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Immunité : lumière sur le destin des monocytes

16/11/2021
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En détectant certains agents pathogènes tels que des virus ou des bactéries, notre système immunitaire active spécifiquement certaines voies de signalisation. Ainsi, l’équipe « Réponses immunitaires et cancer » à l’Institut Curie vient d’identifier les signaux qui contrôlent la différenciation des monocytes en macrophages ou cellules dendritiques.

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Publiés dans les PNAS, ces travaux permettent d’envisager de nouvelles cibles thérapeutiques dans les phénomènes d’inflammation chronique ou de cancer qui impliquent tout particulièrement ces cellules.

Les monocytes sont des cellules du système immunitaire spécialisées dans les réponses inflammatoires. Dans les tissus, ils se transforment en d’autres cellules immunitaires : en macrophages ou en cellules dendritiques. On parle alors de différenciation. Lors d’une réaction inflammatoire normale, ces cellules (macrophages ou cellules dendritiques) participent à l’élimination des pathogènes, à l’activation d’autres cellules du système immunitaire et in fine à la réparation des tissus. Néanmoins, ces mêmes cellules peuvent, dans certaines situations, être dérégulées, avoir des effets délétères et être à l’origine de pathologies. Cela peut être le cas dans un contexte d’inflammation chronique où les cellules dendritiques maintiennent l’état inflammatoire en activant de façon excessive les autres cellules. Dans le cancer également, les macrophages peuvent favoriser la croissance de la tumeur en sur-activant les phénomènes de régénération tissulaire et de formation de nouveaux vaisseaux sanguins.

 

Cellules dendritiques dérivées de monocytes in vitro

Cellules dendritiques dérivées de monocytes in vitro

 

Actuellement, les facteurs qui régulent la différenciation des monocytes en macrophage ou cellule dendritiques demeurent méconnus. De précédents travaux menés à l’Institut Curie ont permis de montrer que les monocytes ont besoin de signaux de leur environnement pour se différencier. Ces signaux peuvent être produits par d’autres cellules, par des bactéries de la flore intestinale ou provenir du milieu extérieur.

Aujourd’hui, l’équipe « Réponses immunitaires et cancer » à l’Institut Curie (unité Immunité et Cancer ; Inserm-Institut Curie) révèle que la reconnaissance de virus ou de bactéries influencent la différenciation des monocytes, en favorisant leur transformation en macrophages pour les virus ou en cellules dendritiques pour les mycobactéries. Les chercheurs ont également élucidé les mécanismes moléculaires mis en jeu, identifiant ainsi de nouvelles voies impliquées dans le processus de différenciation des monocytes. Ces résultats pourront ouvrir la voie à de nouvelles applications thérapeutiques chez l’homme pour les maladies inflammatoires ou le cancer.

Nos travaux font la lumière sur les processus de différenciation de certaines cellules du système immunitaire jusque-là inconnus, ce qui nous laisse entrevoir de nouvelles perspectives thérapeutiques. Nous espérons ainsi cibler et empêcher les effets délétères des macrophages ou des cellules dendritiques qui surviennent dans de nombreuses pathologies inflammatoires ou dans le cancer.

Elodie Segura, chercheuse Inserm dans l’équipe « Réponse immunitaire et cancer » à l’Institut Curie.

 

Référence :

TLR or NOD receptor signaling skews monocyte fate decision via distinct mechanisms driven by mTOR and miR-155. Alice Coillard, Léa Guyonnet, Alba De Juan, Adeline Cros, and Elodie Segura. PNAS October 26, 2021 118 (43) e2109225118; https://doi.org/10.1073/pnas.2109225118