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ESMO 2025 - Mélanome uvéal métastatique : une nouvelle combinaison de traitement prometteuse

18/10/2025

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Il est crucial de développer de nouvelles stratégies thérapeutiques pour les patients atteints de mélanomes uvéaux métastatiques, tumeurs malignes de l’œil les plus courantes chez l’adulte, pour lesquelles l’Institut Curie est centre national de référence. Dans ce contexte, l’essai clinique de phase 2 PLUME vise à évaluer l’efficacité et la tolérance d’une combinaison d’une immunothérapie utilisant des anticorps anti-PD-1 avec un traitement ciblé. Les premiers résultats de cette étude PLUME seront présentés par le Dr Manuel Rodrigues, investigateur principal de l’essai clinique PLUME, et médecin-chercheur à l’Institut Curie en mini-oral au congrès de l’ESMO le 18 octobre 2025.

Avec 500 nouveaux cas diagnostiqués chaque année en France1, le mélanome uvéal est un cancer rare touchant l’uvée, membrane pigmentaire à l’intérieur de l’œil qui comprend la choroïde (tissu recouvrant la rétine), l’iris et le corps ciliaire. Il s’agit de la tumeur maligne de l’œil la plus fréquente chez l’adulte, pour laquelle les métastases (souvent hépatiques) sont fréquentes. L’Institut Curie est centre expert national pour la prise en charge du mélanome uvéal.

Le traitement standard du mélanome uvéal métastatique est une immunothérapie par tebentafusp, un anticorps bispécifique (capable de rediriger les lymphocytes T CD3+ du patient contre la glycoprotéine gp100 exprimée par les cellules de la peau et les cellules tumorales de mélanome). Le tebentafusp peut être utilisé chez environ 45% des patients (ceux présentant une forme spécifique HLA (sérotype HLA*02:01)2), nécessaire pour déclencher cette immunité anti-mélanome). D’autres immunothérapies ont une efficacité moindre, illustrant le besoin d’identifier de nouvelles stratégies de traitement pour les patients atteints de mélanomes uvéaux métastatiques.

L’essai clinique de phase 2 PLUME vise à évaluer l’efficacité et la tolérance de l’association d’une immunothérapie utilisant un anticorps anti-PD-1 (pembrolizumab) avec un traitement ciblé (lenvatinib - inhibiteur de tyrosines kinases). « Il existe des données pré-cliniques et cliniques qui montrent que cette association du lenvatinib avec le pembrolizumab est plus efficace qu’une monothérapie, notamment dans les cancers de l’endomètre et du rein » précise le Dr Manuel Rodrigues, investigateur principal de l’essai clinique PLUME, oncologue médical et chercheur à l’Institut Curie.

Les résultats positifs présentés à l’ESMO montrent que chez les 51 patients inclus dans l’étude, l’association de l’immunothérapie avec la thérapie ciblée a atteint le critère d’évaluation principal (à savoir moins de rechutes à 6 mois qu'attendu avec le pembrolizumab seul). 

« Le traitement a été particulièrement efficace chez les patients qui avait préalablement été traités au tebentafusp. Notre hypothèse est que cette immunothérapie déclenche une réaction immunitaire, qui est réactivée par la combinaison de pembrolizumab et lenvatinib. Actuellement, nous poursuivons nos travaux afin de comprendre si l’ajout du lenvatinib est indispensable dans cette situation et nous explorons également des biomarqueurs qui nous permettraient de mieux comprendre le succès de ce traitement chez certaines personnes et pas chez d’autres » conclut le Dr Manuel Rodrigues.

 


PLUME : a single-arm phase II trial of pembrolizumab (pembro) plus lenvatinib (lenva) in patients (pts) with metastatic uveal melanoma (mUM) – Session mini-oral : 18 octobre 2025 – Dr Manuel Rodrigues


 

Des profils génomiques étudiés pour mieux comprendre et prédire l’efficacité de l’immunothérapie par tebentafusp

Par ailleurs, une étude rétrospective menée à l’Institut Curie et présentée au congrès de l’ESMO 2025 a analysé 168 patients atteints de mélanome uvéal métastatique traités par tebentafusp entre 2018 et 2024 (patients avec une forme spécifique HLA). Les résultats montrent une efficacité comparable à celle observée dans l’essai d'enregistrement de ce traitement, qui a été bien toléré. Cette étude révèle que certains profils génomiques (perte de BAP1, monosomie 3, mutations SF3B1/EIF1AX) ne semblent pas prédire la réponse au traitement, mais que la localisation des métastases pourrait le faire (les patients avec à la fois des lésions hépatiques et extra-hépatiques ayant un pronostic plus défavorable que les lésions exclusivement hépatiques).

Clinical and molecular outcomes of tebentafusp in metastatic uveal melanoma (MUM): A retrospective cohort of 168 patients. Poster session Melanoma and other skin tumours – 20 octobre – Dr Raphaël Sanchez

 

Early together : une étude française pour évaluer les bénéfices des soins de support dans la prise en charge des mélanomes uvéaux métastatiques

Lorsque le mélanome uvéal devient métastatique, les symptômes surviennent souvent très tard, très rapidement, rendant difficile la mise en place des soins de support. Une étude multicentrique de phase 3 « Early Together », coordonnée par le Dr Sophie Piperno-Neumann, oncologue à l’Institut Curie, évalue l’introduction précoce des soins palliatifs dès le début du traitement oncologique chez les patients atteints de mélanome uvéal métastatique, en matière de besoins d’information et soins de support. De juillet 2020 à janvier 2024, 162 patients ont été randomisés dans les deux centres participants (Paris et Nice) : les soins palliatifs ont été introduits conformément aux recommandations pour un groupe. Dans l’autre groupe, les consultations de soins palliatifs ont débuté à l'annonce des métastases par l'oncologue et se sont poursuivies pendant un an. Les résultats présentés à l’ESMO montrent l’absence de différence significative entre les groupes ; cependant d'autres analyses sont en cours.

Early together: Randomized phase 3 trial of early palliative care (EPC) integration in metastatic uveal melanoma (MUM) – session poster Palliative care – 19 octobre 2025 – Dr Sophie Piperno-Neumann

[1] Source Institut National du Cancer

[2] Le gène HLA, pour Human Leukocyte Antigen, code pour une protéine exprimée à la surface des cellules immunitaires. Sorte de « passeport cellulaire », cette protéine sert ainsi à la reconnaissance des cellules de l’organisme entre elles.

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