Actualité - Cancer de l'ovaire

Nouveau plan d’attaque contre les cancers de l’ovaire

18/09/2018
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Les cancers séreux de haut grade sont les plus fréquents et les plus difficiles à soigner des cancers de l’ovaire. L’équipe de Fatima Mechta-Grigoriou, à l’Institut Curie, vient d’identifier un nouveau mécanisme et de trouver le moyen de mieux les combattre. Des travaux publiés dans le prestigieux Cell Metabolism.

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« C’est une croyance vieille de 100 ans que bousculent nos travaux : celle selon laquelle tous les cancers, dont les cancers ovariens, présentent une addiction au glucose », se félicite Fatima Mechta-Grigoriou, cheffe de l’équipe Stress et Cancer, à l’Institut Curie (Unité Inserm U830, équipe labellisée Ligue Nationale Contre le Cancer). Ces chercheurs ont déployé toute une panoplie de techniques de pointe – protéomique, métabolomique, bioénergétique – sur des cellules cancéreuses ovariennes pour percer leurs secrets : quelles protéines abritent-elles, quelles réactions chimiques s’y déroulent et d’où tirent-elles leur énergie ? Ils ont ainsi fait parler les cancers séreux de haut grade, les plus redoutables des cancers de l'ovaire.

Résultat : contre toute attente, certaines de ces tumeurs ne se nourrissent pas de glucose mais lui préfèrent les acides gras et la glutamine (un acide aminé, composé des protéines). Les chercheurs ont ainsi mis en lumière un mécanisme moléculaire innovant en identifiant le rôle tout à fait étonnant d’une protéine dite PML (pour ProMyelocytic Leukemia) plutôt connue dans les leucémies. Et mieux encore, les scientifiques ont découvert que leur métabolisme original rend ces cancers plus vulnérables à certaines chimiothérapies (taxanes et dérivés du platine).

C’est une fois de plus l’apport de la Recherche fondamentale au profit de la connaissance des cancers, grâce notamment à la proximité entre le laboratoire « Stress et Cancer » du Centre de recherche de l’Institut Curie et l’Ensemble hospitalier, qui a facilité ces travaux : accès au matériel biologique issu de l’hôpital, échanges sur les observations médicales, sur les hypothèses scientifiques…

Fatima Mechta-Grigoriou espère maintenant que « les médecins s’emparent de ces découvertes pour lancer des essais cliniques ». En ligne de mire : un diagnostic moléculaire de ces tumeurs pour distinguer leurs différents types et, ensuite, de nouveaux traitements plus efficaces contre ces cancers. Une nécessité quand on sait que les cancers de l’ovaire tuent plus de 3 000 femmes chaque année en France.

Sources : Cell Metabolism, 20 septembre 2018 - PML-Regulated Mitochondrial Metabolism Enhances Chemosensitivity in Human Ovarian Cancers