Actualité - Sarcomes

Sarcome : l’Institut Curie dispose de toutes les techniques

18/07/2018
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Déjà centre expert européen pour la prise en charge des sarcomes, des cancers rares des tissus mous, l’Institut Curie a franchi le 18 juillet un nouveau cap en réalisant une perfusion de membre sous circulation extra corporelle pour un sarcome localement évolué du bras.

Dr Sylvie Bonvalot


« Les sarcomes touchent environ 5000 personnes chaque année en France », explique le Dr Sylvie Bonvalot, chirurgienne spécialiste de ce cancer qui se développe dans les tissus de soutien qui relient les différentes structures du corps ou constituent la paroi des organes. Ils peuvent survenir dans de nombreuses parties de l’organisme – abdomen, jambes, bras... – et atteindre des tailles importantes. Leur prise en charge, notamment en ce qui concerne la chirurgie, est donc compliquée et doit être pratiquée dans un centre expert. « La survie globale des sarcomes abdominaux à 5 ans est meilleure de 20% dans les centres experts comparativement aux autres, » rappelle la chirurgienne.

A chaque cas, son traitement

Pour certaines formes localement très évoluées touchant les membres, l’une des options est la "perfusion de membre isolé" de chimiothérapie sous circulation extra corporelle. Cette technique consiste à isoler de la circulation sanguine un bras ou une jambe atteint d’un sarcome par un garrot, le membre étant perfusé par une circulation extracorporelle. Elle permet de délivrer des doses de médicaments anticancéreux beaucoup plus élevées – pouvant être jusqu’à 10 fois supérieures  – que s’ils étaient administrés par voie générale. « La mise en place de cette technique repose sur l’intervention de plusieurs spécialistes – chirurgien, médecins nucléaires et anesthésistes etc. et nécessite une accréditation du centre qui la pratique », décrit le Dr Sylvie Bonvalot.

Elle nécessite en effet l’utilisation d’isotopes dans la circulation extra corporelle afin de s’assurer que le membre est bien isolé du reste de l’organisme, car les doses utilisées sont très élevées et qu’il faut contrôler qu’il n’y a pas de fuite de médicament vers la circulation générale. Cette technique a été développée en France par le Dr Bonvalot en 1999 à l’IGR, ou elle en a pratiqué plus de 400. Cette intervention a été réalisée pour la 1ère fois le 18 juillet à l’Institut Curie en hyperthermie. Le patient présentait un sarcome évolué du bras qui ne pouvait pas être opéré de manière conservatrice satisfaisante. Le bras a été isolé par la circulation extra corporelle et la température a été montée à 38°C afin de faciliter l’action de la chimiothérapie, une association de TNF-α et de melphalan. Le TNF-α entraîne la nécrose des vaisseaux sanguins et augmente la perméabilité des cellules tumorales au melphalan, qui utilisé seul serait inefficace.
Comme l’a déjà montré Sylvie Bonvalot dans deux essais cliniques qu’elle a coordonné auparavant, cette technique permet d’éviter l’amputation des membres atteints de sarcomes très évolués chez plus de 80 % des patients concernés avec une réponse histologique complète tumorale dans près de 30 % des cas. A terme elle devrait pouvoir être proposée à 12 à 15 patients chaque année à l’Institut Curie, car heureusement cette situation est actuellement rare.

Suite à l’accréditation par le groupe d’experts internationaux présents le 18 juillet, l’Institut Curie propose désormais l’ensemble des techniques spécialisées du traitement des sarcomes aux patients et renforce ainsi sa position de centre expert européen dans ce domaine.