Projet

Cancer du sein chez les jeunes femmes

En France, environ 5% des cancers du sein (BC) surviennent chez des jeunes femmes de moins de 40 ans (n=2344 cas en 2012) (INCA, 2016). Les cancers du sein chez les femmes jeunes semblent être différents de ceux rencontrés chez les patientes plus âgées et présentent des caractéristiques particulières telles que (i) une absence de dépistage, (ii) un retard fréquent au diagnostic, (iii) une fréquence élevée de maladie avancée au diagnostic, (iv) un profil histologique particulier avec une surreprésentation des tumeurs triples négatives, (v) une association plus élevée aux  mutations BRCA1 et BRCA2, (vi) un risque de récidive élevé.

 

En outre, les jeunes patientes atteintes d'un cancer du sein sont confrontées à des questions spécifiques concernant les procédures de préservation de la fertilité, la grossesse et la contraception.

En analysant les données de la vie réelle, nous avons notamment constaté que :

 

  • La grossesse après un cancer du sein chez les patientes porteuses de mutations BRCA n’aggrave pas le pronostic maternel et, est associée à un pronostic fœtal favorable (Lambertini et al., 2020) ;
  • Le type de gêne muté (BRCA1 versus BRCA2) et le statut des récepteurs hormonaux influencent le pronostic des jeunes patientes ayant un cancer du sein et porteuses de mutations BRCA (Lambertini et al., 2021) ;
  • Les procédures de procréation médicalement assistée chez les jeunes femmes mutées BRCA et ayant eu un cancer du sein sont sûres (Condorelli et al., 2021) ;
  • Les procédures de préservation de la fertilité ne sont pas encore assez discutées avec les jeunes patientes atteintes d'un cancer du sein (Hours et al., 2021) ;
  • Le délai entre la tentative de grossesse et la survenue d'une grossesse évolutive est court chez les patientes qui ont été enceintes après le cancer du sein (Labrosse et al., 2021) (Mangiardi-Veltin, s.d.) ;
  • La prévalence de la contraception n’est pas significativement différente chez les jeunes femmes ayant eu un cancer du sein que chez les témoins appariés (sans cancer du sein), mais les méthodes utilisées sont différentes (Sebbag et al, soumis) ;
  • La fertilité, la grossesse et la contraception ne diffèrent pas chez les jeunes femmes ayant eu un cancer du sein selon de la présence d'une mutation germinale BRCA1 ou BRCA2 (Evrevin et al, soumis) ;
  • L'utilisation de méthodes de préservation de la fertilité nécessitant une stimulation hormonale avant la chimiothérapie est associée à une moindre probabilité de rechute (Toussaint et al, soumis).

 

La prise en charge du cancer du sein peut être évaluée par les indicateurs publiés par la Société Européenne des Spécialistes du Cancer du Sein (EUSOMA) avec 17 indicateurs de qualité concernant (i) le diagnostic, (ii) la chirurgie et le traitement loco-régional, (iii) la radiothérapie et le contrôle local, (iv) la chirurgie et la qualité de vie, (v) le traitement systémique (vi) la stadification, le conseil, le suivi et la réhabilitation.

 

Plusieurs aspects importants sont actuellement étudiés dans le cadre du "Young Breast cancer project", en agrégeant notamment les données de l'assurance maladie française :

1) Les retards dans le parcours de soins tels que le délai entre le "premier symptôme – l’iconographie mammaire", le "diagnostic clinique – l’iconographie mammaire", "l’iconographie mammaire - biopsie", et la "biopsie - premier traitement du cancer du sein ".

2) Les données géographiques reflétant les disparités de soins, se traduisant par un accès non uniforme aux soins spécialisés et/ou de grandes variations dans les traitements individuels.