Neuroblastome : une tumeur pédiatrique très hétérogène

25/07/2017
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Une tumeur, mais deux identités de cellules tumorales, ainsi pourraient se résumer les dernières découvertes d’une des équipes spécialisées sur les cancers de l’enfant à l’Institut Curie.

Neuroblastomas

Chaque année, 130 à 150 enfants sont diagnostiqués en France pour un neuroblastome. Cette tumeur se caractérise par une extrême variabilité clinique et évolutive : certaines régressent d'une manière spontanée sans traitement. D’autres évoluent rapidement vers une forme souvent fatale, bien que dans un premier temps une diminution, voire une disparition des signes cliniques sous chimiothérapie intensive soit observée.

Notre objectif est d’essayer de comprendre la grande hétérogénéité du neuroblastome, à partir de l’étude des caractéristiques biologiques de ces tumeurs de l’enfant

Explique Isabelle Janoueix-Lerosey, directrice de recherche à l’Inserm dans l’équipe Génétique et biologie des tumeurs pédiatriques  (Inserm/Institut Curie).

L’équipe vient de franchir une nouvelle étape dans cette quête en regardant sous un autre angle des cellules issues de neuroblastome. « Comme ces tumeurs se développent à partir de cellules dérivant de la crête neurale, soit des cellules embryonnaires, nous sommes allés regarder comment se mettait en place l’expression des gènes dans ces cellules, » explique Isabelle Janoueix-Lerosey. En effet c’est la manière dont s’expriment les gènes qui définit les spécificités d’une cellule. Sous l’influence de gènes nommés facteurs de transcription, certains gènes s’allument ou s’éteignent.

Les chercheurs de l’Institut Curie ont donc exploré les réseaux de facteurs de transcription qui contrôlent l’expression des gènes dans les cellules de neuroblastome. Suivant les réseaux impliqués, il semble émerger deux identités cellulaires dans les tumeurs. La proportion de ces deux identités cellulaires varie d’un neuroblastome à l’autre sans que cela semble influencer leur agressivité. En revanche lorsque l’on regarde l’effet de la chimiothérapie couramment utilisée pour traiter les jeunes patients, des informations intéressantes émergent. « Dans des modèles cellulaires de neuroblastome analysés in vitro, nous avons constaté à l’issue du traitement par les molécules de chimiothérapie un enrichissement d’une des identités cellulaires, » décrit la chercheuse. Or cette sur-représentation d’une identité cellulaire n’est pas observée pas au niveau des rechutes de neuroblastome. « Ce dernier point nous incite à penser que les cellules possèdent une plasticité telle qu’elles peuvent passer d’une identité à l’autre. »

Mais leur conclusion ne s’arrête pas : pour l’équipe, il s’agit désormais de trouver une molécule qui s’attaque à l’identité cellulaire à priori résistante à la chimiothérapie ou du moins sur-représentée après le traitement. « Pour traiter les jeunes patients et réduire le risque de récidive, il faut en effet éradiquer les deux types d’identités cellulaires. Or il semble qu’à ce jour la chimiothérapie ne permette d’en éliminer qu’une seule, sans que l’on sache vraiment encore pourquoi. » conclut Isabelle Janoueix-Lerosey qui a déjà planifié les prochaines expériences pour relever ce double défi.

 

Heterogeneity of neuroblastoma cell identity defined by transcriptional circuitries.

Valentina Boeva, Caroline Louis-Brennetot, Agathe Peltier, Simon Durand, Cécile Pierre-Eugène, Virginie Raynal, Heather C Etchevers, Sophie Thomas, Alban Lermine, Estelle Daudigeos-Dubus, Birgit Geoerger, Martin F Orth, Thomas G P Grünewald, Elise Diaz, Bertrand Ducos, Didier Surdez, Angel M Carcaboso, Irina Medvedeva, Thomas Deller, Valérie Combaret, Eve Lapouble, Gaelle Pierron, Sandrine Grossetête-Lalami, Sylvain Baulande, Gudrun Schleiermacher, Emmanuel Barillot, Hermann Rohrer, Olivier Delattre & Isabelle Janoueix-Lerosey

Nature Genetics, doi:10.1038/ng.3921, 24 juillet 2017

 

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copyright : Christophe Hargouès/Institut Curie