L’immunothérapie

L’immunothérapie

Stimuler et réorienter les défenses immunitaires du patient pour l’aider à lutter contre le cancer est le principe-clé des traitements par immunothérapie, dont les développements ont bouleversé depuis une quinzaine d’années la cancérologie. En tant qu’acteur majeur de ce secteur, l’Institut Curie prend une part importante dans la mise en place de protocoles de recherche et de traitement utilisant l’immunothérapie. 

Comment ça marche ? En règle générale, le système immunitaire reconnaît les cellules cancéreuses comme étrangères et peut les éliminer ; ce processus est efficace la plupart du temps. Mais il arrive qu’un cancer se développe grâce aux nouvelles propriétés acquises par les cellules tumorales, qui leur permettent de bloquer ou de contourner ces défenses. L’immunothérapie consiste à rediriger le système immunitaire du patient afin que le système immunitaire restaure la lutte contre la tumeur. 

Cette démarche thérapeutique présente plusieurs avantages : 

  • Elle est spécifique au système immunitaire du patient ; les effets secondaires sont plus limités et s’ils se présentent, ils sont le plus souvent plus faciles à supporter que ceux associés aux chimiothérapies. Cependant les traitements d’immunothérapie sont souvent associés aux chimiothérapies conventionnelles. 
  • De manière très intéressante, les bénéfices de l’immunothérapie se prolongent très souvent dans le temps. 25 à 30 % des patients soignés par immunothérapie (tous cancers confondus) présentent une réponse prolongée après les traitements. Ces chiffres sont très variables d’un cancer et d’un patient à l’autre. 

Il existe plusieurs types de traitements en immunothérapie, déjà disponibles ou en phase de développement, dont : 

  • les inhibiteurs de points de contrôle immunitaire, 
  • les CAR-T Cells, 
  • les vaccins.

Les inhibiteurs de points de contrôle immunitaire 

Il existe plusieurs récepteurs à la surface des cellules cancéreuses et des cellules immunitaires qui, lorsqu’ils interagissent, ont une action de « point de contrôle », encore appelée « checkpoint », qui inhibe l’action antitumorale du système immunitaire. Tout se passe alors comme si les cellules cancéreuses devenaient invisibles au système immunitaire. 

Concrètement, il s’agit principalement : 

Des récepteurs PD-1 présents à la surface des cellules immunitaires de type lymphocyte T et qui interagissent avec les récepteurs PD-L1 présents à la surface des cellules cancéreuses et à la surface d’autres cellules immunitaires de type cellule présentatrice d’antigènes. 

Des récepteurs CTLA-4 présents à la surface des lymphocytes T et qui interagissent avec les cellules présentatrices d’antigènes. 

Les médicaments de type anti-checkpoints sont des anticorps fabriqués en laboratoire qui ciblent précisément certains récepteurs présents à la surface des cellules immunitaires ou des cellules cancéreuses. Ils bloquent l’interaction entre la cellule tumorale et la cellule immunitaire et rétablissent ainsi l’action antitumorale du système immunitaire. 

Concrètement, il s’agit essentiellement : 

  • des anti-PD-1 type nivolumab, pembrozilumab, cemiplimab ; 
  • des anti-PD-L1 type atezolizumab, avelumab, durvalumab ; 
  • des anti-CTLA-4 type ipilimumab. 

Ces traitements sont administrés par injection intraveineuse à intervalles réguliers dépendant de la maladie traitée et de chaque anticorps.

Les cellules CAR-T 

Les thérapies cellulaires et géniques – parmi elles les cellules CAR-T (pour Chimeric Antigen Receptor ou récepteur antigénique chimérique) – sont de nouvelles formes d’immunothérapies extrêmement prometteuses qui ont pris leur essor ces 10 dernières années. Il s’agit de prélever un type particulier de cellules immunitaires chez un malade, précisément les lymphocytes T, puis de les modifier génétiquement en laboratoire pour qu’ils soient capables de reconnaître et détruire spécifiquement les cellules cancéreuses, et enfin de les réadministrer au patient lui-même. Actuellement, cette stratégie est utilisée pour combattre certains cancers du sang, comme des leucémies de l’enfant et du jeune adulte ou des lymphomes de l’adulte. 

A l’Institut Curie, la plateforme de thérapies cellulaires et géniques CellAction intégrée au PSCC (Paris Saclay Cancer Cluster) est une structure, inédite en France et ultra-performante qui regroupe dans un même lieu une expertise scientifique, clinique et technique hautement qualifiées et des équipements de pointe. Les médecins et chercheurs de CellActions explorent et conçoivent des stratégies de thérapies cellulaires et géniques optimisées, plus efficaces dans des indications plus nombreuses, y compris les tumeurs solides.

La recherche et les vaccins 

La recherche en immunothérapie est une priorité pour l’Institut Curie. Le centre d’immunothérapie de l’Institut Curie met en œuvre une approche intégrée qui implique tous les intervenants : médecins, chercheurs, infirmières et coordonnatrices de recherche. Les objectifs principaux du Centre d’Immunothérapie des cancers sont de : 

  • Mettre en place des essais précoces et étudier des combinaisons de traitements qui pourraient augmenter l’efficacité thérapeutique. 
  • Découvrir de nouveaux biomarqueurs prédictifs de la réponse au traitement. 
  • Comprendre les mécanismes d’action des immunothérapies et pourquoi certains patients y répondent et d’autres pas. 

Par ailleurs, plusieurs équipes de recherche et médicales ont investi le champ de la vaccination et travaillent à la mise au point de vaccins thérapeutiques : 

  • En déterminant les caractéristiques génétiques et épigénétiques propres à chaque tumeur ; 
  • En identifiant de nouvelles cibles thérapeutiques contre lesquelles diriger le système immunitaire ; 
  • En concevant des vaccins « sur mesure », spécifiques à la tumeur de chaque patient.