Actualité - Epigénétique et génétique

Le Grand Prix Inserm 2017 pour Edith Heard

30/11/2017
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C'est une nouvelle distinction, et pas des moindres, pour cette spécialiste de l'épigénétique. Le Grand Prix Inserm récompense une carrière jalonnée de découvertes sur un phénomène emblématique de l'épigénétique, l'extinction du chromosome X.

Edith Heard 2

 

Le Grand Prix Inserm 2017 a été décerné le 30 novembre à Edith Heard pour ses travaux sur l’épigénétique, en présence de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation ; de Cédric Villani, député ; de Bruno Sido, sénateur, président et premier vice-président de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst).

"L’épigénétique c’est tous les changements d’expression des gènes, stables ou réversibles mais qui n’impliquent pas un changement de la séquence de l’ADN", rappelle Edith Heard, professeure au Collège de France et directeur d'une unité de recherche à l'Institut Curie, invitée sur le plateau d’une chaine d’information nationale avant la remise du grand prix Inserm, une haute distinction dans la recherche française.

L’épigénétique, Edith Heard en a fait son affaire dès son stage postdoctoral effectué dans le laboratoire de Philip Avner à l’Institut Pasteur en 1990 sur l’inactivation du chromosome X. Elle a ensuite été recrutée au CNRS. Aujourd’hui Professeure au Collège de France et à la tête de l’unité de recherche de génétique et biologie du développement (Inserm/CNRS/Institut Curie), elle continue de décrypter la régulation épigénétique au cours du développement ainsi que la dérégulation dans les cellules cancéreuses du chromosome X.

L’épigénétique c’est tous les changements d’expression des gènes, stables ou réversibles mais qui n’impliquent pas un changement de la séquence de l’ADN

La chercheuse a découvert une partie des mécanismes épigénétiques qui régulent l’inactivation du chromosome X et le rôle de l’organisation nucléaire dans ce processus. La problématique était de comprendre comment un seul ARN non-codant peut éteindre les 1300 autres gènes portés par le chromosome X. Au cours de leur recherche, l’équipe d’Edith Heard découvre en 2012 en collaboration avec l’équipe américaine de Job Dekker (UMass Medical School, Worcester, USA), l’existence d’un niveau d’organisation des chromosomes en forme de pelotes – appelées des Régions topologiques d’interaction (Topologically Associating Domains - TADs) – dans lesquelles se regroupent souvent les gènes qui doivent être régulés de manière coordonnée au cours du développement de l’embryon, mais aussi à l’âge adulte. En 2016, ces deux mêmes équipes ont aussi montré que ces "pelotes" sont globalement perdues sur le chromosome X inactif, sauf dans des régions où des gènes continuent à s’exprimer. Ces découvertes ont contribué à comprendre l’importance de la structure tridimensionnelle et de l’épigénétique dans l’interprétation du génome.

Au-delà de ses activités de recherche et d’enseignement, Edith Heard s’attelle au développement de PAUSE, un programme national piloté par le Collège de France, qui vise à développer une science sans frontière, en accueillant en urgence les scientifiques en exil en provenance de pays où la situation politique ne leur permet plus d’exercer leur métier et met leur vie et celle de leur famille en danger. En 2019, Edith Heard deviendra la Directrice Generale de l’European Molecular Biology Laboratory (EMBL), un événement significatif pour cette Européenne convaincue.