Actualité - Cancers pédiatriques

Dans l’œil du médulloblastome

19/03/2018
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Certains médulloblastomes empruntent des caractéristiques aux photorécepteurs, cellules de la rétine. Ceci ne doit pas être pris à la légère puisque ce champs d’étude pourrait entraîner la mise au point de nouvelles stratégies thérapeutiques visant ce cancer pédiatrique, dont les traitements provoquent des séquelles encore trop nombreuses.

Célio Pouponnot

Les médulloblastomes (MB) sont des tumeurs pédiatriques du cervelet. Très hétérogènes, les différents types de MB sont regroupés en quatre groupes principaux auxquels correspondent des caractéristiques cliniques et taux de survie très variables. Parmi ces groupes, le groupe 3, dont le taux de survie à 5 ans est le plus faible en raison de rechutes très fréquentes, est très mal caractérisé d’un point de vue moléculaire. Décrypter ses spécificités est aujourd’hui indispensable au développement de nouvelles stratégies thérapeutiques.

Les cellules cancéreuses ont la particularité de proliférer de façon anarchique. Il arrive même à certaines d’adopter les caractéristiques moléculaires de types cellulaires qui leur sont normalement étrangers. Ainsi, des cellules de MB de groupe 3 suivent parfois de façon aberrante le chemin des cellules de la rétine. Celio Pouponnot et son équipe « Signalisation Raf et Maf dans l’oncogenèse et le développement » (CNRS/INSERM/Institut Curie) se sont arrêtés sur cette particularité et ont étudié ce qu’elle impliquait. En collaboration avec le Dr Franck Bourdeaut à l’Institut Curie et le Pr Paul Northcott au St. Jude Children's Research Hospital de Memphis (USA) ils ont remarqué que NRL, une des molécules normalement spécifiques des photorécepteurs, mais exprimée dans le médulloblastome, était directement liée à la prolifération cellulaire en combinant une action anti-mort cellulaire à une contribution dans le processus de division cellulaire. Agir au niveau de NRL ou de ses cibles moléculaires pourrait donc être envisagé comme une nouvelle stratégie thérapeutique. Si cette piste de recherche est prometteuse, elle doit faire l’objet d’études plus poussées puisque les molécules à notre disposition à ce jour sont peu spécifiques et seraient par conséquent très toxiques pour l’Homme.

Plus généralement, ces travaux montrent l'intérêt d'étudier pourquoi et comment certaines cellules cancéreuses adoptent des caractéristiques ne correspondant pas à leur type cellulaire d’origine. Publiés en mars dans la revue Cancer Cell, ils illustrent également comment une recherche fondamentale peut conduire à l'identification d'une caractéristique tumorale exploitable d'un point de vue thérapeutique dans le médulloblastome.

L’article « NRL and CRX define photoreceptor identity and reveal novel subgroup-specific dependencies in medulloblastoma » Cancer Cell, 2018