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EvoCure : une nouvelle approche pour l’immunothérapie financée par le programme Impact Santé

14/04/2025

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EvoCure : une nouvelle approche pour l’immunothérapie financée par le programme Impact Santé

Le projet EvoCure, dirigé par le Dr Enzo Poirier, chef d’équipe à l’Institut Curie, a été sélectionné pour un financement de 3 millions d’euros sur 48 mois pour explorer les mécanismes immunitaires ancestraux communs aux bactéries et eucaryotes. Son objectif : identifier de nouvelles protéines immunitaires, modulables en thérapeutique, pouvant ouvrir la voie à des traitements innovants.

Lancé en 2024 par l’Inserm et financé par France 2030, le programme Impact Santé vise à détecter et accompagner des recherches explorant des approches scientifiques inédites ou encore peu étudiées, avec un fort potentiel d’innovation. Doté de 30 millions d’euros pour sa première année, il soutient des initiatives susceptibles de transformer la recherche biomédicale et les pratiques médicales. Il propose deux types de financements : les financements de détection et d’amorçage (150 000 euros par projet) pour structurer des idées émergentes et les financements d’accompagnement et d’accélération (jusqu’à 3 millions d’euros par projet) pour accompagner des recherches plus avancées. EvoCure fait partie des premiers projets sélectionnés dans cette catégorie.

Coordonné par le Dr Enzo Poirier, chef de l’équipe Immunité innée en physiologie et cancer (Inserm U932), le projet EvoCure s’intéresse aux liens évolutifs entre l’immunité bactérienne et l’immunité humaine. 
Depuis deux décennies, des mécanismes de l’immunité innée comme la voie cGAS-STING, impliquée dans la détection des pathogènes et l’activation des réponses antipathogènes, ont été identifiés chez l’Homme. Cependant, la plupart des grandes voies de l’immunité innée ayant déjà été caractérisées, les nouvelles découvertes se font plus rares. Les mécanismes restants, plus complexes ou moins accessibles, sont difficiles à étudier, freinant ainsi le développement de nouvelles immunothérapies. Parallèlement, les bactéries, confrontées aux virus bactériophages, ont développé des systèmes de défense encore peu étudiés. Des recherches récentes ont montré que certaines de ces protéines immunitaires bactériennes possèdent des homologues chez l’Homme, suggérant leur conservation au cours de l’évolution des eucaryotes, jusqu’aux humains. Ces protéines immunitaires conservées entre bactéries et humains ont été nommées « immunitaires ancestrales ». EvoCure cherche donc à identifier de nouveaux modules immunitaires ancestraux et à tester leur potentiel thérapeutique contre le cancer et les maladies auto-inflammatoires.

Pour mener à bien ce projet, le consortium réunit des institutions de premier plan et des équipes de recherche aux expertises complémentaires :

  • À l’Institut Curie (Paris), l’équipe du Dr Enzo Poirier, également coordinateur du projet, apporte son expertise en immunité innée, avec un focus particulier sur les applications contre le cancer.
  • À l’Institut Pasteur (Paris), l’équipe du Dr Aude Bernheim contribue par son savoir-faire en microbiologie, génomique et machine learning pour l’analyse de données complexes.
  • Au Centre International de Recherche en Infectiologie (CIRI, Lyon), l’équipe du Dr Lucie Etienne, spécialiste de l’immunité des chauves-souris et des primates, apporte une perspective évolutive sur les systèmes de défense immunitaire. De son côté, l’équipe du Dr François Rousset, expert des mécanismes de défense bactériens, contribue à l’étude des interactions entre microbes et hôtes.
  • À l’Institut de Biologie Moléculaire et Cellulaire (IBMC, Strasbourg), l’équipe du Pr Jean-Luc Imler et du Pr Carine Meignin se spécialise dans l’immunité des insectes, apportant une perspective unique sur l’évolution des systèmes de défense.

Le financement de 3 millions d’euros permettra de soutenir le recrutement de chercheurs spécialisés et d’assurer le bon déroulement des recherches. Une partie des fonds sera également dédiée à la coordination du consortium, assurée par le Dr Inês Pinheiro, coordinatrice de projets scientifiques au sein de l’unité Immunité et cancer (Inserm U932). Son rôle : faciliter les échanges entre les différents partenaires et optimiser l’impact scientifique du projet.
 

Crédit photo ©Adrien Bernheim

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