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21 projets pour lutter contre le COVID-19 voient le jour à l'Institut Curie

30/03/2020
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Le Centre de Recherche et l'Ensemble hospitalier de l'Institut Curie ont mis à disposition experts, soignants, chercheurs pour développer 21 nouveaux projets dans la lutte contre l'épidémie de COVID-19.

Chercheurs

Projets de recherche à objectif diagnostique, vaccinal, thérapeutique et projets de soins contre le COVID-19 et le cancer : focus sur 21 nouveaux projets dans la lutte contre l'épidémie de COVID-19 initiés au sein de notre Centre de recherche et de notre Ensemble hospitalier.

 

Projets de recherche à objectif diagnostique

PROJET 1

 

Développer des tests de sérologie à base d’anticorps recombinants

Franck Perez

PROJET 2

 

DARK-COVID19 : Vers un diagnostic et pronostic sanguin robuste du SRAS-COV2

Antonin Morillon

PROJET 3

 

Développer des tests de détection du SARS-COV-2 à base d’anticorps recombinants

Franck Perez

Projets de recherche à objectif vaccinal

PROJET 4

Etablir une preuve-de-concept sur une nouvelle plateforme vaccinale contre le Covid-19 et les futures infections émergentes

Nicolas Manel

PROJET 5

Développement d’un vecteur de vaccination mucosale contre le Covid-19

Ludger Johannes

Projets de recherche à objectif thérapeutique

PROJET 6

 

Criblage de molécules anti-virales

Marie-Paule Teulade-Fichou

PROJET 7

 

Identifier des molécules actives pour bloquer l’infection cellulaire du Covid-19

Franck Perez

PROJET 8

Rôles anti-SARS-CoV-2 et anti-inflammatoires des flavaglines

Stephan Vagner

PROJET 9

 

Développement de leurres biologiques pour bloquer l’infection par le SRAS-COV2

Clotilde Thery

PROJET 10

Lutter contre le syndrome d’orage de cytokines chez les patients Covid-19

Christophe Lamaze et Raphaël Rodriguez

Projets de recherche fondamentale

PROJET 11

 

Comprendre pourquoi le coronavirus affecte plus sévèrement les personnes âgées et quel est le lien avec le vieillissement du système immunitaire ?

Nicolas Manel

PROJET 12

Etude des mécanismes de réplication de l’ARN viral

Kristine Schauer

PROJET 13

 

COVID-19 Disease Map, une ressource de biologie systémique pour l'étude des interactions hôte-virus

Inna Kuperstein

PROJET 14

Analyser le rôle des organelles cellulaires dans la réplication et la production du SARS-COV-2 (Covid-19)

Bruno Goud

 

 

Projets de soins

 

PROJET 1

Curie-Covlm – Infection COVID 19 des patients atteints par le cancer, quelle   réponse immunitaire ?

Dr Emanuela Romano

PROJET 2

Curie-O-SA – Une bibliothèque de sérums pour évaluer la qualité de la réponse immunitaire contre le COVID 19

Dr Olivier Lantz

PROJET 3

Visionate - Téléconsultation ou visite à l’hôpital, la qualité des soins est-elle la même chez les patientes atteintes de cancer ?

Dr. Delphine Hequet

PROJET 4

NEOTICO – L’infection par le Covid-19 influe-t-elle sur certains traitements contre le cancer du sein ?

Pr Fabien Reyal

PROJET 5

Baro-Cov - Soins non urgents et pandémie, le baromètre patient

Unité transversale d’éducation thérapeutique patient à l’Institut Curie

PROJET 6

SCOPE : Suivi des effets des modifications des prises en charges des patientes ayant un cancer du sein précoce dans le contexte de pandémie COVID-19.

Dr. Delphine Hequet

PROJET 7

BDD-Covid : Registre unique des patients COVID-19 suspectés ou confirmés à l’Institut Curie.

Dr Paul Cottu, Dr Laurence Bozec, Dr Xavier Paoletti

 

Dans le contexte du développement de la pandémie liée au SARS-CoV-2 (Covid-19), plusieurs équipes du Centre de Recherche de l’Institut Curie ont initié des travaux de recherche fondamentale et appliquée, sur leurs fonds propres.

Projets de recherche à objectif diagnostique

  • Développer des tests de dépistages à base d’anticorps, Franck Perez, directeur de recherche CNRS et directeur de l’Unité ‘’Biologie Cellulaire et Cancer’’ - UMR144 (Institut Curie / CNRS / Sorbonne Université)

L’objectif de ce programme collaboratif avec l’Institut Pasteur est de développer des tests de dépistage du coronavirus basés sur l’utilisation d’anticorps spécifiques. Aujourd’hui les tests diagnostiques sont réalisés par RT-PCR. Ils sont relativement couteux, leur mise en œuvre est assez longue, et les réactifs nécessaires sont en risque de pénurie. Ils permettent la détection du virus chez les personnes infectées, mais ne permettent pas d’identifier les personnes qui ont été en contact avec le virus et qui sont immunisées. Afin de répondre à ce besoin, les équipes de la plateforme d’anticorps synthétiques de l’Institut Curie sont en cours de sélection des anticorps pour détecter le coronavirus et des anticorps anti-virus dans le sérum de patients (sérodiagnostic).

Au-delà de l’utilisation diagnostique, des approches thérapeutiques pourront être développées avec pour objectif de bloquer l’entrée des virus dans les cellules.

Projet de recherche collaboratif avec l’Institut Pasteur (équipe de Thierry Rose)

 

  • Un test sanguin pour diagnostiquer le COVID-19, Antonin Morillon, directeur de l’Unité ARN non-codant, épigénétique et fluidité du génome.

Un des piliers de la lutte contre le Covid 19 est de pouvoir identifier les personnes touchées par le virus et celles qui seront les plus susceptibles de générer des complications.

A l’aide de l’intelligence artificielle, le projet de recherche dirigé par Antonin Morillon vise à isoler dans le sang une signature moléculaire caractéristique du SARS-CoV 2 pour développer un test plus précis de détection et de pronostic. D’autre part, son équipe travaille à isoler des marqueurs spécifiques favorables ou défavorables au virus dans le but de mieux comprendre comment l’organisme se défend.

Projet de recherche collaboratif avec l’Institut Pasteur et l’Institut Gustave Roussy.

 

  • Identifier des molécules actives pour bloquer l’infection cellulaire du Covid-19, Franck Perez, directeur de recherche CNRS et directeur de l’Unité ‘’Biologie Cellulaire et Cancer’’ - UMR144 (Institut Curie / CNRS / Sorbonne Université) en lien avec Elaine Del Nery, responsable de la plateforme BioPhenics (Institut Curie)

Le coronavirus se réplique dans les cellules grâce à des protéines qui lui permettent de se lier aux membranes des cellules, d’être maturé, puis de les infecter. Ces protéines présentes à la surface des cellules fonctionnent comme des récepteurs et des activateurs qui permettent au virus de pénétrer dans la cellule. L’infection est ainsi initiée. Des publications récentes montrent que la protéines TMPRSS2 et ACE2 dont des éléments actifs du processus d’infection par le Covid-19. Fort de cette connaissance, le projet de recherche vise à perturber le transport intra-cellulaire de ces protéines pour empêcher les virus de les exploiter. Dans ce but, les chercheurs procéderont sur la plateforme BioPhenics de l’Institut Curie au criblage de molécules qui pourraient être actives afin de bloquer ces protéines essentielles à la pathogenèse ou à empêcher leur expression à la surface des cellules. 

 

Projets de recherche à objectif vaccinal

  • Etablir une preuve-de-concept sur une nouvelle plateforme vaccinale contre le Covid-19 et les futures infections émergentes, Nicolas Manel, directeur de recherche Inserm et chef d’équipe dans l’Unité ‘’Immunité et Cancer’’ U932 (Institut Curie / Inserm / Université de Paris).

La pandémie Covid-19 a révélé la nécessité de nous armer d'un arsenal de vaccins pour pouvoir lutter efficacement et rapidement contre les virus émergents. La principale difficulté que doit surmonter la communauté scientifique dans le développement de vaccins contre le Covid-19, et les futures infections émergentes contre lesquelles nous devront faire face, est de coupler un agent vaccinal à un activateur d’une immunité. Nicolas Manel et son équipe de recherche ont identifié un vaccin VLPs (Virus Like Particles) qui peut être utilisé avec un stimulateur immunitaire (cGAMP). Cette nouvelle combinaison, cGAMP-VLP, constitue une nouvelle plateforme vaccinale, protégée intellectuellement par un brevet Institut Curie-INSERM. Le cGAMP-LP représente une piste de développement prometteuse et les récentes études ont montré que le cGAMP-VLP était efficace contre les virus testés, et contre le cancer. L’objectif du projet de recherche est de tester cette nouvelle combinaison sur le Covid-19. Si les résultats sont positifs, cela représente une piste concrète de développement d’un vaccin contre le Covid-19, et validera une nouvelle plateforme vaccinale pour les futures infections émergentes.

  • Développement d’un vecteur de vaccination mucosale contre le Covid-19, Ludger Johannes, directeur de recherche INSERM et directeur de l’unité “Chimie et Biologie de la Cellule” U1143-UMR3666 (Institut Curie / INSERM / CNRS) en collaboration avec Eric Tartour, chef d’équipe dans l’U970 INSERM

Des dizaines de vaccines prophylactiques sont actuellement en développement pour induire des anticorps neutralisants contre le SARS CoV-2, l’agent étiologique du COVID-19. Cependant, il existe des réserves sur l’efficacité et la longévité de la réponse anticorps contre ce virus, et d’autres stratégies vaccinales seront peut-être nécessaire pour générer une immunité protectrice. En collaboration avec Eric Tartour, l’équipe de Ludger Johannes développe un vecteur, nommé STxB, capable de transporter des antigènes issus de pathogènes comme le SARS CoV-2 vers des cellules professionnelles présentatrices d’antigènes des muqueuses du système respiratoire avec la conséquence d’induire non seulement des anticorps, mais aussi des lymphocytes T cytotoxiques (CD8+) dans les poumons des organismes vaccinés. Le SARS CoV-2 étant un virus respiratoire, cette capacité rare de modulation de l’immunité des voies aériennes nous semble pertinente. Nous formulons l’hypothèse qu’une réponse humorale associée à une réponse lymphocytaire T cytotoxique, dirigée contre des cellules infectées par le SARS CoV-2, renforcerait la protection de sujets qui se retrouveraient mis en contact avec le virus. La mise au point récente de la synthèse chimique du vecteur STxB ouvre des perspectives importantes dans ce contexte. L’objectif de ce projet de recherche est de produire le vecteur STxB dans le but de le lier à des antigènes du SARS CoV-2. En cas de succès, nous rechercherions les soutiens nécessaires pour la mise au point d’un vaccin prophylactique d’une nouvelle génération contre ce virus, combinant la capacité à induire une réponse humorale et des lymphocytes T-CD8.

 

Projets de recherche à objectif thérapeutique

  • Criblage de molécules anti-virales, Marie-Paule Teulade-Fichou, directrice de recherche CNRS et directrice de l’Unité ‘’Chimie et Modélisation pour la Biologie du Cancer’’ - UMR9187/U1196 (Institut Curie / CNRS / Inserm / Université Paris Saclay) en lien avec Marc Lavigne (Institut Pasteur)

Les interactions hôte-virus constituent des cibles de choix pour mettre en œuvre des stratégies antivirales spécifiques. Nous proposons de cibler l'interaction entre la protéine Nsp3 de SARS-CoV2 et l’ARN messager de la cellule infectée (hôte). Cette protéine joue un rôle essentiel dans la formation et l'activité du complexe de réplication/transcription (CRT) du virus. Cette fonction cruciale pour le développement viral dépend de deux domaines uniques chez SARS-CoV (SUD-N et SUD-M). Des résultats préliminaires obtenus par notre consortium suggèrent que le domaine SUD-M se fixe sur des structures secondaires (dites G4) présentes sur les ARNs des cellules infectées et que cette interaction, spécifique des SARS-CoV, contribue à la haute pathogénicité de ces virus. Notre projet vise à étudier en détail l'interaction SARS-CoV SUD-M avec les structures G4 et à mettre au point un criblage haut débit pour identifier des molécules capables d’inhiber cette interaction. Ces molécules devraient avoir un potentiel thérapeutique non seulement contre SARS-CoV et SARS-CoV2 mais aussi contre d'autres variants de SARS-CoV pouvant émerger à l’avenir

Projet de recherche collaboratif avec l’Institut Pasteur (M.Lavigne, H.Munier-Lehman, P.England, S.Petres ) et l’INSERM ( J.-.L Mergny).

 

  • Identifier des molécules actives pour bloquer l’infection cellulaire du Covid-19, Franck Perez, directeur de recherche CNRS et directeur de l’Unité ‘’Biologie Cellulaire et Cancer’’ - UMR144 (Institut Curie / CNRS / Sorbonne Université) en lien avec Raphaël Rodriguez, directeur de recherche CNRS et chef d’équipe dans l’Unité ‘’Chimie et Biologie de la Cellule’’ - UMR3666/U1143 (Institut Curie / CNRS / Inserm)

Des protéases cellulaires sont essentielles pour l’infection par de nombreux virus dont le SARS-Cov-2, responsable de la maladie Covid-19. Les chercheurs de l’Institut Curie sont en cours de mise en oeuvre du criblage à très haut débit de petites molécules dans le cadre d’un partenariat avec une société française de biotechnologie. Les technologies de cette entreprise, alliées à l’expertise en chimie et en biologie cellulaire des chercheurs de l’Institut Curie ouvre des perspectives uniques afin d’avancer, dans une perspective à moyen terme, dans la lutte contre les pandémies virales.

 

  • Rôles anti-SARS-CoV-2 et anti-inflammatoires des flavaglines, Stephan Vagner, directeur de recherche Inserm et directeur de l’Unité « Intégrité du génome, ARN et Cancer Intégrité du génome, ARN et Cancer » IC / CNRS UMR3348 (Institut Curie / Inserm / Université Paris Saclay)

L’effet antiviral du silvestrol, et de ses dérivés de la famille des flavaglines, vis-à-vis de plusieurs coronavirus est bien documenté (Müller et al., Antiviral Res. 2018,). Nos travaux indiquent que les séquences présentes à l’extrémité 5’ de l’ARN viral expliquent cette sensibilité au silvestrol (Boussemart et al., Nature 2014). Nos travaux démontrent également que le silvestrol inhibe de façon sélective la traduction de l’ARNm STAT1, ainsi que la synthèse de plusieurs cytokines inflammatoires et protéines immuno-modulatrices (Cerezo et al., Nat Med 2018). Ceci suggère que le silvestrol pourrait avoir des effets bénéfiques lors de la phase inflammatoire de l’infection. De plus, le récepteur ACE2 du virus est codé par un gène stimulé par l’interféron, et son expression est corrélée à celle de STAT1 (Ziegler et al. Cell, 25 avr 2020). Les flavaglines pourraient donc être efficaces pour inhiber à la fois (i) la synthèse de la RNA-polymerase RNA-dépendante virale, (ii) la synthèse du récepteur cellulaire d’entrée du virus et (iii) la réponse inflammatoire (orage cytokinique).

Nous souhaitons évaluer l’effet des flavaglines sur (i) la traduction de l’ARN SARS-CoV-2 in vitro, (ii) l’expression STAT1-dépendante des cytokines inflammatoires, (iii) l’expression STAT1-dépendante d’ACE2 et, (iii) le titre viral dans des systèmes d’épithelium bronchiques, puis sur des modèles animaux.

Ce projet est réalisé en collaboration avec Gustave Roussy, le laboratoire VirPath (CIRI/INSERM/CNRS/ENS Lyon), l’Université de Strasbourg et le CEA de Fontenay aux Roses.Budget : 25 000 € pour commencer

 

  • Développement de leurres biologiques pour réduire l'infection par le SRAS-CoV-2, Clotilde Théry, directrice de recherche Inserm et chef d’équipe dans l’Unité ‘’Immunité et Cancer’’ U932 (Institut Curie / Inserm / Université de Paris)

Il a été démontré que le SRAS-CoV et le nouveau SRAS-CoV-2 utilisent le récepteur ACE2, exprimé à la surface de diverses cellules épithéliales, comme leur récepteur pour l'infection. La protéine « Spike » (S) à la surface du CoV/CoV-2 se lie à l'ACE2 et, après protéolyse par la protéase de surface TMPRSS2, devient fusogène, permettant ainsi l'entrée du génome viral dans la cellule cible. Ces observations ont fait naître l'idée d'injecter de l'ACE2 recombinant soluble à des patients atteints du SRAS-CoV-2 dans le cadre d'un essai clinique récemment lancé en Chine (#NCT04287686), pour diminuer le processus infectieux. L'ACE2 est une protéine transmembranaire, et nous postulons ici que l'ACE2 présentée à la surface des vésicules membranaires (vésicules extracellulaires, VE, y compris les exosomes, ectosomes, microparticules) pourrait présenter une meilleure stabilité et efficacité en tant que leurre pour se lier au SRAS-CoV-2 et donc détruire l'infectivité virale beaucoup plus efficacement que l'ACE2 soluble. Nous proposons d'isoler les VE et l'ACE2 produites par des cellules en culture, et de quantifier leur capacité respective à diminuer l'infectivité virale in vitro. Si les VE présentent une efficacité significativement accrue in vitro, nous 1) développerons les méthodes pour produire et administrer des VE anti-SRAS-CoV-2 comme médicament thérapeutique, 2) testerons l’effet de médicaments approuvés par la FDA que nous avons récemment identifiés comme augmentant la libération des VE, comme une autre approche thérapeutique pour bloquer l'infection.

Projet de recherche collaboratif avec l’équipe de N Manel (Institut Curie) et l’Institut Pasteur

 

  • Lutter contre le syndrome d’orage de cytokines chez les patients Covid-19, Christophe Lamaze, directeur de recherche Inserm et Raphaël Rodriguez, directeur de recherche CNRS et chefs d’équipe dans l’Unité ‘’Chimie et Biologie de la Cellule’’ - UMR3666/U1143 (Institut Curie / CNRS / Inserm)

Les patients en réanimation atteints de covid-19 sévère souffrent souvent d’un « orage de cytokines » induit par la réponse immunitaire anti-virale. Ce syndrome correspond à un syndrome secondaire de type lymphohistiocytose hémaphagocytaire (sHLH), une maladie rare caractérisée par l’activation excessive des macrophages par l’IFN-γ, une cytokine essentielle du système immunitaire qui active la voie de signalisation JAK/STAT. Le sHLH conduit à la sécrétion exacerbée de plusieurs cytokines chez les patients Covid-19 (Mehta et al, Lancet 2020). Nous avons isolé une petite molécule qui inhibe spécifiquement l'activité de l'interféron gamma (IFN-γ). Le dérivé que nous avons synthétisé est compatible avec la chimie "click" et présente une spécificité d’action et une stabilité encore accrues. Notre projet cherche à synthétiser et à tester de nouveaux analogues structuraux plus puissants et sélectifs. Les molécules seront obtenues à partir du dérivé clickable et nous permettront de sélectionner et caractériser celles dont la structure commune est responsable de la fonction d’inhibition de l’IFN-γ. Des mesures quantitatives fourniront alors une image complète des mécanismes d’interaction de nos composés avec leur cible. Une fois ces étapes franchies, nous disposerons ainsi d’une famille de composés qui présentera un fort potentiel thérapeutique contre le sHLH des patients Covid-19. Le projet sera poursuivi par des études précliniques sur des modèles animaux pour valider l’efficacité thérapeutique de la molécule et l’absence d’effets secondaires.

Projet soutenu par Curie Innov’Booster jusqu’en novembre 2020

*Mehta, P., D.F. McAuley, M. Brown, E. Sanchez, R.S. Tattersall, and J.J. Manson. 2020. COVID-19: consider cytokine storm syndromes and immunosuppression. Lancet. 395:1033-1034.

 

Projets de recherche fondamentale

  • Comprendre pourquoi le coronavirus affecte plus sévèrement les personnes âgées et quel est le lien avec le vieillissement du système immunitaire ? Nicolas Manel, directeur de recherche Inserm et chef d’équipe dans l’Unité ‘’Immunité et Cancer’’ U932 (Institut Curie / Inserm / Université de Paris).

De façon générale, le coronavirus Covid-19 affecte plus sévèrement les patients âgés, comme de nombreux cancers. Aujourd’hui les connaissances scientifiques et médicales ne permettent cependant pas de définir les causes de cette sensibilité. L’objectif du projet est d'étudier l’impact du système immunitaire des personnes âgées sur l’infection pulmonaire par le Covid-19. L’équipe de Nicolas Manel a développé des modèles qui permettent de reproduire les systèmes immunitaires des individus âgés et jeunes. Elle a notamment démontré que les macrophages, cellules clefs du système immunitaire, présentaient des caractéristiques et fonctionnement différents en fonction de l’âge. En particulier,  les macrophages du poumon des individus âgés augmentent fortement l’expression de protéines connues pour favoriser l'infection par les coronavirus.

L’ambition du programme de recherche est d’étudier grâce aux modèles développés :

  • Le fonctionnement des macrophages du poumon des personnes âgées et des facteurs identifiés dans le développement du Covid-19
  • Tester des molécules existantes, médicaments, pour enrayer l’effet des macrophages et ainsi limiter le développement du Covid-19. Développer des traitements efficaces contre le virus.
  • Evaluer le vieillissement du système immunitaire.
  • Identifier de nouvelles molécules, de nouveaux médicaments.

Ce projet apportera des connaissances fondamentales sur le vieillissement du système immunitaire, ce qui important pour notre compréhension du Covid-19 mais aussi de nombreux cancers.

  • Etude des mécanismes de réplication de l’ARN viral, Kristine Schauer, chargée de recherche CNRS dans l’équipe de Bruno Goud au sein de l’Unité ‘’Biologie Cellulaire et Cancer’’ - UMR144 (Institut Curie / CNRS / Sorbonne Université)

Les coronavirus humains, auxquels appartient le SARS-CoV-2, ont besoin pour se répliquer d'une structure intracellulaire spécifique appelée compartiment de réplication virale (CRV). Bien que les CRVs soient indispensables à la réplication des coronavirus, des mécanismes de leur établissement sont encore méconnus. Pour produire ces CRVs, et donc pouvoir se répliquer, les coronavirus, et probablement le SARS-CoV-2, doivent transférer les lipides des organites cellulaires aux CRVs. Nous cherchons à comprendre comment ce transfert est réalisé. Notre projet est basé sur le fait que la formation des CRVs présente une similitude avec un processus au cours duquel la cellule humaine construit un nouvel organite appelée autophagosome. La découverte de ce processus - appelé autophagie - a été récompensée par un prix Nobel en 2016. L'autophagie est un processus très complexe, encore peu compris et dont la dérégulation joue un rôle important dans de nombreuses maladies dont le cancer. Notre objectif est de développer des biocapteurs capables de surveiller le transfert des lipides lors de la formation des autophagosomes ou des CRVs. Ces biocapteurs pourraient également être utilisés pour surveiller l'infection par le SARS-CoV-2 et d'autres virus dans des cellules uniques. De plus, ils pourraient être utilisés pour identifier les médicaments qui interfèrent avec le transport des lipides pour la réplication virale ou pour étudier les changements dans le transport des lipides intracellulaires pendant la progression du cancer.

Le projet vise à révéler de nouveaux aspects de la biologie du SARS-CoV-2 lors de la réplication du virus dans les cellules humaines. En particulier, nous aimerions identifier les protéines hôtes indispensables à la réplication du SARS-CoV-2. Ces connaissances pourraient être utilisées pour interférer avec la réplication virale grâce à une approche thérapeutique dirigée contre l'hôte. Comme nos recherches se concentrent sur l'hôte, notre approche pourrait s’appliquer, à plus long terme, à d'autres virus qui nécessitent la formation de CRVs tels que le VHC, le virus Zika ou encore le virus de la peste porcine africaine.

 

  • COVID-19 Disease Map, une ressource de biologie systémique pour l'étude des interactions hôte-virus, Inna Kuperstein, coordinatrice de projets, équipe Bioinformatique et biologie des systèmes du cancer, U900, Institut Curie

Le projet COVID-19 Disease Map vise à développer un référentiel de connaissances standardisé complet des mécanismes d'interaction entre le virus du SARS-CoV-2 et l'hôte, incluant la phase d’infection, la réplication, les interactions hôte-pathogène, et la réponse immunitaire. Il implique des biologistes informaticiens, des analystes de données, des modélisateurs, des médecins praticiens et des cliniciens qui travaillent ensemble pour améliorer la portée et la qualité des données et de leurs applications. Étant donné la nature multicellulaire de l'infection par COVID-19 et la complexité des mécanismes moléculaires connexes, la carte possédera une structure hiérarchique de modules fonctionnels interconnectés. Elle remplira un double rôle : i) une représentation graphique interactive des mécanismes moléculaires liés à la maladie, reliant de nombreuses bases de connaissances ; ii) une ressource informatique au contenu révisé pour les analyses graphiques et la modélisation des maladies.  Ainsi, elle fournit une plate-forme permettant aux experts du domaine, tels que les cliniciens, les virologistes et les immunologistes, de collaborer avec les spécialistes des données et les biologistes computationnels pour une formulation précise des modèles, une interprétation exacte des données et le repositionnement des médicaments. Cette plate-forme permettra de mieux comprendre les caractéristiques de susceptibilité de l'hôte, la progression de la maladie, les mécanismes de défense et la réponse au traitement. Enfin, elle pourra être utilisé pour étudier les comorbidités.

  • Analyser le rôle des organelles cellulaires dans la réplication et la production du SARS-COV-2 (Covid-19), Bruno Goud, directeur de recherche CNRS, Renata Basto, directrice de recherche CNRS, Franck Perez, directeur de recherche CNRS (chefs d’équipes au sein de l’Unité ‘’Biologie Cellulaire et Cancer’’ - UMR144 (Institut Curie / CNRS / Sorbonne Université)) et Claire Hivroz, directrice de recherche Inserm et chef d’équipe dans l’Unité ‘’Immunité et Cancer’’ U932 (Institut Curie / Inserm / Université de Paris)

Comme la plupart des pathogènes, les coronavirus détournent à leur profit la machinerie cellulaire des cellules infectées pour se répliquer et se reproduire. L’ « interactome » (carte des interactions potentielles entre les protéines virales et les protéines cellulaires) a récemment été publié par une équipe américaine de l’Université de San Francisco (Gordon et al, bioRxiv, Nature, sous presse). Un grand nombre des protéines identifiées sont impliquées dans les processus de trafic membranaire et le maintien de l’homéostasie des organelles (réticulum endoplasmique, appareil de Golgi, centrosome,..). L’objectif du projet est de valider dans un premier temps certaines de ces interactions par des approches de biologie cellulaire et moléculaire. Nous étudierons dans un deuxième temps comment les protéines virales modifient le fonctionnement normal des  protéines cellulaires et/ou des organelles avec lesquelles elles interagissent. Seront aussi testées sur la réplication et la production du Covid-19, les drogues déjà connues pour perturber le fonctionnement des protéines ciblées par le virus.

Ce projet pourrait permettre à terme de proposer de nouvelles approches thérapeutiques pour bloquer l’infection virale.

Projet de recherche impliquant trois équipes de l’unité « Biologie Cellulaire et Cancer » (UMR 144) et une équipe de l’unité « Immunité et Cancer » (U932) en collaboration l’équipe d’Alenka Copic à l’Institut Jacques Monod (Paris) et celle de Bruno Antonny à l’Institut de Pharmacologie Moléculaire et Cellulaire (Valbonne)

Projets de soins contre le COVID-19 et le Cancer

 

Dans le contexte du développement de la pandémie liée au SARS-CoV-2 (Covid-19), plusieurs équipes de l'Ensemble hospitalier de l’Institut Curie ont initié des travaux.

PROJET 1

 

Curie-Covlm – Infection COVID 19 des patients atteints par le cancer, quelle   réponse immunitaire ?

Dr Emanuela Romano

PROJET 2

 

Curie-O-SA – Une bibliothèque de sérums pour évaluer la qualité de la réponse immunitaire contre le COVID 19

Dr Olivier Lantz

PROJET 3

 

Visionate - Téléconsultation ou visite à l’hôpital, la qualité des soins est-elle la même chez les patientes atteintes de cancer ?

Dr. Delphine Hequet

PROJET 4

NEOTICO – L’infection par le Covid-19 influe-t-elle sur certains traitements contre le cancer du sein ?

Pr Fabien Reyal

PROJET 5

 

Baro-Cov - Soins non urgents et pandémie, le baromètre patient

Dr Evelyne Renault-Tessier

PROJET 6

 

SCOPE : Suivi des effets des modifications des prises en charges des patientes ayant un cancer du sein précoce dans le contexte de pandémie COVID-19.

Dr. Delphine Hequet

PROJET 7

 

BDD-Covid : Registre unique des patients COVID-19 suspectés ou confirmés à l’Institut Curie.

Dr Paul Cottu

Dr Laurence Bozec

Dr Xavier Paoletti

  • Curie-Covlm – Infection COVID 19 des patients atteints par le cancer, quelle réponse immunitaire ?

Dr Emanuela Romano, directrice médicale du Centre d'immunothérapie des cancers de l'Institut Curie

La réponse immunitaire à l’infection par le SARS-CoV-2 demeure jusqu’ici peu connue, et l’est encore moins chez les patients traités pour un cancer. Ce projet vise à identifier les mécanismes immunitaires en jeu lorsque ces deux processus sont contraints de cohabiter.

La documentation de la réponse immune des patients au cours du temps devrait permettre l’adaptation des traitements oncologiques (notamment chez les patients présentant une sérologie SARS-Cov2 positive), l’identification des facteurs pronostiques et une meilleure compréhension de l’influence des thérapies oncologiques sur la réponse immunitaire à l’infection.

Par ailleurs, le Dr Emanuela Romano, directrice médicale du Centre d’immunothérapie des cancers de l’Institut Curie, pilote pour l'ESMO le projet collaboratif international CoCARE. Ce registre a pour objectif de recueillir données et informations auprès des professionnels de santé sur l’impact des traitements anticancéreux chez les patients cancéreux suspectés ou confirmés Covid-19+. En savoir plus.

 

  • Curie-O-SA – Une bibliothèque de sérums pour évaluer la qualité de la réponse immunitaire contre le COVID 19

Dr. Olivier Lantz, chef de l’Equipe lymphocytes T CD4, lymphocytes innés et cancer, Institut Curie

Etant donné le caractère récent de la maladie COVID 19, la spécificité, la nature et la cinétique des anticorps générés au cours de l'infection par le virus  sont encore mal connues. D’autre part, malgré l’existence de plusieurs tests de dépistage, il existe des difficultés techniques de détection de ces anticorps.

Le projet Curie-O-SA cherche à constituer une sérothèque prospective (une bibliothèque de sérums) permettant l’étude de la prévalence et de la qualité de la réponse immune sérologique dirigée contre le virus SARS-CoV-2 dans une population de volontaires actifs. Il permettra ainsi de comparer les différentes techniques de détection des anticorps, d’identifier la nature des anticorps et d’étudier leur évolution.

 

  • Visionate - Téléconsultation ou visite à l’hôpital, la qualité des soins est-elle la même chez les patientes atteintes de cancer ?

Dr. Delphine Hequet, Service de chirurgie oncologique gynécologique et sénologique, Institut Curie

À l'Institut Curie, plus de 30 000 consultations hospitalières de femmes traitées pour un cancer du sein ont lieu chaque année. Une proportion importante sont des visites de suivi post-traitement. Dans le contexte de l’épidémie de SARS-CoV-2, la télé-consultation a été rapidement déployée pour éviter la contamination croisée des patients et des professionnels de santé. Or, cette nouvelle pratique n’a jamais été évaluée.

L’analyse du suivi des patientes atteintes d'un cancer du sein sous traitement hormonal (soit 60% des visites), en terme de qualité des soins, de respect du traitement hormonal et de qualité du lien entre médecin et patient, permettra de mesurer si les deux modes de suivi, télé-consultation ou visite à l’hôpital sont, équivalents.

 

  • NEOTICO – L’infection par le Covid-19 influe-t-elle sur certains traitements contre le cancer du sein ?

Pr Fabien Reyal, chef de Service de chirurgie gynécologique sénologique et reconstructrice à l’Institut Curie et chef de l’unité Résidu tumoral et réponse au traitement

Plusieurs études récentes ont démontré l’importance des TILs (les Lymphocytes Infiltrant les Tumeurs) dans le contrôle de l’évolution de plusieurs types de cancer. Pour le cancer du sein, il existe une forte interaction entre la présence de TILs et le taux de réponse des tissus après chimiothérapie néo-adjuvante.

Lors d’une infection par le COVID-19, le système immunitaire est très fortement mobilisé. Dans ce contexte, le projet de recherche NEOTICO a pour objectif de définir les conséquences, chez des patientes atteintes de cancer du sein et traitées par chimiothérapie néoadjuvante, d’une exposition potentielle au SARS-CoV 2 sur l’action de ces TILs, avant et après traitement.

 

  • Baro-Cov - Soins non urgents et pandémie, le baromètre patient

Dr Evelyne Renault-Tessier, Unité transversale d’éducation thérapeutique patient à l’Institut Curie

Le crise du coronavirus amène une réorganisation brutale (quelques semaines) et totalement orientée de la prise en charge de nombreux patients graves vers un modèle de médecine humanitaire, communautaire, de catastrophe. Les soins « non urgents » sont déprogrammés.

Les objectifs de cette étude sont de :

  • Dépister et évaluer les problématiques occasionnées par la gestion de crise.
  • Rassembler de l’info patient et la faire remonter pour ajuster des choix.
  • Améliorer la communication d’information en temps de crise vers les patients vulnérables.
  • Améliorer le vécu des patients.

 

  • SCOPE : Suivi des effets des modifications des prises en charges des patientes ayant un cancer du sein précoce dans le contexte de pandémie COVID-19.

Dr. Delphine Hequet, Service de chirurgie oncologique gynécologique et sénologique, Institut Curie

La prise en charge des cancers du sein est très standardisée.

La pandémie COVID-19 a imposé des changements dans le diagnostic et la prise en charge des patientes atteintes de cancer du sein précoce et une modification majeure des pratiques de soins habituelles a été initiée dès début mars 2020.

Les objectifs de cette étude sont de :

  • Mesurer l’impact des changements de pratique en cours de pandémie en cas de cancer du sein précoce.
  • Mesurer l’impact du report de dépistage à la sortie de la crise sanitaire en France.

 

  • BDD-Covid : Registre unique des patients COVID-19 suspectés ou confirmés à l’Institut Curie.

Dr Paul Cottu, chef adjoint du Département d’oncologie médicale à l’Institut Curie, Dr Laurence Bozec, Département d’oncologie médicale à l’Institut Curie et Dr Xavier Paoletti, équipe Méthode statistiques pour la médecine personnalisée, Institut Curie

La prise en charge oncologique des patients est directement impactée par leur statut SARS-CoV-2. Différents départements sur les trois sites de l’Institut Curie ont mis en place des fichiers séparés pour identifier et suivre les patients suspectés COVID-19 : un registre unique et exhaustif est nécessaire.

Les objectifs de cette étude sont de disposer d’une base, commune à tous les médecins sur les 3 sites de l’Institut Curie, des patients suspectés ou confirmés COVID-19 quel que soit le département (consultable par tous, restriction en écriture) qui permettra de :

  • Les identifier et de connaître les éléments suspects (symptômes, imagerie, tests etc.).
  • Savoir où ils sont pris en charge.
  • Tracer les possibles modifications de leur prise en charge oncologique et infectieuse.
  • Suivre leur évolution.
  • Effectuer des recherches secondaires.