Le rétinoblastome

29/03/2017
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Le rétinoblastome constitue l’une des tumeurs cancéreuses de l’enfant les plus courantes. Il se soigne particulièrement bien, pour peu qu’il soit diagnostiqué à temps.

Pédiatrie

Le rétinoblastome, qu’est-ce que c’est ?

Tumeur cancéreuse de l’œil, le rétinoblastome atteint les cellules de la rétine. Relativement simple, le diagnostic reste parfois encore trop tardif. Pourtant, les signes cliniques tels que le reflet blanc dans la pupille ou la présence d'un strabisme sont bien connus et doivent impliquer un examen ophtalmologique avec fond d’œil dans les meilleurs délais. La précocité du diagnostic conditionne la mise en œuvre de traitements conservant au mieux les yeux la vision.

Le rétinoblastome survient, pour la moitié des cas, dans un contexte de prédisposition génétique. L'enfant est porteur d'une anomalie constitutionnelle du gène RB1, c’est-à-dire d’une mutation présente dans toutes ses cellules. Cette anomalie confère alors un risque très élevé (90%) de développer un rétinoblastome. 

Une fois la mutation RB1 familiale identifiée chez une personne ayant eu un rétinoblastome, des consultations spécifiques permettent de proposer un test individuel aux apparentés (fratrie, cousins, descendants) indemnes de la maladie mais potentiellement porteurs de la mutation. Ceci dans le but de mettre en place une surveillance ophtalmologique en milieu spécialisé pour dépister précocement l’apparition possible de la maladie. Les sujets porteurs d’une anomalie constitutionnelle du gène RB sont également à risque de développer des deuxièmes cancers d’une façon significativement plus élevée que la population générale (sarcomes, pinéaloblastome, mélanome, gliomes…). Certains de ces deuxièmes cancers peuvent être favorisés par les traitements du rétinoblastome lui-même.

La prise en charge de ce type de cancer à l’Institut Curie

L'Institut Curie est le centre de référence en France pour la prise en charge du rétinoblastome et est l’un des plus importants au monde. La prise en charge pluridisciplinaire implique les équipes :

  • D’onco-ophtalmologie
  • D’oncologie pédiatrique
  • D’anesthésie-réanimation
  • D’imagerie
  • D’anatomo-pathologie (biologie des tumeurs/biopathologie)
  • De génétique oncologique
  • De radiothérapie

Les traitements sont de plus en plus efficaces et diffèrent suivant la localisation et le volume de chaque tumeur, ainsi que de l’âge de l’enfant. Le pronostic visuel peut être compromis selon la localisation des tumeurs et l'impact des traitements sur la rétine.

Parfois, une chimiothérapie préalable est réalisée afin de permettre d'éventuels traitements conservateurs (lorsque l’œil est préservé). Plusieurs traitements locaux peuvent être proposés par la suite :

  • la thermochimiothérapie, qui combine l’action d’un rayon laser diode provoquant une augmentation de la température au niveau tumoral et celle de la chimiothérapie
  • la cryothérapie, qui gèle la tumeur à plusieurs reprises en appliquant de très basses températures (- 60° à - 80°C)
  • la curiethérapie, qui utilise des disques contenant des grains d’iode radioactifs qui permettent une irradiation très localisée de la tumeur.
  • de nouveaux modes d’administration de chimiothérapies localisées sont également aujourd’hui possibles : chimiothérapie par voie intra artérielle dans l’artère ophtalmique (traitement effectué en partenariat avec la fondation Rotschild) et chimiothérapie directement intra-oculaire administrée au niveau du corps vitré.
  • L’indication de traitements conservateurs par irradiation externe (radiothérapie) n’est pratiquement plus retenue aujourd’hui en raison de ses effets secondaires, en particulier le risque de sarcome secondaire en territoire irradié.

Le développement des techniques de traitements conservateurs sans irradiation externe diminue notablement les indications d’énucléation. Toutefois, celle-ci reste encore souvent nécessaire dans les formes unilatérales et pour l’un des yeux dans les formes bilatérales.

La recherche sur le rétinoblastome

Dans les pays industrialisés, l’immense majorité des patients atteints de rétinoblastome guérit. Les efforts portent donc à la fois sur la diminution des séquelles liées à la maladie et aux traitements (préserver les yeux et la vision de l’enfant), la meilleure compréhension des mécanismes de la formation tumorale, la découverte et l’amélioration des traitements existants.

La recherche clinique porte à la fois sur l’implémentation des nouveaux traitements conservateurs et sur l’indication des traitements post-opératoires en cas d’énucléation.

L’Institut Curie est promoteur de deux essais cliniques (Rétino 2011 et RBSCFE 2009), les analyses statistiques étant réalisée dans l’Unité de biostatistiques de l’Institut Curie. Les enfants sont tous pris en charge en étroite collaboration avec les centres de la Société française de lutte contre les cancers de l’enfant et de l’adolescent (SFCE).

 

En recherche translationnelle et fondamentale, l’Insitut Curie a financé deux programmes incitatifs et coopératifs, qui ont permis de structurer aujourd’hui la recherche sur le rétinoblastome.

Les projets de recherche portent sur :

  • La génétique constitutionnelle
  • La cellule d’origine du rétinoblastome
  • Le développement de nouveaux traitements photo-dynamiques et leur évaluation pré-clinique
  • Le développement de nouveaux traitements ciblés
  • Les biomarqueurs circulants

L’association Rétinostop a été créée en 1994 et regroupe des parents et des enfants traités dans l’enfance pour un rétinoblastome.

L’équipe de l’Institut Curie est très impliquée dans le groupe européen du rétinoblastome EURBG, tant dans le domaine des soins (label européen ERN) que dans celui de la recherche. Ce réseau implique également les associations de parents européennes.

En partenariat avec Rétinostop et l’AMCC, l’Institut Curie est également très impliqué pour faciliter l’accès aux soins des enfants atteints de rétinoblastome en Afrique sub-saharienne. Les efforts portent à la fois sur le diagnostic précoce et les traitements, si possible conservateurs, dans ce contexte complètement différent.