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VIH : une clé vers la guérison fonctionnelle

05/05/2017
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ABX464, une molécule issue de la chimiothèque de l’Institut Curie, développée par la société de biotechnologie Abivax, en collaboration avec le CNRS et l’Université de Montpellier vient de confirmer son potentiel thérapeutique contre le VIH.

laboratoire-recherche

Tout a commencé en 2002 pour la molécule ABX464 dans la chimiothèque de l’Institut Curie. Cette « banque » de molécules chimiques qui contient plus de 10 000 substances permet de tester en haut débit des candidats médicaments. C’est l’une des plus grandes en France.

Cette année-là, se rappelle Florence Mahuteau-Betzer, responsable de cette banque de molécules chimiques, dans le cadre d’un partenariat, un chercheur de Montpellier a criblé tous les composants de la chimiothèque à la recherche de molécules intéressantes contre le VIH. Le succès a été au rendez-vous puisque la future ABX464 a ainsi pu être identifié. « Une société – qui deviendra Abivax [NDLR]–  a été créée et une collaboration entre l’Institut Curie et cette société a débuté, enchaîne la chimiste. Deux personnes ont été recrutées par Abivax et hébergées à Orsay dans mon équipe associée au CNRS et à l’université Paris-Sud. Ce sont eux qui ont « fabriqué » la molécule en 2009 qui est aujourd’hui l’objet de l’essai clinique prometteur. » Aujourd’hui les deux chercheurs travaillent non seulement sur ce projet, mais aussi sur l’identification de nouvelles molécules principalement pour lutter contre le Chikungunya.

 

ABX464, une molécule qui s’attaque aux réservoirs du VIH

Si nous partageons la copropriété du brevet avec Abivax, le CNRS et l’Université de Montpelier, c’est Abivax qui en assure l’exploitation explique Bernardin Akagah, Chargé d’Affaires pour la Chimie à la Direction de la Valorisation et des Partenariats Industriels à l’Institut Curie.

Or récemment Abivax, société de biotechnologie ciblant le système immunitaire pour éliminer des maladies virales, vient d’annoncer la fin d’une étude clinique de phase 2 dont les résultats préliminaires mettent en évidence que la molécule ABX464 a le potentiel de devenir un élément clé de guérison fonctionnelle du VIH.

C’est la première fois que nous observons un signal obtenu par un candidat médicament démontrant qu’il serait possible de réduire les réservoirs du VIH chez les patients, déclare dans le communiqué d’Abivax, le Pr Linos Vandekerckhove, directeur du HIV Cure Center au sein du département de Médecine Interne Générale à l’Université de Gand en Belgique et investigateur principal de l’étude.

ABX464, le candidat médicament vient en effet de démontrer la première réduction des réservoirs du VIH jamais observée chez les patients chroniques atteints du VIH, mesurée selon la quantité d’ADN viral détectée dans les cellules périphériques mononuclées du sang. Car ce sont dans ces fameux réservoirs du VIH que le virus se cache pour échapper aux antirétroviraux. Donc même s’il est encore trop tôt pour parler d’éradication, c’est déjà un premier pas vers une guérison fonctionnelle.

Une avancée majeure à laquelle l’Institut Curie est associé puisque le brevet de la petite molécule ABX464 est en partie issu de ses laboratoires..

C’est une belle illustration de la dynamique de transfert de technologies à l’Institut Curie et de la force de la labélisation Carnot « Curie Cancer », un programme qui vise à développer la recherche entre laboratoires publics et entreprises privées et dont l’Institut Curie bénéficie depuis 2005, ajoute Amaury Martin, directeur de la Direction de la Valorisation et des Partenariats Industriels à l’Institut Curie.

Abivax a déjà fait savoir son intention de poursuivre le développement d’ABX464 au bénéfice des patients infectés par le VIH. D’ailleurs une nouvelle étude clinique a récemment débuté pour étudier l’effet d’ABX464 sur les réservoirs du VIH dans les tissus de l’intestin.