Le D3i, un département d’excellence dédié aux essais précoces à l’Institut Curie

24/06/2019
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En mars 2018, le D3i, un département dédié aux essais cliniques précoces a été créé à l’Institut Curie sous la direction du Pr Christophe Le Tourneau. Ses objectifs ? Augmenter le nombre d’essais précoces, de patients inclus, mais aussi avoir une meilleure visibilité auprès des industriels.

Département D3i

Réaliser un essai précoce (ou essai de phase I), c’est tester pour la première fois en conditions réelles chez des malades, une nouvelle molécule déjà testée in vitro ou chez l’animal, ou bien un médicament déjà connu mais qui va être utilisé dans une nouvelle stratégie, par exemple dans un autre type de cancer (nouvelle indication), ou combiné avec une autre molécule (association). Concrètement, il s’agit de s’assurer de la sécurité et de la faisabilité d’un nouveau traitement et de déterminer la dose optimale en le testant chez quelques dizaines de personnes malades, souvent en rechute dans le cas de cancer.

A l’Institut Curie, ces essais précoces se déroulent dans un tout nouveau département : le D3i, pour Department of Drug Development and Innovation, une structure dirigée par le professeur Le Tourneau depuis 2018. Ce département propose une surveillance médicale rapprochée et pluridisciplinaire des patients, avec des protocoles scientifiques stricts et une prise en charge spécifique. La réalisation de ces essais est assurée par une équipe dédiée (infirmières, médecins dédiés, aides-soignants, etc.) au sein de deux Unités d’Investigation Clinique (UIC) à Paris et à Saint-Cloud.

Tout l’enjeu de la lutte contre le cancer aujourd’hui, c’est la médecine de précision. En effet, pour combattre les cancers les plus résistants, il faut s’intéresser, non plus seulement à l’organe ou au tissu dans lequel il se développe, mais aux types de mutations qui le caractérisent. Ainsi, les traitements les plus innovants, thérapies ciblées et immunothérapies principalement, reposent sur des altérations moléculaires rares, retrouvées chez un petit nombre de patients. Pour savoir quel traitement proposer à tel ou tel patient, il est donc indispensable d’établir le profil moléculaire de sa tumeur. A l’Institut Curie, toutes les expertises sont étroitement liées pour pouvoir rechercher ces altérations et proposer aux patients les traitements les plus adaptés et les plus pertinents.

A l’Institut Curie, tous les acteurs de la recherche clinique se retrouvent chaque semaine pour établir la carte génétique de la tumeur du patient. Cette réunion de concertation pluridisciplinaire dite « RCP moléculaire », coordonnée par Maud Kamal, Chef de la cellule de coordination scientifique, est à la fois le cœur de l’activité du D3i et la raison pour laquelle les promoteurs (institution de recherche privée ou publique, firme pharmaceutique) font confiance à l’Institut Curie dans la réalisation d’essais précoces. L’objectif de cette réunion pluridisciplinaire (oncologues, pathologistes, biologistes, radiologues interventionnels…) est d’offrir une alternative aux patients dont les tumeurs ont métastasé, qui ne répondent plus aux traitements classiques ou qui souffrent d’une forme de cancer rare. Concrètement, les prélèvements et les analyses moléculaires sont effectués puis les biologistes des unités de pharmacogénétique et de génétique somatique de l’Institut Curie interprètent les résultats afin de déterminer si la tumeur présente une altération pour laquelle un traitement est disponible dans le cadre d’un essai clinique. Ceci se fait en lien étroit avec le Pôle de médecine diagnostique et théranostique dirigé par Dr Anne Salomon et le service de génétique avec le Pr Ivan Bièche en tant que biologiste référent. Le D3i participe activement au déploiement de la plateforme de séquençage à très haut débit SEQOIA pilotée par l’AP-HP, l’Institut Curie et Gustave-Roussy.

Soignants et chercheurs ne sont pas les seuls acteurs de la recherche clinique. A leurs côtés, les biostatisticiens conçoivent la méthodologie des essais cliniques et analysent l’important flot de données collectées dans les bases de données grâce aux data managers. Les chefs de projets participent à l’élaboration des études et leur suivi budgétaire et les attachés de recherche clinique collaborent au recueil des données et au suivi des protocoles de recherche.
L’INCa a participé au déploiement des essais précoces en France depuis 2010 (soutien logistique et financier) par la création de 15 centres labellisés INCa de phase précoce (CLIP²). La labellisation de l’Institut Curie a été renouvelée en 2018. La HAS, quant à elle, délivre une autorisation de lieu pour la réalisation des essais de phase I de première administration chez l’homme dits « first-in-human ». Le D3i a l’autorisation de l’HAS sur le site de Paris pour les essais de phase I first-in-human.
Infographie D3i