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Pour plus de transparence sur le prix des médicaments

05/04/2017
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Dans une tribune parue le 5 avril sur le site The Conversation, le président de l’Institut Curie, Thierry Philip, revient sur le prix – souvent non fondé par manque de transparence – des médicaments innovants contre le cancer.

président de l'Institut Curie

Il y a un an, un groupe de cancérologues dont faisait partie Thierry Philip alertait la ministre de la santé sur le prix des nouveaux médicaments. Aujourd’hui le président de l’Institut Curie réitère son inquiétude dans une tribune parue dans the Conversation. Il craint en effet que l’accès de tous les patients aux anti-cancéreux innovants ne soit bientôt plus possible.

Or comme il le rappelle dans cette tribune « Il est encore temps d’éviter une situation qui posera un grave problème éthique, à condition de repenser entièrement le système de régulation du prix des médicaments en France, mais aussi dans le monde »

Aujourd’hui en France, les médicaments anticancéreux – chimiothérapies, hormonothérapie et immunothérapie –, représentent 2 % des dépenses de l’assurance-maladie, soit 3 milliards d’euros. Ce coût est en augmentation de 200 millions d’euros chaque année, ce qui a de quoi alerter et interroge sur la façon dont sont fixés les tarifs de ces médicaments. 

 

Plaidoyer pour plus de transparence

Pour certains – dont certains candidats à l’élection présidentielle - la solution réside dans la « licence d’office », un dispositif réglementaire permettant à un État d’autoriser l’exploitation d’un brevet par un tiers, sans le consentement du titulaire des droits et à un coût bien moindre. Pour Thierry Philip, ce moyen de pression peut être un bon moyen d’inciter l’industrie pharmaceutique à plus de transparence.

Et si on laissait les hôpitaux et cliniques, tout en conservant un budget réglementé, décider du prix qu’ils acceptent de payer pour un médicament donné.

Il est probable que les prix baisseraient alors considérablement, explique-t-il. La concurrence amènerait à évaluer le service réellement rendu par un médicament et c’est, de mon point de vue, une évolution inéluctable.

Un constat auquel il faut ajouter la diminution des coûts de la recherche et développement en oncologie, contrairement à ce qu’affirment les fabricants. Et Thierry Philip de préciser « Les molécules innovantes sont aujourd’hui essentiellement le fruit de la recherche publique, payée par les citoyens avec leurs impôts. »

Il est donc urgent de revoir le système de régulation des prix. Comment ? Le président de l’Institut Curie propose des solutions :

  • mobiliser le G7, le groupe de discussion des grandes puissances économiques, sur la mise au point d’un dispositif transparent à l’échelle mondiale,
  • dissocier les coûts de recherche et développement financés par le secteur public et ceux financés par les industriels.
  • fixer un tarif abordable à l’aide d’un observatoire international, en accès libre, qui comparerait en temps réel les prix d’un même médicament d’un pays à l’autre.

Ces solutions immédiatement applicables favoriseraient le retour à des prix abordables pour les médicaments innovants.