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Les cellules se déforment entre les mains de P. Bassereau

08/12/2018
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Patricia Bassereau vient de présenter les dernières découvertes de son équipe, en collaboration avec une biologiste cellulaire, Evelyne Coudrier, sur la physique des membranes cellulaires.

Patricia Bassereau

Patricia Bassereau n’aime pas les sujets banals. La physique de la cellule est une discipline émergente et son équipe fait partie des quelques-unes au monde à maîtriser certaines techniques pour son étude. Elle fabrique notamment des liposomes géants, des vésicules d’une dizaine de micromètres (ou millièmes de millimètres de diamètre), composés d’une membrane entourant un liquide, comme une cellule vivante simplissime, débarrassée de son contenu. Elle maintient ces liposomes à une extrémité grâce à ce qu’on appelle une pince optique et tire dessus à l’autre bout avec une micropipette pour former des nanotubes.

En ajoutant des protéines choisies à ces membranes, elle peut alors étudier les effets de la courbure de ces tubes sur les protéines et, inversement, les effets des protéines sur la courbure des membranes. Elle s’est intéressée à une protéine, l’ezrine, connue pour être abondante à la surface interne des membranes cellulaires et en particulier dans des excroissances appelées protrusions. Elle a montré que l’ezrine, présente seule, n'est pas particulièrement abondante dans une membrane courbée. Mais, associée à une autre protéine, IRSp53, qui préfère les membranes courbes, l'ezrine peut y être "recrutée". Une information importante pour mieux comprendre la formation de protrusions membranaires telles que les filopodes, qui permettent aux cellules cancéreuses de se déplacer et d’envahir d’autres organes pour y former des métastases.

Patricia Bassereau mettra aussi dans la lumière d’autres travaux de son équipe, sur la myosine 1b, une protéine bien moins étudiée que sa cousine, la myosine II qui est impliquée dans la contraction musculaire. Comme l'ezrine, cette protéine se lie en effet à la membrane d’un côté et à une autre protéine, l’actine, à son autre extrémité, formant un pont entre les deux. L’équipe de Patricia Bassereau a montré que la myosine 1b aurait pour effet de ralentir la croissance des filaments d'actine qui forment notamment le squelette des protrusions, tout en faisant glisser ces filaments le long de la membrane des cellules. Ces résultats pourraient expliquer les perturbations observées par Evelyne Coudrier sur la morphologie des neurones quand cette myosine 1b n'est pas présente.

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L'équipe de Patricia Bassereau