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ASCO : des avancées majeures dans la lutte contre les cancers du sein et pédiatriques

27/05/2020
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Jusqu'au 2 juin, les plus grands experts de la cancérologie participeront à la conférence virtuelle de l'ASCO 2020. Des recherches innovantes portés par les médecins-chercheurs de l’Institut Curie seront présentées à cette occasion.

ASCO 2020

Une nouvelle combinaison de traitements contre le cancer du sein métastatique

Florence Lerebours

Le Dr Florence Lerebours, onco-sénologue à l’Institut Curie, est le 2e auteur des résultats de l’étude BYLieve qui seront présentés lors du congrès de l’ASCO fin mai. Cet essai clinique a impliqué de nombreuses équipes dans le monde entier.Il démontre l’efficacité et la sécurité d’emploi d’une nouvelle combinaison de traitements contre certains cancers du sein avec récepteurs hormonaux positifs et présentant une mutation du gène PIK3CA. En effet, cette mutation, l’une des plus fréquentes dans le cancer du sein, est synonyme de mauvais pronostic. La recherche s’attèle donc à trouver de nouvelles stratégies thérapeutiques pour venir en aide aux patientes concernées dont le cancer progresse malgré les traitements de routine déjà administrés. La combinaison de deux molécules, l’alpelisib et le fulvestrant, testée dans cet essai, se révèle très prometteuse. L’étude BYLieve encourage donc son utilisation pour ces patientes. De nouveaux résultats, sur d’autres patientes, sont attendus dans les prochains mois pour confirmer cette recommandation.

 

La biopsie du ganglion sentinelle ne semble pas délétère à long terme dans les cancers du col de l’utérus

Fabrice Lécuru

Comparée au curage ganglionnaire, la biopsie du ganglion sentinelle offrirait la même survie et moins d’effets pour les patientes atteintes d’un cancer du col de l’utérus. C’est ce que suggère une étude pilotée par le Pr Fabrice Lécuru, chirurgien en oncologie gynécologique à l’Institut Curie.Ces résultats prometteurs seront présentés au prochain Congrès de l’ASCO.

Lors de la chirurgie du cancer du col de l’utérus, il est d’usage de réaliser un curage des ganglions lymphatiques du pelvis, au cas où ceux-ci seraient atteints par des cellules tumorales et pourraient constituer un nouveau foyer cancéreux. Mais dans 15 % des cas, cette intervention provoque un lymphœdème des jambes : un gonflement, souvent douloureux et qui peut engendrer d’autres complications.Depuis quelques années, les chirurgiens disposent d’une autre option : réaliser une biopsie du ganglion sentinelle, le plus proche de la tumeur.Et c’est seulement s’il contient des cellules tumorales qu’un curage complet est réalisé. Pour vérifier la pertinence de cette stratégie, le Pr Fabrice Lécuru a piloté le ré-examen des résultats de deux essais cliniques.Il s’avère que,cinq ans après les traitements, la survie des patientes est la même qu’elles aient subi une simple biopsie ou un curage bilatéral des ganglions. « Un troisième essai clinique doit encore confirmer ces résultats et si c’est le cas, la technique du ganglion sentinelle deviendra le nouveau standard de prise en charge, ce qui améliorera considérablement la qualité de vie des patientes », espère le Pr Lécuru.

 

Une nouvelle stratégie thérapeutique contre un cancer cérébral pédiatrique

Isabelle Aerts

Le Dr Isabelle Aerts, pédiatre à l’Institut Curie, est co-auteure des résultats d’une vaste étude internationale qui seront présentés au Congrès de l’ASCO fin mai. Cette étude démontre l’efficacité clinique et de la bonne tolérance d’une nouvelle combinaison de traitements contre le gliome de bas grade, la plus fréquente des tumeurs du cerveau chez l’enfant.

Les gliomes de bas grade se soignent généralement bien, mais certaines tumeurs ne peuvent être retirées complètement par la chirurgie et les chimiothérapies complémentaires actuellement disponibles sont parfois suivies de rechutes. Les chercheurs ont donc essayé de conjuguer le dabrafenib et le trametinib, deux molécules dont l’association a déjà fait ses preuves chez l’adulte et contre d’autres types de cancers. Résultat : très peu d’effets indésirables majeurs ont été observés et la maladie a pu être stabilisée dans 89 % des cas. Isabelle Aerts et ses co-auteurs concluent donc que ces résultats encouragent à continuer d’étudier cette nouvelle stratégie thérapeutique.

 

Cancer du sein : détecter les mutations de résistance pour adapter le traitement

FC Bidard

La détection, à partir d’une simple prise de sang, de mutations du gène ESR1 est synonyme de l’apparition plus rapide d’une résistance aux traitements chez les femmes atteintes de cancers du sein métastatiques et traitées par l’actuelle combinaison de référence de médicaments associant une anti-aromatase et un inhibiteur du cycle cellulaire. Cet élément nouveau a été présenté fin mai au congrès de l’ASCO par le Pr François-Clément Bidard, médecin-chercheur spécialisé en oncologie médicale à l’Institut Curie et à l’Université de Versailles Saint Quentin/Paris Saclay. Ces résultats sont issus d’une vaste étude appelée PADA-1 qu’il a coordonnée et qui a été menée sur plus de 1 000 patientes dans 83 centres hospitaliers en France, sous l’égide des groupes UCBG et GINECO. Alors que ces mutations sont connues pour apparaître en cours de traitement par une anti-aromatase chez 30 à 40 % des patientes, les données de PADA-1 montrent que ces mutations étaient présentes avant le traitement chez 3 % d’entre elles – cette incidence montant à 7 % dans certains sous-groupes. Il n’avait jamais été prouvé que ces mutations présentes avant le traitement influençaient la sensibilité à ce dernier. De plus, les patientes chez qui ces mutations dans le sang ne disparaissent pas après un mois de traitement semblent ne pas du tout tirer profit de cette combinaison thérapeutique. Cette démonstration faite, les chercheurs espèrent que la suite de l’étude PADA-1 établira qu’il existe une alternative efficace pour ces patientes.

 

L’intérêt de la signature moléculaire Mammaprint pour éviter des chimiothérapies inutiles se confirme à long terme

Etienne Brain

L’étude d’une combinaison de 70 gènes, baptisée Mammaprint, permet d’identifier les patientes atteintes de cancer du sein pour lesquelles une chimiothérapie est inutile, quand bien même les critères habituels cliniques et histologiques de leur maladie peuvent laisser penser le contraire.

L’intérêt de cette stratégie avait déjà été présenté en 2016 avec cinq ans de recul. Les résultats se confirment aujourd’hui avec un recul de huit ans et seront présentés fin mai au Congrès de l’Asco. Le Pr Jean-Yves Pierga et le Dr Étienne Brain, de l’Institut Curie, cosignent cette nouvelle étude avec une vingtaine de confrères en Europe. Les auteurs montrent que le taux de survie sans métastases est quasi identique chez les patientes à qui une chimiothérapie a été administrée et celles qui n’en ont pas reçu. Compte tenu des effets secondaires parfois difficiles qui accompagnent la chimiothérapie, cette confirmation de la possibilité d’une désescalade thérapeutique des indications de chimiothérapie sans risque majeur est une information très importante et encourageante tant pour les cliniciens que pour les patientes.

 

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