans la population générale, le risque de développer un cancer du sein augmente avec l’âge auquel une femme a son premier enfant, mais chez les femmes porteuses de mutations des gènes BRCA, une première grossesse tardive pourrait au contraire être un facteur protecteur : « Les travaux récents donnent des résultats discordants, il faut donc poursuivre les recherches pour donner une information la plus précise et fiable possible aux patientes », explique Nadine Andrieu.

En plus de BRCA1 et BRCA2, un troisième gène, PALB2, est également connu comme pouvant favoriser les cancers du sein, et est utilisé dans l’évaluation du risque. D’autres gènes sont au stade de recherche pour mieux comprendre leur implication. C’est le cas d’ATM. Il est très long et la protéine à laquelle il donne naissance remplit de nombreuses fonctions. Elle interagit, par exemple, avec les protéines BRCA. D’où la difficulté d’analyser ces situations multifactorielles. L’étude GENESIS, pour GENE SISter, a ainsi recruté, entre 2007 et 2013, des femmes atteintes de cancer du sein, leurs sœurs non atteintes et des femmes non-apparentées. Les résultats ont mis en évidence que les cancers liés au gène ATM étaient différents de ceux associés à BRCA et des cancers observés dans la population générale. Ces tumeurs sont sensibles à des traitements spécifiques. L’étude GENEPSO, lancée en 1999, suit quant à elle majoritairement des femmes porteuses de mutations BRCA. « Elle a contribué à montrer avec le consortium international IBCCS que, si une femme porteuse d’une mutation a dans sa famille proche une autre femme atteinte d’un cancer du sein, alors son risque de cancer est plus élevé que celui d'une femme qui aurait la même mutation mais sans antécédents de cancer du sein dans sa famille. De plus, les résultats ont aussi montré, pour la première fois dans une étude prospective, que les risques de cancer dépendent également de la position de la mutation dans ces gènes », décrit Nadine Andrieu.

L’étude de 10 autres gènes est recommandée par le groupe Génétique et cancer, de l’Union des centres de lutte contre le cancer (Unicancer). L’altération de ces gènes, plus rarement détectés, est associée à un risque plus élevé de cancers de l’ovaire voire à d’autres cancers.

L’Institut Curie est le 2e centre en France en nombre de consultations (3 700 consultations) et le 3e en nombre de tests pratiqués.

71 821
Consultations réalisées en 2016
dont 52 000
pour les cancers du sein et de l'ovaire