Actualité - Recherche clinique

Un anticorps pour lutter contre les cancers ovariens

20/10/2017
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La start-up GamaMabs en collaboration avec l'Institut Curie et Gustave Roussy lancent une étude clinique pour lutter contre le cancer de l’ovaire. Cette pathologie touche le plus souvent les femmes autour de 65 ans et est souvent découvert à un stade avancé.

Co-culture de la lignée tumorale ovarienne

Co-culture de la lignée tumorale ovarienne COV434 exprimant le récepteur AMHRII avec des macrophages seuls (A gauche) ou en présence d’un anticorps contrôle inactif (au centre) ou de l’anticorps…

L’hormone « anti-Müllérienne » (AMHRII) joue un rôle primordial dans la différenciation sexuelle chez l’embryon humain. Elle n’est plus exprimée chez l’adulte, sauf au niveau de quelques cellules localisées dans les organes sexuels. Des études ont montré une forte expression du récepteur de cette hormone au niveau des cellules tumorales de différents cancers dont les cancers de l’ovaire.

Des tests en milieu de culture ont montré que les substances qui bloquent l’activité de l’hormone anti-Müllérienne ont la capacité de diminuer la multiplication et la survie des cellules tumorales. Suivant ce postulat, la société Gamamabs a développé un anticorps dirigé contre ce récepteur hormonal. Pour valider son potentiel thérapeutique chez les patientes atteintes de cancer de l’ovaire, un projet collaboratif a été initié entre :

  • L’Institut Curie (Laboratoire d’Investigation Préclinique, Dr Didier Decaudin et le laboratoire de pathologie expérimentale, Drs Anne Vincent-Salomon et Didier Meseure)
  • L’UMR8104 du CNRS de l’hôpital Cochin (Dr Emmanuel Donnadieu)
  • Et la Société Gamamabs.

L’étude s’est déroulée en trois étapes. Une première partie du travail a confirmé par différentes méthodes l’expression du récepteur de l’hormone « anti-Müllérienne » dans 60 à 80% des tumeurs de l’ovaire de patientes ou de modèles précliniques (lignées cellulaires et tumeurs greffées). Une seconde investigation a montré que le mécanisme d’action principal de cet anticorps passait par les cellules macrophagiques du système immunitaire, avec en particulier une levée de l’inhibition immunitaire pro-tumorale fréquemment observée au cours du développement des cancers. Enfin, un troisième pan du projet a révélé un effet de l’anticorps de ralentissement sur la croissance de tumeurs, principalement en combinaison avec une chimiothérapie classique utilisée dans le cancer de l’ovaire.

« Ce résultat illustre le continuum entre la recherche translationnelle et la recherche clinique telle que menée actuellement à l’Institut Curie, en particulier par l’utilisation des modèles tumoraux pertinents développés par le Laboratoire d’Investigation Préclinique. » Didier Decaudin

L’ensemble de ce travail a été publié dans la revue Oncotarget. Les résultats ont validé le potentiel thérapeutique de cet anticorps et permis d’initier une étude clinique chez des patientes porteuses de cancer ovarien. Cette étude est actuellement en cours sur deux centres anti-cancéreux, l’Institut Curie (sous la direction du Dr Christophe Le Tourneau, responsable des essais précoces) et l’Institut Gustave Roussy.

En savoir plus

The humanized anti-human AMHRII mAb 3C23K exerts an anti-tumor activity against human ovarian cancer through Tumor-Associated Macrophages
Houcine Bougherara, Fariba Némati, André Nicolas, Gérald Massonnet, Martine Pugnière, Charlotte Ngô, Marie-Aude Le Frère-Belda, Alexandra Leary, Jérôme Alexandre, Didier Meseure, Jean-Marc Barret, Isabelle Teulon-Navarro, André Pélegrin, Sergio Roman-Roman, Jean-François Prost11, Emmanuel Donnadieu, Didier Decaudin
Oncotarget

Légende de la figure : Co-culture de la lignée tumorale ovarienne COV434 exprimant le récepteur AMHRII avec des macrophages seuls (A gauche) ou en présence d’un anticorps contrôle inactif (au centre) ou de l’anticorps 3C23K (à droite).