Actualité - Portrait

Albertas Navickas, les organoïdes pour mieux comprendre les métastases

26/04/2022
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Récemment arrivé à l’Institut Curie, Albertas Navickas, nouveau Junior Principal Investigator, travaille sur le cancer du sein et s’apprête à constituer une équipe ARN, microenvironnement tumoral et métastase, rattachée à l’unité Intégrité du génome, ARN et cancer (CNRS UMR3348 / Université de Paris-Saclay), à Orsay.

Albertas Navickas

Comment a débuté votre parcours ?

"Je suis originaire de Lituanie, où j’ai fait des études supérieures de biochimie avant de faire un Erasmus à Paris. Je faisais alors un double cursus, en biologie et en musique, au conservatoire de Paris, pour étudier la composition. Cette expérience m’a tellement plu que j’ai voulu continuer mes études en France.

J’ai fait ma thèse en génétique à l’Institut de Biologie Physico-Chimique, situé sur le campus de l’Institut Curie à Paris, où j’ai étudié le métabolisme de l’ARN. Je suis ensuite parti aux Etats-Unis pour mon post-doc, à l’University of California San Francisco où j’ai travaillé sur les mécanismes de régulation génique impliqués dans la progression du cancer. Cela mêle la biologie fondamentale à des aspects cliniques."

Sur quoi travaillez-vous aujourd’hui ?

"Je travaille sur la progression du cancer du sein et l’apparition des métastases dans le poumon. Ce passage d’un site primaire, le sein, à un site distant, les poumons, est toujours la raison principale de la mortalité chez les patients atteints de cancer. A un stade avancé, les approches thérapeutiques ne sont pas suffisamment efficaces. Pour mieux imaginer des solutions thérapeutiques, il faut d’abord comprendre comment la maladie s’étend. Les cellules cancéreuses sont comme des graines : l’environnement dans lequel elles poussent est important.

C’est ce qui m’a poussé à me pencher sur l’interaction entre la cellule cancéreuse et son site métastatique. Cette niche, ce microenvironnement, est modifié par les cellules cancéreuses pour le rendre permissif à leur croissance. Pour modéliser la niche métastatique, j’ai utilisé des organoïdes pulmonaires*, bien plus pratiques pour comprendre étape par étape l’interaction entre les cellules cancéreuses et leur environnement. Avec les organoïdes, tout est reproductible et multipliable à grande échelle. De plus, ces organoïdes sont d’origine humaine : c’est leur plus grand avantage par rapport au modèles animaux tels que les souris."

Que représente l’Institut Curie pour vous ?

"J’étais vraiment heureux lorsque j’étais en thèse à Paris et en partant à l’étranger, j’ai toujours su que je voulais rentrer en France par la suite. C’est donc une vraie chance de pouvoir créer mon laboratoire à l’Institut Curie, un lieu de référence pour la recherche en cancérologie. Une ingénieure d’études va rejoindre mon équipe ainsi que très certainement un ou une technicienne. Nous proposons également un sujet de thèse pour qu’un ou une étudiante rejoigne l’équipe en octobre.


Ma mission à l’Institut Curie sera de réunir plusieurs compétences : la recherche sur les métastases du côté cancérologie, leur modélisation avec les organoïdes pulmonaires, et la recherche fondamentale visant à comprendre comment les cellules cancéreuses communiquent avec le site métastatique à distance. Combiner ces aspects ouvrira la voie à l’accélération de la recherche sur les mécanismes métastatiques."

 

* Les organoïdes sont des structures in vitro fabriquées à partir de cellules souches. Elles reproduisent l’anatomie d’un organe à toute petite échelle et sont utilisées comme modèle de recherche.