Actualité - Cancers du sein

Cancers du sein : rapprochements entre sous-familles

18/07/2016
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Il existe plusieurs types de cancer du sein. Chaque type présente des caractéristiques biologiques différentes. La réponse aux traitements est, elle aussi, différente d’un type à l’autre. Il est donc essentiel d’établir une cartographie des types de cancer du sein.

Cancer du sein

Coupe histologique d'une tumeur du sein.

"Il n’y a pas une seule forme de cancer du sein mais de nombreuses formes", rappelle sans cesse le Dr Anne Vincent-Salomon, responsable du Pôle Pathologie, génétique, immunologie. Aujourd’hui, une nouvelle étape vient d’être franchie dans la classification des cancers du sein et tout particulièrement dans l’analyse des cancers du sein HER2. Les femmes présentant ce type de cancer, soit environ 15  % des patientes atteintes d’un cancer du sein, peuvent désormais bénéficier de plusieurs thérapies ciblées. Toutefois, elles ne répondent pas toutes de la même façon aux traitements. "C’est très certainement dû à l’existence de cancers du sein différents, même parmi les cancers du sein HER2, explique Anne Vincent-Salomon. Grâce au groupe français du Consortium international de génomique du cancer (ICGC), codirigées par Gilles Thomas (Fondation Synergie Lyon Cancer, France) et Michael Stratton (Welcome Trust, Sanger Institute, UK), en partie financée par l’Institut National du Cancer (INCa), nous avons pu explorer en détail cette famille de cancer du sein." Le séquençage complet du génome a été effectué pour 64 tumeurs et analysé avec les données de l’expression des gènes.

Résultat : 4 sous-familles de cancer HER2 ont été établies en fonction de leurs caractéristiques moléculaires.

"Cette famille de cancers est identifiée en pratique clinique par la surexpression du gène HER2 mais ce travail montre que les tumeurs HER2 se répartissent en fait en quatre groupes moléculaires distincts", explique la pathologiste, co-signataire de ce travail. Un de ces groupes (groupe A) est caractérisé par l’expression des récepteurs aux œstrogènes et l’absence de mutation du gène TP53, le faible nombre de remaniements génomiques et le niveau moindre de surexpression de HER2. A l’opposé, un autre groupe (groupe D) est caractérisé par l’absence d’expression des récepteurs aux œstrogènes, des mutations du gène TP53 et un nombre important de remaniements génomiques caractéristiques des tumeurs porteuses d’une altération du gène BRCA1. Par ailleurs, l’identification des mécanismes génomiques précis à l’origine de l’amplification du gène HER2 est décrite dans ce travail avec une précision inégalée auparavant.

A terme, une des conséquences de ce travail sera la caractérisation en routine, pour les patientes porteuses d’une tumeur du sein HER2 positive, du profil transcriptomique de la tumeur, du statut du gène TP 53 et du profil génomique de la tumeur de façon à ajuster les combinaisons de traitement pour les patientes porteuses de tumeurs des groupes A, B, C ou D. Compte-tenu de l’essor des thérapies ciblées et de la nécessité d’attribuer le traitement le mieux adapté à chaque profil moléculaire, il est de première importance de définir les sous-types tumoraux. De cette meilleure connaissance découleront également de nouvelles pistes thérapeutiques, qu’elles reposent sur des thérapies déjà existantes ou originales.

 

En savoir plus

A whole-genome sequence and transcriptome perspective on HER2-positive breast cancers

Anthony Ferrari, Anne Vincent-Salomon, Xavier Pivot, Anne-Sophie Sertier, Emilie Thomas, Laurie Tonon, Sandrine Boyault, Eskeatnaf Mulugeta, Isabelle Treilleux, Gaëtan MacGrogan, Laurent Arnould, Janice Kielbassa, Vincent Le Texier, Hélène Blanche, Jean-François Deleuze, Jocelyne Jacquemier, Marie-Christine Mathieu, Frederique Penault-Llorca, Frédéric Bibeau, Odette Mariani, Cécile Mannina, Jean-Yves Pierga, Olivier Trédan, Thomas Bachelot, Hervé Bonnefoi, Gilles Romieu, Pierre Fumoleau, Suzette Delaloge, Maria Rios, Jean-Marc Ferrero, Carole Tarpin, Catherine Bouteille, Fabien Calvo, Ivo Glynne Gut, Marta Gut, Sancha Martin, Serena Nik-Zaina, Michael R. Stratton, Iris Pauporté, Pierre Saintigny, Daniel Birnbaum, Alain Viari, Gilles Thomas

Nature Communications, DOI: 10.1038/ncomms12222, 13 juillet 2016