Vaccinothérapie

23/03/2017
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Le vaccin consiste à éduquer le système immunitaire pour qu’il reconnaisse un agresseur dans l’organisme et le rejette, via un antigène. Les plus connus des vaccins sont préventifs : ils sont administrés à des personnes non malades pour prévenir la survenue d’une pathologie (BCG contre la tuberculose, Tétanos...).

Des vaccins préventifs contre le cancer

L’idéal serait de pouvoir éviter le développement d’un cancer. Cette approche est possible dès lors que sa survenue a pour origine une infection virale. Ce qui est le cas des cancers du col de l’utérus, qui font suite à une infection par un papillomavirus. La vaccination des jeunes filles entre 11 et 14 ans permettrait d’éviter 70 % des infections à l’origine de cancers. Certains cancers du foie surviennent aussi après une infection par le virus de l’hépatite B. La systématisation de la vaccination contre l’hépatite B a largement contribué à prévenir les cancers du foie dans des régions du globe où le taux d’infection par le virus de l’hépatite B est important. Ce sont à ce jour les deux seuls exemples de vaccins préventifs contre le cancer.

Des vaccins thérapeutiques contre le cancer

La vaccination thérapeutique consiste à induire une réponse immunitaire, lorsque cette dernière fait défaut chez le patient atteint de cancer ou à fort risque de récidive. "C’est une situation très différente de celle de la vaccination préventive car l’intrus est déjà présent dans l’organisme et les défenses sont souvent débordées  par la prolifération tumorale ou freiner par les mécanismes de contrôle", précise l’immunologiste Vassili Soumelis. L’activation du système immunitaire nécessite d’une part qu’il reconnaisse l’intrus et, d’autre part, qu’il le considère comme dangereux.

Cet apprentissage repose sur l’identification d’un morceau spécifique de la cellule cancéreuse, un antigène tumoral qui, tel un chiffon rouge, va servir à diriger le système immunitaire sur les cellules tumorales. La "présentation" de cet antigène au système immunitaire peut passer par plusieurs options.

  • Injection d’une copie synthétique de l’antigène tumoral, éventuellement "dopé" par une molécule dite adjuvante carpable de stimuler la réponse immunitaire.
  • Injection des cellules dendritiques différenciées à partir de cellules sanguines du patient, matures et chargées en antigènes tumoraux pour stimuler les lymphocytes T.
  • Injection de virus modifiés en laboratoire pour produire des antigènes tumoraux

Quelle que soit l’option, le principe est basé sur la production d’anticorps par les lymphocytes B (réponse humorale) ou l’activation les lymphocytes T (réponse cellulaire) qui réagissent spécifiquement contre les cellules tumorales.

De telles approches d’immunothérapie active ont déjà fait leur preuve. Sipuleucel-T a même été le premier vaccin à obtenir une autorisation de mise sur le marché (AMM) aux Etats-Unis pour traiter certains cancers métastatiques de la prostate hormono-résistants. Il consiste en l’injection de cellules dendritiques "boostées".

De nombreuses stratégies vaccinales utilisant d’autres antigènes tumoraux sont actuellement à l’étude.

Les vaccins contre les cancers peuvent prendre différentes formes. A ce jour, ils ne peuvent toutefois être envisagés que si les cellules cancéreuses sont assez différentes des cellules de l’organisme pour être reconnues, et si le système immunitaire n’est pas trop réduit au silence , pour pouvoir réagir.