Actualité - Dernière minute

COVID-19 et radiothérapie, comment poursuivre les soins ?

10/04/2020
Partager

Tous comme les autres départements de l’Institut Curie accueillant des patients, le Département d’oncologie radiothérapie a dû mettre en place un certain nombre de mesures pour assurer la continuité des soins de ses patients et leur protection, ainsi que celle de son personnel. Entretien avec le Pr Gilles Crehange, chef du Département d’oncologie radiothérapie.

Gilles Crehange

Que change l’épidémie de coronavirus dans la prise en charge des patients atteints de cancer ?

Même si la radiothérapie est destinée à une majorité de patients en ambulatoire, notre priorité pendant la crise est de décaler les traitements non urgents (sein, prostate) et réduire le nombre de séances de radiothérapie, tout en garantissant des standards thérapeutiques validés nationalement ou internationalement. Nous devons revoir de façon élémentaire la radiothérapie.

En quoi consiste le rôle du Département d’oncologie radiothérapie dans la crise que nous traversons aujourd’hui ?

Plus de deux tiers des malades atteints de cancer va nécessiter dans son parcours de soins un traitement par radiothérapie. Ce traitement s’inscrit souvent dans une prise en charge multimodale à visée curative. Dans certaines tumeurs, la radiothérapie exclusive peut être curative (cancers de prostate, cancers ORL, cancers de vessie, cancers de l’œsophage, cancers du poumon localisés). Chez les patients à risque, dans le contexte de crise sanitaire lié à l’épidémie de COVID-19, ce traitement peut aussi constituer une alternative à certaines indications de chirurgie et permettre d’éviter une hospitalisation. Nos priorités sont de :

  1. Garantir une continuité des soins optimisée en cancérologie pour éviter toute perte de chances à nos patients.

  2. Réduire la circulation du virus dans l’Institut Curie.
  3. Protéger physiquement et psychologiquement au mieux nos équipes soignantes.

Y a-t-il des risques à poursuivre les traitements de radiothérapies lorsqu’on est atteint du coronavirus ?

Il n’y a pas d’interactions connues entre une infection à coronavirus et la radiothérapie qui seraient délétères. Le risque reste celui d’une exposition au virus à chaque entrée à l’hôpital, lors de chaque aller-retour en transports en commun ou dans la rue pour venir faire tous les jours sa séance de radiothérapie.

Comment pouvons-nous rassurer les patients de l’Institut Curie à ce sujet ?

Les patients peuvent être rassurés quant aux procédures mises en place actuellement dans notre service. Toutes ces mesures, parfois contraignantes visent à les protéger, ainsi que le personnel, en utilisant des circuits adaptés et des techniques de traitement privilégiées pour respecter ces circuits.

Nous avons mis en place 3 circuits de traitement : une machine dédiée pour le traitement des patients atteints du COVID-19 sur le site de Paris et deux circuits séparés sur les trois sites pour les patients COVID négatifs ou COVID suspects.

Les traitements sont donc actuellement dispensés avec des techniques qui peuvent être adaptées, dans des délais optimaux adaptés à leur pathologie. Certaines pathologies peuvent néanmoins être décalées de plusieurs semaines, en l’absence d’évolutivité ou en raison d’un traitement associé (traitement par hormones associé par exemple) permettant de différer le traitement en toute sérénité. Notre souci et notre priorité chaque jour dans cette période de crise sanitaire, sont de garantir la meilleure prise en charge de nos patients, et de leur éviter une infection inutile, autant que faire se peut.

Comment y êtes-vous parvenu ?

Une information pour expliquer cette organisation exceptionnelle a été diffusée sur tous les postes de traitement et envoyée à tous les patients en attente de traitement. Le rythme des consultations a été allégé avec un filtrage par les manipulateurs pendant la séance et des appels téléphoniques hebdomadaires pour évaluer les besoins en consultation. Comme dans les autres départements de l’Institut Curie, une téléconsultation est réalisée chaque fois que cela est possible et nécessaire pour éviter des déplacements. Rassurer les patients sur leur prise en charge en permettant d’organiser leur traitement pendant la période de confinement, ou à la sortie de la période de confinement, est notre priorité.