Le cancer colorectal

24/02/2023
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L’Institut Curie soigne chaque année plus de 400 patients atteints de cancer colorectal. La détection précoce de ce cancer fait l’objet d’un dépistage organisé et favorise une prise en charge adaptée. Il se guérit alors dans 9 cas sur 10.

Imagerie cancer colorectal
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Qu'est-ce que le cancer colorectal ?

Plus de 47 000 cas de cancer colorectal (cancer du côlon et du rectum) sont diagnostiqués chaque année en France *. Il s’agit du 3e cancer le plus fréquent chez l’homme (après le cancer du poumon et de la prostate) et du 2e chez la femme (après le cancer du sein). Il est au 2e rang des causes de décès par cancer chez l'homme et au 3e rang chez la femme.

Le cancer colorectal se développe dans 80 % des cas à partir de lésions bénignes appelées polypes adénomateux. L’identification et l’exérèse (le retrait) de ces lésions au cours d’une coloscopie permettent de prévenir ces cancers. Un diagnostic précoce, par exemple à l’occasion d’un examen de dépistage, est associé à un excellent pronostic avec un taux de guérison très élevé (9 cas sur 10).

Les principaux facteurs de risque identifiés à ce jour sont l’âge, le mode de vie (tabagisme, consommation excessive d’alcool, alimentation riche en viande rouge et pauvre en fibres, surpoids/obésité, sédentarité), les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, les antécédents familiaux de polypes ou de cancer colorectal et les facteurs de prédisposition génétique.

* Source : Panorama des cancers, Institut National du Cancer

 

Le dépistage du cancer colorectal

Le cancer colorectal fait l'objet d'un programme de dépistage organisé visant à rechercher la présence de sang occulte, c’est-à-dire d’une hémorragie microscopique non visible à l’œil nu, dans les selles grâce à une analyse des selles (test fécal immunologique).

Le but de ce dépistage est de favoriser un diagnostic précoce, en identifiant et en retirant d'éventuelles lésions précancéreuses (polypes adénomateux) lors de la coloscopie. Objectif : améliorer le pronostic d'un cancer colorectal en le détectant le plus tôt possible et ainsi réduire la mortalité induite par ce cancer.

Le test de dépistage

Le dépistage organisé concerne les personnes âgées de 50 à 74 ans, sans histoire familiale de polype ou de cancer colorectal et sans symptômes. Une invitation par courrier leur est adressée tous les 2 ans. En cas de présence de symptômes et/ou d’antécédents familiaux, une coloscopie devra être réalisée d’emblée.

Comment obtenir le "kit de dépistage" ou test fécal immunologique ?

  • en le commandant en ligne sur le site monkit.dépistage-colorectal.fr (sans prescription médicale) à réception du courrier d’invitation,
  • en le retirant auprès d'un médecin ou d'un pharmacien.

Un tutoriel de l’Institut national du cancer expliquant le mode d’utilisation du kit de dépistage est disponible en ligne :

► Plus d'informations sur le dépistage organisé

En cas de négativité, le test fécal sera à renouveler tous les 2 ans jusqu’à 74 ans.

La coloscopie

Si le test fécal est positif, une coloscopie doit être réalisée sans délai. L’examen est pratiqué sous anesthésie générale par un gastroentérologue et implique la prise au préalable d’une purge par voie orale afin de vider le côlon des selles. Un cancer ou une lésion précancéreuse (polype) est identifié dans environ 10% et 30% des cas respectivement.

Alors que la majorité des polypes peut être retirée au cours de la coloscopie, les cancers sont du ressort de la chirurgie. Seuls sont réalisés durant la coloscopie des prélèvements (biopsies) qui permettent de confirmer un diagnostic de cancer.

La prise en charge du cancer colorectal à l’Institut Curie

Après vous avoir vu en consultation et avoir récupéré les résultats des examens complémentaires, le médecin référent présentera avec votre accord votre dossier en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP). Il s’agit d’une discussion collégiale, en présence de l’ensemble des spécialistes susceptibles d’intervenir dans la prise en charge : chirurgiens, oncologues médicaux, radiothérapeutes, radiologues, anatomopathologistes, etc. Si cela est nécessaire, d’autres spécialistes et professionnels de soin peuvent intervenir. Ensemble, ils déterminent le plan de traitement, adapté à chaque situation. Il vous sera ensuite proposé en consultation d’annonce.

Il existe également une "RCP moléculaire" afin de rechercher des altérations moléculaires dans les cellules des tumeurs de certains patients et ainsi pouvoir leur proposer un essai clinique ou une médecine de précision ciblant l’anomalie détectée.

Les traitements du cancer colorectal

Les différents traitements du cancer colorectal sont souvent combinés, ensemble ou l’un après l’autre, selon des référentiels de protocoles de prise en charge.

La chirurgie

Le site de Paris de l’Institut Curie propose tous les actes chirurgicaux adaptés au patient atteint d’un cancer colorectal, fort de ses blocs opératoires modernes et dotés des dernières technologies.

Dans les Hauts-de-Seine, le site de Saint-Cloud de l’Institut Curie et l’hôpital Ambroise-Paré (AP-HP, Boulogne-Billancourt) travaillent ensemble pour assurer aux patients atteints de cancers colorectaux une prise en charge de qualité. Les actes d’endoscopie digestive, de radiologie interventionnelle et de chirurgie sont effectués à l’hôpital Ambroise-Paré.

Un protocole de réhabilitation améliorée après chirurgie est proposé aux personnes opérées pour une tumeur primitive du côlon. A l’Institut Curie comme à l’hôpital Ambroise-Paré, le patient participe à sa prise en charge en recevant une information détaillée en pré-opératoire. Les chirurgiens y privilégient les techniques micro-invasives et le retrait rapide des sondes. L’utilisation des drains est limitée. Les anesthésistes veillent à une gestion optimale de la douleur post-opératoire. Dès le soir de l’intervention, le patient est incité à se lever aidé par les soignants et reprend une alimentation liquide.

Cette prise en charge pré, péri- et post-opératoire en chirurgie digestive améliore la qualité de vie des patients en réduisant les complications, la durée d’hospitalisation, et augmente leur survie à 5 ans.

La radiothérapie

La radiothérapie est un traitement curatif dont l’objectif est d’éradiquer la tumeur et les cellules cancéreuses qui ont pu migrer dans les tissus avoisinants en particulier dans les relais ganglionnaires du pelvis.

Elle utilise des rayonnements ionisants que les techniques actuelles permettent de concentrer dans les volumes cibles (tumeur, relais ganglionnaires) tout en épargnant au maximum les tissus sains et les organes avoisinants afin de limiter les effets secondaires.

  • Pour les cancers du canal anal (ou cancer de l'anus relativement rare), la radiothérapie est associée dans la majorité des cas à une chimiothérapie concomitante qui permet d’augmenter l’efficacité et d’améliorer les chances de guérison.
  • Pour les cancers du rectum, la radiothérapie est là aussi le plus souvent associée à une chimiothérapie concomitante par voie orale et est en général suivie d'une intervention chirurgicale.
  • Pour les cancers du côlon, la radiothérapie n'est indiquée que dans le traitement de la maladie métastatique à visée symptomatique le plus souvent et-ou en cas de maladie dite oligo-métastatique où la radiothérapie peut renforcer les traitements systémiques. Dans ces cas-là, on parle le plus souvent de radiothérapie en conditions stéréotaxiques. Cette technique a pour but de délivrer de fortes doses par fraction au niveau de l'atteinte tumorale ainsi qu’une faible dose en périphérie de celle-ci, en un très faible nombre de séances.

Les traitements médicaux

La chimiothérapie, qui est le traitement médical principal contre le cancer colorectal, vise à détruire les cellules cancéreuses. En cas de maladie évoluée avec l’existence de métastases non résécables, la chimiothérapie est parfois le seul traitement envisageable : on parle de chimiothérapie exclusive.
Le traitement de référence est le 5-FU ou 5-fluorouracile auquel on ajoute de l’oxaliplatine (FOLFOX) ou de l’irinotécan (FOLFIRI), administré toutes les 2 semaines.

En cas de maladie métastatique, des analyses complémentaires sont effectuées sur la biopsie initiale pour permettre d’associer une thérapie ciblée à la chimiothérapie conventionnelle. En fonction du statut mutationnel du gène RAS, trois médicaments (anticorps monoclonaux) peuvent être utilisés : le bevacizumab (anti-angiogénique), le cetuximab ou le panitumumab (anti-EGFR).

L’immunothérapie est un traitement qui vise à restaurer le système immunitaire pour détruire les cellules cancéreuses. Pour les patients atteints de cancer colorectal métastatique, l’immunothérapie n’est indiquée que chez 5 % des patients en cas de statut génétique instable dit "MSI".

A l’Institut Curie, la RCP moléculaire permet de proposer des essais cliniques ou une médecine de précision aussi appelée médecine personnalisée ciblant ces anomalies.

Pour une prise en charge globale du patient

Les soins de support

Une prise en charge globale des différents symptômes, en lien avec le cancer colorectal ou ses traitements, est indispensable afin d’améliorer la qualité de vie et d’administrer les traitements de façon optimale. Une attention particulière est portée à la prise en charge nutritionnelle (diététique et activité physique adaptée).

A l’Institut Curie, l’équipe de soins de support pluridisciplinaire est composée de médecins spécialisés en soins de support et soins palliatifs, onco-gériatres, diététicien(ne)s, kinésithérapeutes, infirmier(e)s de pratique avancée, infirmier(e)s, assistant(e)s sociale, onco-psychologues, psychiatres. Tous interviennent en association étroite avec les oncologues référents.

L’éducation thérapeutique du patient

L’Institut Curie propose à ses patients, et notamment les personnes atteintes de cancers colorectaux, des ateliers pour prévenir et faire face aux effets secondaires des traitements, connaître les mécanismes douloureux, oser demander de l’aide, exprimer leurs priorités, pouvoir adapter leur alimentation, se sentir prêt(e) à reprendre le travail, trouver leur place dans leur propre intimité, apprendre des techniques non médicamenteuses comme l’autohypnose pour gérer leurs symptômes…

► Pour en savoir plus

Par ailleurs, l'association Mon réseau® Cancer Colorectal peut apporter des informations précieuses pour accompagner les patients et leurs proches dans leur parcours pendant et après le cancer colorectal.

La consultation d’oncogénétique

Les cancers du côlon et du rectum peuvent survenir dans le cadre d'une prédisposition génétique familiale. Même si ces formes sont rares (5 à 10 % des cancers colorectaux), il est important de les identifier compte tenu des enjeux pour les patients atteints et pour leurs apparentés chez lesquels des modalités de dépistage particulières doivent être mises en place.

Il convient donc de les évoquer systématiquement en consultation médicale. Une consultation dédiée, dite d’oncogénétique, sera alors proposée au patient en cas de suspicion de prédisposition génétique familiale. Ces consultations sont disponibles sur les deux sites hospitaliers de l’Institut Curie, à Paris et à Saint-Cloud.