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Cancer du col de l’utérus : de nouveaux biomarqueurs identifiés pour prédire l’efficacité de la radio-chimiothérapie

26/10/2020
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En étudiant des échantillons tumoraux collectés dans le cadre du projet européen RAIDS*, des chercheurs et médecins de l’Institut Curie ont mis en évidence le rôle de certaines voies de signalisation et celui particulier d’une protéine, la béta-caténine, dans la réponse au traitement des formes graves de cancer de col de l’utérus.

Publi col de l'uterus

De nouvelles perspectives dans la prise en charge de cette maladie provoquée par une infection persistante du papillomavirus humain (HPV)

Près de 570 000 nouveaux cas de cancers du col de l’utérus sont diagnostiqués chaque année dans le monde. Le traitement repose en général sur la chirurgie quand la maladie est prise à un stade précoce et sur l’association radiothérapie-chimiothérapie (dite radio-chimiothérapie) pour les cas les plus avancés. Mais ce dernier traitement guérit à peine plus de la moitié des patientes concernées par ces formes critiques. De nombreux progrès restent à faire pour mieux cerner le profil tumoral des malades et leur proposer ainsi une thérapie plus appropriée.

C’est dans ce sens que les collaborateurs du Programme Médico-Scientifiques de l’Institut Curie, le Dr Suzy Scholl, oncologue médical et spécialiste des cancers féminins et Maud Kamal, PhD et manager scientifique du D3i (Department of Drug Development and Innovation) en collaboration avec le Pr Aurélien Latouche et Jonas Beal, PhD., de l’Equipe Méthodes statistiques pour la médecine personnalisée (U900 Institut Curie / Inserm / Mines-Paris-Tech) ont ré-analysé les résultats de l’essai BioRAIDs** (Scholl et al., EBM 2019) afin de déterminer quelles altérations géniques seraient susceptibles de servir de biomarqueurs.

Cette nouvelle analyse intégrative des données cliniques et omiques de 89 patientes parue dans eBiomedicine ce mercredi montre que, pour une même voie de signalisation, ici la voie « Wnt », la seule modification terminale d’une protéine, la bêta-caténine, pouvait aboutir, soit à une bonne réponse au traitement et une survie sans récidive (dans sa version Pβ-Cat552), soit à une progression de la maladie (dans sa version pβ-Cat675).

D’autre part, les chercheurs ont constaté que les altérations génétiques provoquées par le papillomavirus dans neuf gènes étaient un facteur de mauvais pronostic chez certaines patientes traitées par radio-chimiothérapie et que d’autres dommages moléculaires, au contraire, favorisaient la bonne réponse au traitement. Plus généralement, les résultats des chercheurs montrent l’implication dans le pronostic vital des patients de différentes voies de réparation de l’ADN, p53 et PI3K ainsi que de nombreux régulateurs épigénétiques.

Ces découvertes, qui nécessitent d’être confirmées sur une population plus large, révèlent des pistes potentielles de thérapies moléculaires ciblées contre ces voies p53, Wnt, PI3K et contre les gènes régulateurs épigénétiques. Les deux formes de la béta-caténine, quant à elles, peuvent constituer des biomarqueurs utiles pour prédire le résultat de la chimio-radiation et améliorer la prise en charge des malades.

*Le consortium RAIDs est la première étude européenne de grande ampleur avec collecte d’échantillons et analyses moléculaires de cancers du col de l’utérus. Piloté par l’Institut Curie, il s’est déroulé dans sept pays européens et a permis la caractérisation moléculaire du cancer du col pour mieux mette en place des essais thérapeutiques selon les altérations identifiées.

**BioRAIDs est l’infrastructure de collecte de tous les prélèvements tumoraux dans les pays européens participants à RAIDS. 741 patientes ont été incluses dans cette biobanque.

En savoir plus : Genetic markers and and phosphoprotein forms of beta-catenin pβ-Cat552 and pβ-Cat675 are prognostic biomarkers of cervical cancer

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