Reportage photos Septembre en Or, cancer du nourrisson

Les innovations thérapeutiques

19/08/2022
Partager
Les innovations thérapeutiques pour les cancers de mauvais pronostic

Le neuroblastome

Le neuroblastome, cancer rare touche les très jeunes enfants avec un pic autour de 18 mois. Il fait partie des cancers de mauvais pronostic. Des travaux leaders au niveau international de l’Institut Curie - le projet GIANT-NG - ont permis de montrer que certains bébés avec un profil génomique spécifique avaient un risque de récidive et de décès très faibles.

Ce sont des patients pour lesquels on peut se permettre d’éviter un traitement »

Explique Gudrun Schleiermacher, pédiatre et chercheuse, directrice adjointe pour la recherche translationnelle du SIREO.

Cette recherche doit aussi permettre de comprendre pourquoi certains profils ne répondent pas aux traitements.

Les altérations génétiques, au cœur de ces travaux, peuvent moduler en cours de traitement. « On se base une première fois sur la biopsie de la tumeur, puis on n’y revient plus », explique Gudrun Schleiermacher. Toutefois, la recherche a montré que des biomarqueurs pouvaient également être retrouvés dans l’ADN circulant dans le sang. « On peut ainsi détecter des rechutes et cibler des profils moléculaires spécifiques. » A terme, l’ADN circulant pourrait même permettre une détection plus en amont que les imageries.

L’essai NANT, une étude internationale, est en cours afin d’évaluer le potentiel du lorlatinib, un inhibiteur de la protéine ALK, impliquée dans le développement de plusieurs types de cancers. Ce médicament cible la protéine activée et n’est destiné qu’aux patients porteurs d’une mutation du gène ALK. « Cet essai est important car il va nous permettre d’évaluer le profil de toxicité ainsi que les doses à administrer aux jeunes patients », précise Gudrun Schleiermacher, investigatrice principale de ces travaux. L’enjeu est de savoir si cette molécule pourrait être proposée dès le diagnostic de la maladie.

 

Les tumeurs cérébrales

Les tumeurs rhabdoïdes

Les tumeurs rhabdoïdes, rares et agressives, se développent principalement durant la petite enfance. Elles sont la plupart du temps observées dans le système nerveux central, sous le nom de tumeurs rhabdoïdes tératoïdes atypiques (ATRT). La survie globale ne dépasse pas les 40%. Des travaux majeurs (CITER) de l’Institut Curie ont permis d’identifier une réponse immunitaire d’origine épigénétique. « Nous avons pu observer des réponses spectaculaires, transitoires et pas constantes pour le moment. Mais c’est un véritable changement de paradigme : les immunothérapies, réputées efficaces sur les tumeurs avec de nombreuses mutations fonctionnent aussi sur certaines tumeurs rhabdoïdes, qui sont précisément l’exemple opposé », explique Franck Bourdeaut, pédiatre et oncologue à l’Institut Curie.

Les gliomes malins

Un essai mondial portant sur des tumeurs très rares avec fusion du gène ALK, a été ouvert à l’Institut Curie et concerne en particulier les nourrissons atteints de formes particulières de gliomes malins. Cette pathologie concerne moins de 5 malades en France chaque année : ces tumeurs cérébrales rarissimes sont souvent volumineuses, entrainant à la fois une menace vitale et un risque de retentissement sur le développement cognitif et neurologique des patients. « Le médicament à l’essai, l’Alectinib, agit en inhibant spécifiquement la prolifération cellulaire des cellules porteuses d’un gène de fusion impliquant ALK. L’espoir est d’obtenir une réponse tumorale suffisante pour diminuer le volume lésionnel et permettre une chirurgie dans de meilleures conditions, épargnant davantage le développement neurocognitif », explique François Doz, directeur adjoint du SIREDO.

Le médulloblastome

Le médulloblastome, tumeur maligne du cerveau la plus fréquente chez l’enfant, se développe dans le cervelet. Touchant une centaine d’enfants en France, ces tumeurs se classent en quatre groupes, dont le groupe 3 ont le moins bon pronostic. « La tumeur apparaît souvent avant 3 ans et métastase », explique Olivier Ayrault, chef d'équipe de recherche Signalisation, développement et tumeurs cérébrales à l’Institut Curie. Pour essayer de venir à bout de ce type très agressif de médulloblastome, les chercheurs de l’Institut Curie ont essayé de cibler une des rares voies de signalisation (TGFβ/activine), présente dans 5 à 10% des cancers. Un potentiel médicament est déjà en phase de recherche clinique : le galunisertib, à l’essai chez l’adulte, et qui cible la même activation. Un espoir pour des enfants chez qui les traitements classiques ont échoué.