Actualité - Cancers du sein

Cancer du sein : une nouvelle combinaison de traitements identifiée grâce à l'étude RADIO-PARP

31/10/2022
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L’Institut Curie confirme dans un essai clinique de phase I, intitulé RADIO-PARP, les promesses d’une nouvelle combinaison de traitements contre le cancer du sein, l’association de l’olaparib et de la radiothérapie. Un espoir très attendu par les femmes souffrant de formes graves de ce cancer.

 Portrait Dr Youlia Kirova

« Ça n’avait jamais été fait chez l’humain », souligne la Pre Youlia Kirova, oncologue radiothérapeute sur le site de Paris de l’Ensemble hospitalier. C’est donc un résultat important dont il est question. Publié ce 27 octobre dans la revue scientifique Jama Oncology, il a été révélé en avant-première il y a quelques jours en présentation orale au plus grand congrès international de radiothérapie oncologique, l’ASTRO, à San Antonio (États-Unis). La spécialiste et son équipe ont en effet mené un essai clinique de phase I d’une combinaison de traitements originale chez des patientes atteintes de cancer du sein triple négatif, dont le pronostic est particulièrement défavorable en absence de réponse aux traitements conventionnels. Il s’agit de l’association d’un médicament, l’olaparib, à une radiothérapie du sein (ou de la paroi) avec ou sans les ganglions.

L’olaparib est une molécule mise au point il y a quelques années, de la famille des inhibiteurs de PARP. Ces traitements ciblés empêchent les cellules cancéreuses de réparer leur ADN et entraînent ainsi leur mort et donc la régression de la tumeur. Une équipe du Centre de recherche de l’Institut Curie avait déjà eu l’idée de les combiner à la radiothérapie et avait mené des études précliniques sur le sujet. En 2013, elle prouvait ainsi sur un modèle expérimental de cancer du sein triple négatif, que l’olaparib pouvait effectivement booster l’efficacité de la radiothérapie et améliorer la survie des individus. Mais cette association n’était pas encore utilisée cliniquement.

 

La force de l’Institut Curie

Grâce aux précieuses synergies que l’Institut Curie permet entre équipes de recherche et équipes médicales, la Pre Youlia Kirova a pu appliquer cette stratégie chez 24 patientes prises en charge sur le site parisien de l’Ensemble hospitalier pour un cancer du sein triple négatif. À cette étape, elle a apporté la démonstration qu’à différentes doses d’olaparib, et jusqu’à s’approcher de la dose thérapeutique couramment utilisée, cette combinaison de traitements ne provoque aucun effet indésirable majeur.

En 2018, une équipe américaine avait tenté une telle combinaison avec un autre inhibiteur de PARP, dans différents hôpitaux, mais avec une toxicité inacceptable. L’Institut Curie a donc misé sur la bonne molécule et grâce à son Ensemble hospitalier de premier plan, a pu mener cet essai clinique entièrement dans ses murs, avec la meilleure prise en charge et le meilleur suivi des patientes. « C’est toute la force de l’Institut Curie, rapporte encore la Pre Kirova, l’alliance d’un centre de recherche et d’un hôpital, ainsi que l’appui d’une unité de recherche de phase précoce, d’une unité de gestion des essais cliniques et de l’équipe de statistique ». Forte de ces résultats publiés et confortés par plus de deux ans de recul sur les traitements, l’équipe est déjà en discussion avec le laboratoire AstraZeneca, producteur de l’olaparib, pour mener un essai de phase II qui permettra de démontrer l’efficacité de cette association formellement et sur un plus grand nombre de patientes.