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Cancer de la prostate : un nouvel essai clinique pour valider des biomarqueurs urinaires diagnostiques et pronostiques

30/11/2021
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Jusqu’à présent, aucun biomarqueur moléculaire n’est suffisamment robuste pour détecter précocement un cancer de la prostate ou pour surveiller les tumeurs non agressives en sommeil. Pour cette raison, la mise au point d’un test non invasif sera une réelle avancée pour améliorer le suivi et la prise en charge des patients.

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Objectif : détection précoce et surveillance du cancer de la prostate sans biopsie inutile

Baptisé « Hope », un nouvel essai clinique multicentrique coordonné par l’Institut Curie vient de démarrer. Il va ainsi inclure 118 hommes : 40 ayant confirmation d’un cancer de la prostate, 40 avec suspicion de cancer sans confirmation à la biopsie ou avec une hyperplasie de la prostate, et 38 volontaires sains sans antécédent de maladie prostatique. Il sera mené en partenariat avec l’Hôpital Henri Mondor et l’Institut Mutualiste Montsouris.

 

Cet essai très prometteur a pour objectif de valider la faisabilité d’un test non invasif pour le diagnostic, le pronostic et la surveillance active des cancers de la prostate à partir de nouveaux biomarqueurs urinaires.

précise le Pr Yves Allory, chef du service de pathologie de l’Institut Curie à Saint-Cloud et coordinateur de l’essai Hope.

 Le lancement de cet essai clinique récompense les efforts de transfert de notre expertise de recherche fondamentale vers des applications cliniques au bénéfice des patients.

se félicite Antonin Morillon, directeur de recherche CNRS à l’Institut Curie et directeur scientifique de l’essai Hope.

 

Ces nouveaux biomarqueurs circulants ont ainsi été identifiés grâce aux recherches d’Antonin Morillon et de son équipe à l’Institut Curie ARN non-codant, épigénétique et fluidité du génome, en collaboration avec l’équipe du Pr Gautheret [1] En utilisant un séquençage de nouvelle génération et des algorithmes innovants d'intelligence artificielle et de bio-informatique, l’équipe a identifié un ensemble de séquences non cataloguées, significativement surexprimées dans les tumeurs du cancer de la prostate [2].

 

C’est une grande fierté de voir ce travail de recherche aboutir à une innovation au bénéfice des patients. Cela illustre parfaitement le modèle Curie et les collaborations que mènent les chercheurs et les médecins au quotidien sur les questions scientifiques et médicales

se réjouit le Pr Alain Puisieux, directeur du Centre de recherche de l’Institut Curie.

 

Le lancement de cet essai clinique dans le cancer de la prostate, premier cancer chez l’homme, est un véritable espoir pour les patients. Il montre à quel point la recherche fondamentale est indispensable à l’innovation en cancérologie et illustre également l’importance des partenariats que nous menons avec les établissements hospitaliers d’Ile-de France

se félicite le Pr Steven Le Gouill, directeur de l’Ensemble hospitalier de l’Institut Curie.

Comprendre le cancer de la prostate

Le cancer de la prostate affecte environ 50 000 hommes et cause 8 000 décès chaque année en France. Ce cancer est intimement lié au vieillissement.

Le dépistage du cancer de la prostate se fait actuellement en mesurant le taux sanguin de PSA (antigène prostatique spécifique) et via la palpation de la prostate. Cependant, ces analyses ne sont pas suffisamment fiables pour diagnostiquer définitivement le cancer de la prostate. En effet, une fois ces étapes passées, les patients avec suspicion de cancer doivent effectuer une biopsie qui se révèle positive dans seulement 45% des cas. De plus, quelques patients développent une infection de la prostate après cette biopsie.

Après le diagnostic de cancer, une prise en charge adaptée est proposée au patient : chirurgie, radiothérapie, hormonothérapie… Néanmoins, l’équipe médicale estime parfois qu’une surveillance étroite, sans traitement, est la meilleure solution.

En effet, le cancer de la prostate évolue lentement et près de 9 cancers de la prostate sur 10 sont diagnostiqués à un stade localisé : il n’y a donc généralement pas d’urgence à traiter. Une réflexion posée en concertation avec l’équipe de soins et le patient sur la meilleure attitude à adopter est donc possible. Selon le stade de la maladie et son agressivité, l’intensité des symptômes, mais aussi l’état de santé, l’âge et les préférences du patient, deux grandes options sont envisageables.

  • Une simple surveillance du cancer
  • Un traitement du cancer par chirurgie, radiothérapie (radiothérapie externe, curiethérapie) et/ou médicaments (hormonothérapie, parfois chimiothérapie).

 

[1] Daniel Gautheret, spécialisé en analyse bioinformatique, est professeur à l’université Paris Sud où il dirige une équipe (RNA Sequence, Structure and Function  ) à l’I2BC (Institute for Integrative Biology of the Cell CNRS, CEA, Université Paris-Sud ) à Gif-sur-Yvette.

[2] Antonin Morillon avait reçu en juillet 2019 un financement du Conseil européen de la recherche dans l’objectif de poursuivre ses recherches. En savoir plus