Chirurgie reconstructrice

05/06/2019
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La prise en charge d’un cancer peut nécessiter le retrait partiel ou complet d’une région anatomique, avec des conséquences esthétiques, fonctionnelles ou douloureuses. Les techniques de chirurgie reconstructrice sont un outil essentiel de la prise en charge pour permettre de retirer largement le cancer, de réparer la région opérée, mais aussi de prévenir les complications et séquelles de traitements.

Chirurgie
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Quelles situations sont concernées par la reconstruction ?

Le cancer du sein touche chaque année plus de 55 000 personnes. Un tiers des patientes seront traitées par mastectomie (ablation complète du sein). Les techniques de reconstruction font partie intégrante de la prise en charge de ces cancers. L’ablation et la reconstruction peuvent parfois être pratiquées au cours d’une même intervention ou de manière différée.

La reconstruction peut faire appel à un implant prothétique identique à ceux utilisés en chirurgie esthétique. Mais, de plus en plus souvent, elle est effectuée grâce aux tissus de la patiente. On parle alors de reconstruction autologue. Ses résultats sont souvent plus naturels et plus satisfaisants et nécessitent moins de ré-interventions ultérieures.

Les chirurgiens utilisent des « lambeaux ». Il peut s’agir d’un lambeau dit pédiculé comme le lambeau de muscle grand dorsal (muscle du dos), qui est partiellement détaché, pour reconstruire le sein, son volume et sa forme. On peut aussi utiliser un lambeau libre, entièrement prélevé puis greffé. La technique la plus pratiquée s’appelle le Diep, pour Deep Inferior Epigastric Perforator flap (lambeau de vaisseaux perforants épigastriques inférieurs). Elle consiste à prélever au niveau de l’abdomen un ensemble de graisse et de peau ainsi que l’artère et la veine qui les vascularisent et de rebrancher cette artère et cette veine au niveau de vaisseaux présents sur le thorax par micro-chirurgie. Le sein peut également être reconstruit par le prélèvement et la réinjection de graisse provenant de la patiente (lipomodelage).

Ces techniques de chirurgie reconstructrice peuvent par ailleurs être utilisées en cas de traitement conservateur (quand seule la tumeur est retirée et le sein conservé), pour prévenir et prendre en charge les séquelles esthétiques ainsi que les séquelles de traitement.
 

Les cancers de la vulve, du vagin et du col de l’utérus peuvent aussi nécessiter l’utilisation de techniques de chirurgie reconstructrice afin de combler la région opérée ou de reconstruire un vagin avec des lambeaux.

Dans le cas du cancer du testicule, l’ablation d’un testicule peut donner lieu à son remplacement par un implant.

Les tumeurs du globe oculaire ou des paupières bénéficient également des techniques de chirurgie reconstructrice. Soit pour la reconstruction d’une paupière inférieure ou supérieure, soit pour le comblement d’une cavité orbitaire lorsque l’œil a été retiré. Il est nécessaire d’appliquer des techniques permettant à la fois de retirer la tumeur, préserver la fonction de protection de l’œil et préserver l’esthétique du visage.

Les cancers de la tête et du cou posent un problème complexe par le caractère vital des organes traités (œsophage, trachée), par leurs fonctions essentielles (phonation, déglutition, mastication) et par les conséquences esthétiques importantes de cette chirurgie. Les techniques de reconstruction sont ici absolument essentielles afin d’assurer une chirurgie du cancer satisfaisante en assurant la conservation des fonctions.

Les cancers de la peau, notamment les mélanomes, peuvent aussi nécessiter l’application de techniques de chirurgie reconstructrice afin de combler la région opérée. Des lambeaux cutanés locaux, des lambeaux pédiculés ou des greffes de peau peuvent être ici nécessaires à la bonne réalisation de cette chirurgie.

Les spécificités de la prise en charge à l’Institut Curie

L’Institut Curie a pour vocation historique d’offrir une prise en charge chirurgicale unique aux patients atteints de cancer. Afin de positionner le patient et son cancer au centre de la prise en charge, l’ensemble des équipes de chirurgie de l’Institut Curie, quelles que soient leurs spécialités, sont formées et maîtrisent les techniques de chirurgie reconstructrice afin de répondre au mieux et le plus aisément aux besoins d’un patient. Les techniques les plus complexes, notamment celles faisant appel à la microchirurgie, sont pratiquées couramment par les équipes.

L’Institut Curie contribue à la diffusion de cette maîtrise et de ces connaissances au sein de la communauté chirurgicale par le biais de diplômes universitaires, formations pratiques, publications scientifiques ou encore participation à des commissions d’expertises. Plusieurs diplômes ont ainsi été mise en place.

  • Le Diplôme universitaire d’oncologie oculaire
  • Le Diplôme universitaire de chirurgie reconstructrice et cancer de l’Université Versailles-Saint-Quentin
  • Le Diplôme universitaire de pathologie mammaire

L’Institut Curie forme de nombreux internes (30 par an) et assistants (6 par an) aux techniques de chirurgie reconstructrice.

La recherche

Plusieurs études sont en cours à l’Institut Curie.

  • Une étude portant sur la reconstruction mammaire par implant.
  • Une étude portant sur les patientes développant un cancer du sein sur implant mammaire esthétique.
  • Une étude portant sur les complications de la reconstruction par DIEP.
  • Une étude portant sur les complications liées au lipomodelage dans la chirurgie du sein.
  • Une matériovigilance des dispositifs médicaux implantables.

Commission d’expertise

Nos chirurgiens participent régulièrement aux commissions d’experts organisées notamment par l’Institut national du cancer (Inca) ou l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), comme la Commission Implants PIP et la Commission Lymphome anaplasique à grandes Ccellules et implants mammaires.