Actualité - Cancers ORL

Campagne Makesense : ensemble, prenons le cancer à la gorge !

12/09/2019
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Du 16 au 20 septembre se déroule la campagne Make Sense pour sensibiliser aux cancers de la tête et du cou. Malgré leur gravité et de prévalence croissante, ils sont peu connus du grand public. L'occasion pour l’Institut Curie de se joindre à l'effort de sensibilisation et mettre en avant son expertise de prise en charge de ces cancers meurtriers.

Make Sense cancers ORL

« Prenons le cancer à la gorge », tel est le slogan de la campagne de sensibilisation aux cancers de la tête et du cou qui aura lieu du 16 au 20 septembre prochains. 

La campagne, qui s’inscrit dans une démarche européenne « Make Sense campaign », sera organisée en France sous l’égide de la SFCCF (Société Française de Carcinologie Cervico-Faciale) avec Corasso (Association de patients, qui aide et informe les personnes touchées par un cancer tête et cou) et le soutien institutionnel du laboratoire Merck.

Des personnalités publiques s’impliquent autour de Frédéric Petitjean, scénariste, écrivain et réalisateur français, et de l’Institut Curie pour briser le tabou des cancers de la tête et du cou.

Le Dr Maria Lesnik, chirurgienne dans le service d’ORL de l’Institut Curie, et Frédéric Petitjean, réalisateur, sont à l’initiative de ce projet. Une séquence est réalisée avec Marion Barbeau et Vincent Chaillet premiers danseurs de l’Opéra de Paris. On voit, mêlés, les corps des danseurs, le tabac, l’alcool, une évocation de l’HPV (Human Papillomavirus) aussi, par la sensualité de leurs gestes. Plusieurs actrices et acteurs de théâtre et de cinéma (Pierre Lottin, Elodie Godart, François Bérard, Suzanne Marrot, Isabelle Renauld, Sarah Stern,Tugba Sunguroglu, Jackee Toto) sont filmés en portrait américain, et la voix off - enregistrement de ces mêmes comédiens et comédiennes - décline les points d’appels motivant une consultation.

Une campagne de films est dédiée à cette cause

Tout au long de la campagne, une série de vidéos seront diffusées. Pilotée par l’EHNS (European Head and Neck Society) et la SFCCF (Société Française de Carcinologie Cervico-Faciale), ces vidéos seront déployées en télévision, sur les réseaux sociaux et en salles de cinéma. Le Dr Maria Lesnik, chirurgienne dans le service d’ORL de l’Institut Curie, et Frédéric Petitjean, réalisateur, sont à l’initiative de ce projet. L’Institut Curie a financé la réalisation des films au format très courts Il débutent par une séquence réalisée avec les premiers danseurs de l’Opéra de Paris, Marion Barbeau et Vincent Chaillet. On voit, mêlés, les corps des danseurs, le tabac, l’alcool, une évocation de l’HPV aussi, par la sensualité de leurs gestes.

Frédéric Petitjean réalisateur explique :

J'ai vécu ce que je filme. Je sais la douleur comme je sais l'ignorance. Savoir ce que l'on risque, et ne plus décider d'ignorer. Reconnaître les signes pour ne plus les négliger et apprendre à s'écouter. J'ai choisi de montrer le mouvement parce qu'il est le premier signe de la vie, montrer le corps et ce qu'il peut cacher, et enfin le paradoxe de se battre contre soi-même. La vie est souvent une question de choix. J'ai fait celui de dire les choses et d'informer, de commencer par le mouvement pour finir sur la parole. Parler, boire, manger, respirer sont des privilèges qui prennent tous le même chemin... Notre gorge. Préservons-la…  

Une campagne d’information pour identifier les symptômes et amener à une consultation médicale plus précoce

Destinée au grand public et aux professionnels de santé, cette campagne a pour objectif de sensibiliser aux symptômes qui doivent alerter et à la règle du 1 symptôme pendant 3 semaines encore trop peu connue. Elle sera diffusée dans les centres de lutte contre le cancer et d’addictologie, au sein des pharmacies, des cabinets de généralistes.

Certains facteurs de risques tels que le tabagisme et la consommation d’alcool sont bien connus du grand public. Mais d’autres le sont beaucoup moins. C’est le cas par exemple du papillomavirus (HPV) qui peut être à l’origine de cancer des amygdales ou de la base de la langue, ou encore de l’exposition professionnelle aux poussières ou aux fumées toxiques. Ces cancers touchent des personnes plus jeunes, de même que les cancers rares qui peuvent se développer chez l’enfant ou encore la femme enceinte. Du fait de leur profil atypique ces patients sont souvent diagnostiqués tardivement, limitant les chances de rémission et augmentant les risques de séquelles. C’est vraiment dommage, car s’ils sont diagnostiqués à temps, les cancers tête et cou sont de mieux en mieux soignés.

explique Sabrina Le Bars Vice-Présidente de Corasso

Les idées reçues : explications

Malgré leur gravité et leur prévalence croissante, ils sont encore trop peu connus du grand public. Ces pathologies concernent des personnes de tout âge et sont mal perçues du grand public car souvent associées au tabagisme et à la consommation d'alcool. En effet, 85% des cancers de la tête et cou sont dus au tabac et un fumeur à 15 fois plus de risque de développer un cancer mais ils touchent aussi d’autres populations plus jeunes. Les hommes développent deux à trois fois plus de cancers de la tête et du cou et l’incidence augmente chez les femmes.


Les hommes sont encore plus touchés que les femmes mais nous constatons une augmentation de l’incidence chez ces dernières à cause du tabagisme. Nous observons également que les cancers des VADS dus au virus HPV touchent des sujets de plus en plus jeunes, entre 45 et 50 ans

témoigne le Pr Béatrix Barry Chef de Service ORL et chirurgie cervico-faciale Hôpital Bichat-Claude Bernard

Des cancers méconnus

Les cancers de la tête et du cou sont méconnus auprès du grand public. Pourtant, ils sont la septième cause de décès par cancer en Europe, presque aussi répandu que le cancer pulmonaire (50 %) et deux fois plus élevé que celui du col de l’utérus. En 2012, on estime le nombre de nouveaux patients diagnostiqués en Europe à plus de 150 000. Ils peuvent se développer sur plus de 30 zones au sein de la tête et du cou, et ont en général pour point de départ des cellules de la muqueuse respiratoire haute qui tapisse l’ensemble des voies aérodigestives supérieures (VADS).

Malgré sa sévérité et sa prévalence grandissantes, le niveau de dépistage et de prise en charge de ce type de cancer reste faible :

  • plus de 60 % des patients présentent une maladie localement avancée lors du diagnostic 
  • 60% des patients risquent de décéder au bout de 5 ans. Un dépistage et une prise en charge précoces permettent d’augmenter considérablement le taux de survie.

Facteurs de risque

  • Le tabac : les fumeurs présentent plus de risque que les non-fumeurs
  • L’alcool : les hommes qui boivent plus de trois verres par jour, et les femmes qui boivent plus de deux verres par jour ont significativement plus de risque de développer un cancer des VADS
  • Le virus HPV : l’incidence des cancers de la gorge augmente du fait de certains sous-types de papillomavirus

Prévalence

Même si les hommes développent deux à trois fois plus de cancers des VADS, l’incidence augmente chez les femmes. Ces cancers surviennent chez des patientes après 40 ans mais il a été récemment constaté une augmentation de ces cancers chez les sujets plus jeunes, notamment en raison de l’augmentation de l’incidence des cancers de la tête et du cou dus au papillomavirus (HPV).

Comment les repérer ?

La définition « 1 pour 3 » développée par les experts signifie que les médecins généralistes devraient adresser leurs patients à un spécialiste des VADS s’ils présentent un des symptômes suivants depuis plus de trois semaines. Perte de voix, enrouement, saignement de nez, douleur d’oreille, mal à la gorge, boule dans le cou, aphte, si l’un de ces symptômes persiste plus de 3 semaines, il est primordial de consulter un spécialiste. La définition du UN pour TROIS développée par les experts en Europe établit que les médecins généralistes devraient adresser un patient au spécialiste des VADS s’il présente UN des ces symptômes depuis plus de TROIS semaines. 

La principale difficulté de la prise en charge des cancers des VADS réside dans le fait que les symptômes sont d’une banalité déconcertante. En effet, ils sont ressentis par tous les Français, plusieurs fois dans l’année, et peuvent s’apparenter à un rhume, une rhino-pharyngite ou encore à un épisode viral bénin  

explique le Dr Maria Lesnik, chirurgienne à l’Institut Curie.