Recherche onco-pédiatrique : vers une diminution des échecs thérapeutiques ?
À l’occasion de la Journée Internationale du Cancer de l’Enfant le 15 février, l’Institut Curie, centre de référence international des cancers pédiatriques, souhaite intensifier la recherche et obtenir plus de financements pour progresser plus rapidement.
Mieux comprendre les échecs thérapeutiques
A l’Institut Curie, des travaux de recherche explorent plusieurs pistes pour mieux comprendre pourquoi certains cancers pédiatriques échappent aux traitements.
Des progrès considérables ont été réalisés au cours des cinquante dernières années et le taux de survie des enfants et adolescents atteints d’un cancer dépasse désormais 80 % à 5 ans. Pourtant, le cancer n’en demeure pas moins la première cause de mortalité chez les moins de 15 ans. Aujourd’hui, de nombreux programmes de recherche sont en cours (microenvironnement tumoral, immunologie, génomique…) pour réussir à proposer de nouvelles stratégies thérapeutiques.
Les enjeux de la recherche en onco-pédiatrie aujourd’hui sont donc de guérir plus et de guérir mieux. Aussi, la recherche de nouveaux traitements doit se poursuivre pour améliorer le pronostic des cancers pédiatriques et limiter les séquelles.
Intensifier la recherche onco-pédiatrique : financer des projets innovants pour guérir plus et limiter les séquelles
Un des problèmes est que l’on est face à des tumeurs pédiatriques différentes, dont les évolutions varient et donc les chances de survie. Par exemple, le neuroblastome, qui est l’un des cancers les plus fréquents du jeune enfant, se caractérise par une extrême variabilité clinique et évolutive, allant de la régression spontanée sans traitement à la progression potentiellement rapidement fatale. Les chances de survie à 5 ans peuvent varier de 40 % à 95 % pour cette maladie. De plus, les traitements administrés à cette population jeune sont souvent lourds et possiblement pourvoyeurs en séquelles.
Les enjeux de la recherche en onco-pédiatrie aujourd’hui sont donc de guérir plus et de traiter mieux. Aussi, les travaux de recherche sur de nouvelles stratégiques thérapeutiques (cibles, médicaments, approches, combinaisons…) doivent s’intensifier pour améliorer le pronostic des cancers pédiatriques tout en limitant les séquelles.
Dr Olivier Delattre, directeur de recherche Inserm, directeur du centre SIREDO de l’Institut Curie
Dans le cadre du centre SIREDO nous disposons à l’Institut Curie des forces vives en recherche et en soins pour progresser plus vite. Nous y menons de nombreux projets d’envergure en recherche fondamentale, translationnelle et clinique en collaboration avec les plus grands centres de cancérologie pédiatrique dans le monde. Et nous attendons beaucoup des big data et de l’intelligence artificielle qui vont révolutionner la recherche et la prise en charge des maladies rares comme les cancers pédiatriques.
Dr Olivier Delattre
Les travaux en cours à l'Institut Curie
A l’Institut Curie, quatre travaux portent sur la compréhension des résistances et échecs aux traitements.
- Les travaux de Olivier Delattre autour du sarcome d’Ewing. Son projet vise à mieux traiter/sensibiliser les sarcomes d’Ewing en identifiant, entre autre, de nouveaux facteurs impliqués dans la survie et l’agressivité de cette tumeur. Genome-wide association study identifies multiple new loci associated with Ewing sarcoma susceptibility (Nature communication)
- Les travaux de Gudrun Schleiermacher autour du neuroblastome. Leur objectif est de comprendre le rôle du microenvironnement dans l’oncogenèse du neuroblastome.
- Les travaux d’Isabelle Janoueix autour de la plasticité cellulaire. Il s’agit de trouver une molécule qui s’attaque à l’identité cellulaire à priori résistante à la chimiothérapie. Heterogeneity of neuroblastoma cell identity defined by transcriptional circuitries (Nature Genetics)
- Les travaux en immunologie de Franck Bourdeaut autour des tumeurs rhabdoides. Ses recherches visent à définir des modalités de traitement par immunothérapie dans le but d’augmenter les taux de guérison à tout âge et la diminution des séquelles.
Séquelles visuelles dans les cancers de l’œil et du cerveau, toxicité des radiothérapies dans les zones sensibles, retards de croissance, mobilité réduite suite à des chirurgies osseuses… les séquelles sont très variées et parfois très invalidantes. Nous devons absolument progresser dans l’administration et la précision des traitements et faire de la désescalade thérapeutique lorsque cela possible.
Dr Daniel Orbach, directeur adjoint clinique du centre SIREDO de l’Institut Curie