Actualité - Radiothérapie

Philip Poortmans : « Continuer le combat de Marie Curie »

03/11/2017
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Le 7 novembre 2017, à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance de Marie Curie, le Pr Philip Poortmans, chef du département de radiothérapie oncologique de l’Institut Curie, s’est vu attribuer la 1ère chaire PSL-Institut Curie de radiothérapie.

Poortmans-Philip

Que va apporter la création de cette 1re chaire professorale conjointe PSL-Institut Curie ?

Philip Poortmans : Cette chaire montre tout d’abord l’investissement majeur de l’institut dans la formation. C’est une mission clé car les étudiants d’aujourd’hui seront les chercheurs, les médecins, les techniciens et les soignants de demain.

En ce qui concerne la radiothérapie oncologique, il est plus que jamais important de former tous les spécialistes concernées (dosimétristres, physiciens médicaux, onologues-radiothérapeutes, manipulateurs...) aux dernières évolutions en ce domaine. En plus, la radiothérapie oncologique est de plus en plus souvent associée à d’autres traitements, ce qui rend encore plus important le travail multidisciplinaire avec les autres spécialistes. L’ensemble des oncologues et des chercheurs doivent donc aussi être sensibilisés.

En tant que oncologue-radiothérapeute, que représente pour vous Marie Curie ?

PP : Marie Curie, c’est la mère de la radiothérapie oncologique. Dès le début, elle a vu les applications variées qu’on pouvait faire de la découverte de la radioactivité, en physique, en chimie et en médecine bien sûr, alors qu’elle n’était pas médecin. Aujourd’hui, la radiothérapie externe et la curiethérapie sont des éléments indispensables de la prise en charge de nombreux patients, aux côtés de la chirurgie et des traitements médicamenteux. Elle est utilisée dans le traitement de près de 60 % des patients atteints de cancer. Nous devons impérativement continuer le combat de Marie Curie pour que la radiothérapie oncologique progresse encore davantage. 

Quelle place ont occupé Marie Curie et l’Institut Curie dans les progrès de la radiothérapie oncologique ?

PP : Depuis le début du XXe siècle, où Marie Curie signait les premiers certificats d'utilisation du radium pour ses applications médicales, les choses ont considérablement évolués. Si, dans un premier temps, le radium fut utilisé, mais c'est surtout aux radio-élèments découverts plus tard, puis aux faisceaux d’électrons et de photons, suivi par des particules qui ont ensuite pris leur relais que l'on doit les plus grandes avancées en matière de oncologie-radiothérapie. Beaucoup, comme la curiethérapie ou la bombe à radium, ont vu le jour à l'Institut du Radium (aujourd’hui Institut Curie, ndlr), entre 1911 et 1913, sous l'impulsion de Marie Curie et du médecin Claudius Regaud. C'est aussi à l'Institut du Radium que François Baclesse, à la fin des années 30, met fin à la mutilation quasi systématique des femmes atteintes de cancer du sein en jetant les bases du traitement dit « conservateur », alliant radiothérapie seule ou associée à une chirurgie minimale, devenu depuis une référence. Depuis ces jours des pionniers, les progrès ont continués à se multiplier : en 2004, développement de la radiothérapie asservie à la respiration, en 2006, 1er traitement d’un enfant de moins de 4 ans en protonthérapie grâce au développement de l’anesthésie, en 2007, 1er patient traité par tomothérapie en France.

Quelles sont les dernières innovations et les perspectives dans le domaine de la radiothérapie ?

PP : De plus en plus, la radiothérapie oncologique sera associée à d’autres traitements, comme l’immunothérapie. L’Institut Curie est parfaitement positionné pour mettre en œuvre ces nouvelles stratégies. Ainsi, le site d’Orsay se consacre à la mise au point de nouvelles combinaisons particulièrement innovantes entre radiothérapie, immunothérapie et radiosensibilisateurs. Il reste beaucoup à faire, mais la chaire Marie Curie de radiothérapie oncologique permettra de sensibiliser les futurs médecins à ce sujet et de les inciter à collaborer entre spécialistes de différentes disciplines.

 

Pour en savoir plus sur Philip Poortmans

1986 : Diplôme de Médecin
1986 à 1990 : Formation en radio-oncologie
2005 : PhD sur l’Assurance de la qualité dans les essais cliniques sur le cancer du sein
2005 : membre du conseil d’administration de la Société européenne de radiothérapie et d'oncologie (ESTRO)
2014 à 2016 : président de l’ESTRO
2018 à 2020 : Président de l’ECCO (European CanCer Organisation).

Au cours des 25 dernières années, Philip Poortmans s’est intéressé à de nombreux aspects des essais cliniques, tels que l'assurance qualité et l'optimisation de la gestion du cancer du sein, du lymphome malin, de l'urologie et des tumeurs rares. Il a également participé à l’élaboration de nombreux « guidelines » pour la prise en charge des cancers. Il a parallèlement toujours œuvré pour faciliter et stimuler le développement de la recherche fondamentale, translationnelle et clinique.

Le Pr Philip Poortmans a rejoint l’Institut Curie en mars 2017 pour prendre la tête du département de radiothérapie oncologique qui est l’un des plus complets en Europe avec notamment un centre de protonthérapie. On y accueille des patients venus de toute la France et du monde entier. Le département a effectué en total plus de 5 000 traitements de radiothérapie l'an dernier.