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ESMO 2025 : Vers des traitements moins toxiques pour des femmes atteintes de cancers du sein hormonodépendants

17/10/2025

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ESMO 2025 : Vers des traitements moins toxiques pour des femmes atteintes de cancers du sein hormonodépendants

Les résultats préliminaires de l’essai clinique RIBOLARIS promu par Solti (Espagne) et coordonné par Unicancer en France montrent que chez plus de 50 % des patientes, la chimiothérapie, prescrite après l’opération pour réduire le risque de récidive, pourrait être remplacée par un traitement moins toxique, améliorant considérablement leur qualité de vie. Ces résultats prometteurs sont présentés en session orale par le Pr Paul Cottu, oncologue médical à l’Institut Curie le 17 octobre 2025 à Berlin, lors du congrès annuel de l’ESMO.

Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes, avec plus de 60 000 nouveaux cas en France chaque année1. Parmi ces cancers, entre 70 et 80 % sont des cancers hormonodépendants. 

L’essai clinique RIBOLARIS, promu par Solti en Espagne et coordonné par Unicancer en France, est une étude multicentrique et internationale, co-dirigée par le Pr Paul Cottu, oncologue médical à l’Institut Curie, et le Pr Aleix Prat, oncologue médical à l’Hôpital Clinique de Barcelone2

Cette étude vise à évaluer l’efficacité d’un traitement ne comportant pas de chimiothérapie chez des patientes présentant un cancer du sein hormonodépendant, à qui une chimiothérapie aurait normalement été prescrite après la chirurgie, pour réduire le risque de récidive. 
En France, 35 centres sont impliqués, dont l’Institut Curie avec la plus importante cohorte, comprenant 68 patientes.

Depuis avril 2022, 1100 patientes ont été inclues dans l’étude et les résultats préliminaires portant sur les 686 premières patientes sont présentés lors du congrès de l’ESMO.

Ces patientes, qui présentent toutes des cancers du sein hormonodépendants de stade 2/3, ont suivi un traitement préopératoire comprenant une thérapie ciblée (inhibiteur CDK4/6 - ribociclib,) associée à une hormonothérapie (létrozole) pendant 6 mois, avant d’être opérées. 
Les médecins ont ensuite utilisé le score génomique de risque de récidive (ROR – risk of recurrence) pour adapter le traitement. En fonction de ce score, les patientes continuaient uniquement avec le traitement préopératoire (thérapie ciblée + hormonothérapie), ou recevaient une chimiothérapie en plus du traitement préopératoire 
L’objectif était d’orienter le traitement adjuvant en fonction du profil moléculaire de la tumeur de chaque patiente, obtenu après le traitement préopératoire par létrozole et ribociclib.

« Ce qui rend cet essai innovant, c'est qu’une nouvelle approche néoadjuvante pourrait devenir la stratégie privilégiée dans les cancers hormonodépendants. RIBOLARIS est le premier essai à utiliser un outil génomique hautement validé comme ROR, bénéficiant du marquage CE, pour guider la décision et choisir la thérapie après chirurgie. » précise le Pr Aleix Prat, oncologue médical à l’Hôpital Clinique de Barcelone.
 

« Nous avions prévu que la chimiothérapie serait évitée chez 40 % des patientes, mais les résultats obtenus dépassent nos attentes : ce sont jusqu’à présent plus de 52 % des patientes qui ont pu éviter la chimiothérapie. » souligne le Pr Paul Cottu, oncologue médical à l’Institut Curie. « Nous venons de recruter les dernières patientes, qui seront opérées d’ici mars 2026. Nous poursuivrons ensuite avec une phase de surveillance, qui durera 5 ans, à la suite de quoi nous espérons pouvoir définir les critères clairs, nécessaires pour adapter et personnaliser les traitements, épargnant une chimiothérapie quand cela est possible, tout en réduisant le risque de récidive.  A l’avenir, nous espérons changer les pratiques pour 30 à 40 % des femmes atteintes de cancer du sein hormonodépendant et ainsi améliorer leur qualité de vie », précise le Pr Paul Cottu.

 

[1] INCa 2023

[2] Directeur, Comprehensive Cancer Center de Barcelone (Espagne)- Translational Genomics and Targeted Therapies Group, IDIBAPS - Professeur, Université de Barcelone

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